Cannes, Sophia et Grasse, nouveau triangle de l’industrie spatiale du Sud
Les 3èmes Rencontres du Spatial en région Sud au Cineum de Cannes La Bocca ont mis en lumière le nouveau triangle montant de l’industrie spatiale. Cannes avec Thales Alenia Space et ses sous-traitants, Sophia Antipolis avec la puissance du numérique et de l’IA, Grasse avec l'ex CERGA forment une trilogie complémentaire dans un secteur où le new space redistribue les cartes. A la clé, une montée en puissance du spatial sur le territoire.
Cannes, Sophia Antipolis et Grasse, nouveau triangle montant de l’industrie spatiale de la Région Sud ? La 3ème édition des Rencontres du Spatial en région Sud, hier jeudi au Cinéum de Cannes La Bocca, montre que les trois agglomérations de la métropole douce “Cap Azur” (Cannes Lérins, CASA et Pays de Grasse) forment une trilogie complémentaire dans un secteur où le new space rebat les cartes et où le digital, avec l’IA, occupe une part de plus en plus prépondérante. (Photo DR : les participants de ces 3èmes rencontres avec, au premier rang, les élus de Cap Azur et les représentants du secteur spatial).
Plus de 300 experts, investisseurs et entrepreneurs de la Région Sud réunis
La première rencontre du spatial, organisée il y a deux ans chez ACRI-ST à Grasse, avait déjà cristallisé les énergies de Cap Azur autour de ce secteur. L’an dernier, à Grasse également, la mobilisation était montée d’un cran. Cette année, dans la grande salle du Cineum cannois, la 3ème édition a poussé encore plus loin et a réuni plus de 300 experts, investisseurs et entrepreneurs de la Région Sud, autour d’une présentation des dernières innovations et projets spatiaux. Portée par l’Agglomération Cannes Lérins et le Pôle SAFE, ces 3èmes Rencontres ont aussi permis de reconnaître les forces existantes et d’affirmer la volonté de structurer durablement la filière spatiale sur le territoire pour la création d’emplois d’avenir.
Cannes : un rôle historique et central
Cannes, avec le siège, les salles blanches et les sous-traitants de Thales Alenia Space, joue dans ce domaine un rôle historique et central. C’est ce qu’a rappelé David Lisnard, président de Cannes Lérins. “La conquête des airs et de l’espace est historiquement liée à notre bassin de vie avec la création en 1929 des Chantiers aéronavals Etienne Romano, puis le développement des usines de l’aérospatial, et enfin l’installation en 2007 du siège de Thales Alenia Space, premier employeur privé des Alpes-Maritimes.” La ville est également engagée dans l’accueil d’ActInSpace, et a organisé à cette occasion le plus grand hackathon de l’espace au monde.
Sophia Antipolis : la puissance du numérique et de l'IA
Mais Sophia Antipolis apporte au spatial sa puissance technologique. Elle est de plus en plus importante pour le transport et le traitement des données satellitaires. Quelques exemples ont été donnés. La startup PearCode, spécialisée dans le stockage de données sur ADN synthétique, a développé une technologie innovante au fort potentiel spatial. Elle apporte en effet un support très compact qui pourrait dans un seul gramme contenir les données de plusieurs data center. Une compacité qui est un atout clé quand on souhaite adresser l'espace. Tekceleo avec ses moteurs piézo-électriques et Spartan Space avec ses scaphandres intra-véhiculaires, ou encore la solution d'environnement 3D Lux Carta, pour le volet applicatif apportent aussi des solutions audacieuses et prometteuses. D’autre part, la collaboration entre le CNES et l’INRIA en 2024, axée sur les satellites du futur et l’IA embarquée, a conforté ce positionnement d’excellence de la technopole.
Grasse : une filière spatiale de haut niveau
Quant à Grasse, la commune a apporté le CERGA (Centre de recherches en géodynamique et astrométrie), ancienne unité du Centre national de la recherche scientifique qui a été reprise et réaménagée entièrement par ACRI ST. Avec cette entreprise et d’autres sociétés innovantes comme Avantis, Qairbon, Cytech, Effiblue, EMM Industrie, Lab’Stories, LuxCarta, Savimex…, le Pays de Grasse, connu pour l’industrie du parfum, a réussi à ancrer une filière spatiale de très haut niveau, complémentaire aux deux autres agglomérations.
Le projet ASCEND d'une mise en orbite de data centers
Si l’on considère l’ensemble de la Région Sud, c’est au total, un socle de 130 acteurs et/ou technologies clés qui a été identifié lors d'une étude menée par SAFE et financée par la Région, rappelle Loïc Chanvillard, représentant du volet “espace” du pôle. Tout un écosystème spatial régional qui a pu également se structurer autour de grands projets collaboratifs, comme ASCEND, piloté par Thales Alenia Space. Ce projet, mené en partenariat avec des acteurs européens majeurs tels qu’Orange Business et Ariane Group, explore la mise en orbite de data centers pour répondre aux objectifs de neutralité carbone. Avec un potentiel de 1 gigawatt de capacité dans l’espace d’ici 2050, ASCEND montrent comment l’industrie spatiale et le numérique, en convergeant, peuvent relever des défis globaux et garantir la compétitivité européenne face à la domination américaine. Très futuriste, c’est ce projet, lié à la souveraineté numérique, qui était au coeur de l’une des tables rondes des rencontres.