Regard sur l'éducation : comment mieux apprendre
Comment apprendre mieux en travaillant moins ? Dans leur chronique hebdomadaire, "Regard franco-américain sur l'éduction", Sandrine et Maxime Crener proposent cinq techniques qui permettent à un élève de gagner du temps et d'obtenir de bons résultats scolaires. Deux d'entre elles avaient été détaillées la semaine dernière. Voici les trois autres : attention au "par cœur", la dissertation par étape et l'environnement de travail. Bon à savoir.
Sous le titre "Comment mieux apprendre : travailler mieux mais moins !" Sandrine et Maxime Crener avaient commencé la semaine dernière la présentation de cinq techniques de travail utilisées par les lycéens pour renforcer et améliorer leur façon d’étudier tout en gagnant plus de temps libre. Le premier volet traitait des deux premières techniques : la façon de s'organiser et la prise de notes efficace. Dans ce second et dernier volet, ils présentent les trois autres techniques essentielles pour un travail scolaire optimisé. Voici leur texte.
Comment mieux apprendre : travailler mieux mais moins !
3) Attention au par cœur
Selon certains auteurs américains relire et relire ses leçons et les répéter en silence pour soi-même jusqu’ au par cœur n’est peut-être pas la meilleure façon d’apprendre. Pourtant c’est une méthode très répandue parmi les étudiants et de surcroit elle accapare beaucoup de temps pour des résultats souvent pas très efficients. Par contraste si vous faites un effort, un peu théâtral certes, de vous expliquer à vous-même et à voix haute le contenu de la lecture comme si vous étiez en train de donner un cours imaginaire il est certain que vos résultats seront bien meilleurs.
Ainsi si vous arrivez à expliquer entièrement un concept avec des phrases articulées vous pouvez être sûr d’au moins deux choses : d’une part vous l’avez compris et d’autre part vous ne l’oublierez pas ! Certes l’effort mental à faire est plus important mais il vous servira davantage. Ainsi pour les différentes matières qui ne sont pas reliées aux mathématiques appliquez la technique QEC (question/évidence/conclusion) analysée la semaine dernière, et essayez de traiter à voix haute la conclusion et les évidences qui les relient à la question.
Ceci doit être fait en articulant les phrases comme si vous étiez le professeur et peu à peu les concepts apparaîtront clairement. Surtout il ne faut pas hésiter à refaire l’exercice plusieurs fois à voix haute, car c’est en parlant que votre mémoire va plus facilement retenir la leçon. Pour appliquer cette méthode aux mathématiques il faut d’abord essayer de recréer les étapes du problème et la réponse finale ainsi que les explications que vous aviez retenues et après refaites cet exercice à voix haute comme pour les sujets non quantitatifs.
Ne regardez surtout pas vos notes au départ et essayez de vous concentrer sur le processus et pensez que vous êtes au tableau en train de le présenter à vos camarades : c’est plus difficile mais si vous le faites bien vous êtes assuré de l’avoir compris et ainsi vous pourrez bien répondre aux prochaines interrogations!
4) Planifier d’écrire sa dissertation en 3 séances d’1 heure réparties sur au moins 3 jours
Les élèves du lycée n’aiment pas écrire des compositions ou des dissertations, c’est un exercice qu’ils font toujours à la dernière minute malgré le temps disponible donné au départ par le professeur et qui est souvent de trois semaines ou un mois. Il y a un certain paradoxe dans cette attitude car écrire et préparer un travail à la maison est plus facile que faire une révision importante pour un examen équivalent. Une raison plausible à ce paradoxe peut être le fait que l’élève attend toujours la dernière minute pour écrire et faire son travail, il ne commence à le faire souvent que la veille pour le remettre le lendemain sachant pertinemment qu’il avait un mois pour le faire !
D’ailleurs c’est pour cette raison que l’étudiant déteste les grands devoirs ou compositions à la maison non parce qu’ils sont plus difficiles mais surtout parce qu’il y a cette contrainte de temps qu’il gère très mal. Afin d’améliorer vos notes dans cet exercice nous vous suggérons une méthode efficace en trois étapes d’une durée moyenne d’une heure et étalées sur une période d’au moins 3 jours.
Ainsi le premier jour de travail va consister à faire de la recherche sur le sujet à étudier : vous révisez vos notes, vous lisez une partie d’un ouvrage sur le sujet, etc…, et vous formulez par écrit un premier plan de travail. Laissez murir quelques heures en pensant à autre chose et en fin de soirée relisez votre plan et essayez de l’amender et l’enrichir. Cette étape est importante et peut faire la différence sur le résultat final.
Le deuxième jour va consister à nourrir le plan en écrivant les différentes parties sous forme de brouillon, il faut se forcer à trouver un titre ou une phrase pour chacune des sous-parties et construire ainsi un argumentaire structuré. Après ce travail laissez passer quelques jours pour entamer la troisième étape qui est celle de l’édition ou révision. Ici nous recommandons deux temps ; le premier consiste à faire les différentes corrections de style et d’orthographe ainsi qu’une lecture attentive pour une vérification des articulations et transitions de votre rédaction. Votre ordinateur vous aidera certainement dans cette première phase.
Dès que vous avez fini nous vous conseillons d’imprimer votre travail et de le lire à voix haute ce qui va vous aider à l’améliorer car vous allez découvrir encore quelques erreurs et de possibles perfectionnements. Il faut faire cet exercice oral qui vous conduira à rendre une copie finale d’une qualité supérieure, la relecture silencieuse ne vous apportera pas les mêmes avantages, cette deuxième phase essentielle vous fera gagner des points ! Pour conclure, éviter le marathon d’un travail fait à la dernière minute le jour avant la date de remise : votre pire ennemi c’est la procrastination !
Ainsi savoir prendre des notes pertinentes, mieux étudier et savoir écrire un bon devoir sont des atouts appropriés pour l’obtention de meilleurs résultats vous permettant de choisir plus tard de bonnes études supérieures. A chacun ensuite d’affiner cette méthode selon ses préférences.
Cependant la trame évoquée ici reste valable et posez-vous les questions suivantes afin mieux réussir la prochaine fois : quelle préparation pour le travail m’a aidé ? Qu’est-ce que j’ai fait ou pas fait qui aurait amené une différence majeure ? Comment vais-je mieux me préparer pour le prochain devoir ?
Au fait réfléchir pendant 10 minutes à ces trois types de question va améliorer encore vos méthodes de travail pour votre prochaine échéance.
5) Contrôler l’environnement de travail afin d’éviter les distractions
Un dernier point qui nous semble pertinent à évoquer pour conclure ces recommandations est l’environnement propice pour mieux apprendre. Si vous êtes attentif au quand, où et combien de temps vous étudiez vous pouvez être sûr que finalement vous passerez moins de temps et obtiendrez de meilleurs résultats. Voici les quelques règles élémentaires à mettre en œuvre:
Travailler dans un endroit isolé (bibliothèque etc…) et quand cela est possible faites le maximum de travail à l’école
Travailler par tranche de 50 mn et prenez chaque fois un repos de 10 mn
Eviter les interruptions intempestives (téléphone portable) afin de rester focalisé sur votre travail, le mieux est de se déconnecter de SMS, Facebook etc… pendant ces 50 mn pour pouvoir se concentrer sur le travail
Maintenir votre énergie à un bon niveau par une alimentation saine
En fait, des études montrent que faire des devoirs tout en répondant à ses mails, sms ou messages sur réseaux sociaux, va plus que doubler le temps de travail nécessaire pour effectuer une même tâche.
Cela vaut le coup d’essayer !
Bon courage
- Voir le premier volet : Cinq techniques pour apprendre mieux en travaillant moins
- Voir les autres articles de la chronique "Regard franco-américain sur l'éducation : Tag Regard education
Sandrine et Maxime Crener
Sandrine et Maxime Crener : l'axe Boston-Côte d'AzurMaxime Crener a dirigé le Ceram à Sophia et développé l'Université Internationale de Monaco. Son épouse, Sandrine, est Research Associate à la Harvard Business School. Tous deux, installés depuis cinq ans à Boston, ont gardé un pied sur la Côte d'Azur. Ils sont aussi souvent appelés par des amis azuréens ou monégasques inquiets pour l'avenir de leurs enfants. D'où l'idée de cette rubrique hebdomadaire sur les problèmes actuels de l'éducation avec un point de vue posé des deux côtés de l'Atlantique. |