Nice-Matin : la SCIC et Robert Namias désormais à la barre!
La nouvelle "Une" parue le 2 décembre 2014 et qui ouvre la nouvelle page du groupe ? Les prochaines évolutions du journal ? La reprise par les salariés ? La pérennité du titre peut-elle être assurée ? Invité du Club de la Presse Méditerranée, le nouveau patron de Nice-Matin (à gauche sur la photo avec Denis Carreaux, directeur des rédactions délégué) a répondu aux questions des journalistes. Sans langue de bois.
"Voici entre vos mains le premier numéro d'un Nice-Matin qui ouvre aujourd'hui une nouvelle page de son histoire". Le premier numéro du quotidien régional, daté du mardi 2 décembre 2014, restera comme un "collector". C'est le premier journal publié par la SCIC, la Société coopérative d'intérêt collectif des salariés qui a pris le relais du groupe GHM, suite au choix du repreneur opéré par le tribunal de commerce de Nice le 7 novembre dernier. Invité mardi par le Club de la Presse Méditerranée et son président Paul Barelli, Robert Namias, le nouveau Pdg et directeur des rédactions du groupe, accompagné de Denis Carreaux, directeur des rédactions délégué, a répondu sans langue de bois aux questions des journalistes sur cette nouvelle page qui s'ouvre.
La nouvelle "Une" ? C'est la "signature" de la nouvelle équipe aux commandes. Il s'agissait de marquer sa prise en main au 1er décembre. "Cette "Une" revisitée répond à quelques critiques comme celles d'un manque de clarté ou d'élégance," note Robert Namias. "Désormais, la "Une" est plus claire, plus esthétique, plus élégante. Le logo Nice-Matin se détache nettement en tête de page et n'est plus enfoui. Nous avons aussi un titre de "Une" fort, associé à une grande photo centrale. Le principe, c'est un logo détaché, un titre fort et une photo centrale, une colonne de titres sur le côté gauche."
Comment le journal va-t-il évoluer ? "Il va continuer à évoluer dans les semaines qui viennent. Mais si nous voulons nous ouvrir plus à l'information nationale et internationale (nous avons repris l'abonnement AFP que GHM avait abandonné il y a cinq ans), l'évolution ne se fera pas dans le sens d'un parisianisme à vocation nationale. Nous allons comme pour la "Une" apporter plus de clarté dans la mise en page de l'ensemble du journal. Nous comptons d'autre part nous renforcer dans les enquêtes de terrain locales et régionales en gardant "l'ancrage local et régional" qui est la marque de la PQR. Nous allons également réintroduire un éditorial avec 7 personnalités référentes pour chaque jour de la semaine. Tout cela se fera progressivement en respectant l'identité de Nice-Matin.
La reprise par les salariés ? D'entrée, Robert Namias ne l'a pas caché : peu de personnes croient au succès de la SCIC. Une coopérative pour une entreprise de 1.000 salariés, cela n'existe pour l'instant nulle part. Lui, c'est la moindre des choses, croit au succès. Il s'en explique. "J'ai vu la dégradation des systèmes d'actionnariat dans la presse suite aux phénomènes que l'on connaît : baisse de la publicité, crise économique, diversification des moyens d'information. Les financiers avaient pris le pouvoir sur les journalistes et c'est aujourd'hui un échec. Avec la SCIC, les actionnaires sont désormais les salariés. On retrouve d'ailleurs une tradition de la presse avec un patron qui est un journaliste."
Bernard Tapie? "Il y a un an et demi, quand Bernard Tapie avait repris les actifs de GHM avec Philippe Hersant, il avait avancé mon nom pour la direction de Nice-Matin. Cela ne s'est pas fait. Mais quand le Tribunal de commerce a souligné le problème de gouvernance que la SCIC avait à régler, cette dernière m'a appelé. Quant à Bernard Tapie, qui s'était positionné sur Nice-Matin à travers "La Provence", il n'a aucune part dans la SCIC. Il a racheté pour 4 M€ les 50% de parts de Corse-Matin qui lui manquait et a prêté 4 M€ à court terme (un an), gagés sur les murs d'agences que Nice-Matin possède en propre. Ces 4 M€, nous comptons lui rembourser avant un an en vendant des agences (nous louerons d'autres locaux peut-être mieux adaptés). Bernard Tapie a donc été un élément favorisant la reprise, mais aujourd'hui il n'est impliqué en rien dans la gouvernance du groupe Nice-Matin."
Comment assurer la pérennité de la société ? "Nice-Matin manque de liquidités. C'est ce qui a été la cause de ses problèmes. Mais le groupe dispose d'un beau patrimoine, notamment immobilier. Comme je le disais, nous allons vendre des agences. Mais le siège niçois est surdimensionné et nous pouvons louer une partie des locaux à d'autres entreprises sans pour autant gêner notre travail. Nous disposons également de plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés de droit à bâtir tout autour du siège, au cœur même d'une éco-vallée en plein développement. Nous comptons aussi apporter une gestion rigoureuse suivant le principe de ne pas dépenser plus que l'on ne gagne. Enfin nous pouvons avoir d'autres investisseurs."
Le calendrier d'un retour à l'équilibre ? "Nous avons déjà commencer à travailler à la remise sur pied après les années de mauvaise gestion et la période déstabilisante de redressement judiciaire. Nous prévoyons un retour au "petit équilibre" dès maintenant et un retour à l'équilibre en 2017. Mais avec une gestion rigoureuse, de nouveaux investisseurs, la rentabilisation des actifs et la vente d'une partie de l'immobilier, je ne doute pas de pouvoir établir la pérennité du groupe d'ici trois ans. Et pour longtemps."
De gauche à droite : Denis Carreaux, Paul Barelli, président du Club de la Presse Méditerranée 06, et Robert Namias, lors du déjeuner du CPM06 au restaurant Le Grand Balcon à Nice.