Regard franco-américain sur les étudiants internationaux
Ce qui frappe aujourd'hui dans l'internalisation de l'enseignement supérieur, c'est son ampleur. Dans leur chronique de la semaine intitulée "Les étudiants internationaux: la réalité franco-américaine", Sandrine et Maxime Crener se sont intéressés à ce phénomène.
Maxime Crener a dirigé le Ceram à Sophia et développé l'Université Internationale de Monaco. Son épouse, Sandrine, est Research Associate à la Harvard Business School. Tous deux, installés depuis cinq ans à Boston, ont gardé un pied sur la Côte d'Azur. Ils sont aussi souvent appelés par des amis azuréens ou monégasques inquiets pour l'avenir de leurs enfants. D'où l'idée de cette rubrique hebdomadaire sur les problèmes actuels de l'éducation avec un point de vue posé des deux côtés de l'Atlantique. Cette semaine ils se sont intéressés aux étudiants internationaux en s'attachant à la réalité franco-américaine.
Un sujet d'actualité. Le Figaro relevait hier mercredi, à partir d'une étude menée par l’institut BVA pour Campus France, qu'il s'agissait d'une véritable manne : ils rapportent 1,6 milliards d'euros net par an à la France. Voici leur texte.
"Les étudiants internationaux: la réalité franco-américaine"
"L’internationalisation de l’enseignement supérieur n’est pas un nouveau phénomène mais ce qui frappe en 2014 c’est son ampleur. La mobilité internationale regroupe environ 4 millions d’étudiants: les Chinois, Indiens et Sud-Coréens sont les plus nombreux à étudier en dehors de leurs frontières et les Etats-Unis attirent le plus grand nombre d’étudiants étrangers malgré le cout très élevé des études (35% seulement des étudiants étrangers ont une bourse). Selon le Ministère de l’Education Nationale Française, (MENESR, Repères et Références Statistiques, Septembre 2014), la France a accueilli en 2013-14 295.084 étudiants étrangers parmi lesquels 217.926 (74 %) sont inscrits à l’université. Selon le rapport tout récent « Open Doors » de l’Institute of International Education (Novembre 2014) ils sont trois fois plus nombreux à étudier aux Etats-Unis : 886.052 dont 105.997 en stage de longue durée en entreprise ou en organisation.
A partir des données fournies par ces deux rapports forts intéressants nous avons constitué quelques tableaux comparatifs.
Tableau 1 : Origine des étudiants étrangers aux Etats-Unis et champs disciplinaires choisis
[*STEM=Sciences, Technologie, Ingénierie, Mathématiques]
Remarquons que ces 15 pays représentent 75% de la population totale des étudiants étrangers aux Etats-Unis et que presque 60% choisissent les filières STEM et Business-Management. On peut noter également que 290.000 étudiants américains ont choisi d’étudier à l’étranger mais très souvent (60%). pour une période courte de 8 semaines et que 6% seulement de ces étudiants viennent en France.
Tableau 2: Origine des étudiants étrangers en France* et champs disciplinaires choisis
*Inscrits en Université, **32%des étudiants étrangers universitaires en France sont inscrits en Droit/Sc Eco.et 32% en Lettres/Sc. Humaines
Les dix pays du Tableau 2 représentent 143.219 étudiants soit 49% du total. Sur les 295.084 étudiants étrangers présents en France, 42% viennent du continent africain, dont plus de la moitié du Maghreb, mais ils représentent près d’un étudiant sur deux en université. Ils sont suivis des étudiants asiatiques (20.8%) et européens (24.5%), les étudiants nord-américains (USA et Canada) constituant 8.5% des étudiants étrangers. Au total, les étudiants étrangers représentent 12% du total des étudiants en France. On peut noter également que 64% des étudiants étrangers en France sont inscrits dans les filières Droit, Sc. Eco. et Lettres Sc. Humaines. Malheureusement les statistiques françaises disponibles ne sont pas précises sur le nombre d’étudiants inscrits en Sciences puisque la donnée brute accessible de 57.635 comprend ‘Sciences et STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives)’. Par contre on doit ajouter aux étudiants inscrits en Université les élèves des CPGE (3090), les étudiants en Ecoles de Commerce et de Gestion (21833) et d’Ingénieur (18521). Le dernier tableau (3) permet de voir la répartition par cycle d’études dans les deux pays.
Tableau 3 : Répartition par niveau d’études
Une dernière remarque concerne l’impact économique de cette mobilité. Selon le rapport « Open Doors » :
1) Les étudiants étrangers et leurs familles créent ou supportent la création de 340.000 emplois aux USA
2) Pour chaque 7 étudiants inscrits 3 emplois sont créés
3) La contribution nette a l’économie américaine par les étudiants étrangers et leurs familles s’élève à 27 millards de dollars ! (+ - le budget de l’enseignement supérieur en France)"
Sandrine et Maxime Crener
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