Reprise de Nice-Matin : les salariés l'emportent!
Le Tribunal de Commerce de Nice a retenu la SCIC (Société Coopérative d'Intérêt Collectif) des salariés avec Robert Namias comme futur Pdg, pour la reprise du groupe Nice-Matin en redressement judiciaire depuis mai. Soutenu par Bernard Tapie, ce projet était le mieux-disant social (159 départs volontaires déjà négociés), face à ceux de deux autres candidats: le consortium Rossel-Marzocco-Safa, grand favori du départ (376 suppressions de postes), et Georges Ghosn (239 départs).
La surprise pour certains : alors qu'au départ, le trio Rossel-Marzocco-Safa était donné comme grand favori, c'est le projet de SCIC (Société coopérative d'intérêt collectif) qui a été retenu ce vendredi matin par le Tribunal de commerce de Nice pour la reprise du groupe Nice-Matin en règlement judiciaire depuis mai dernier. Si le délibéré du tribunal n'était pas encore notifié ce matin, c'est sans doute le volet social qui a fait la différence. Le projet de SCIC prévoyait 159 départs volontaires déjà négociés (durement) cet hiver avec le Groupe Hersant Media. Nice-Matin-Avenir du trio Rossel-Marzocco-Safa mettait la barre à 356 suppressions de postes et Georges Ghosn, l'ancien propriétaire de France-Soir et de La Tribune, 239.
Le Belge Rossel et ses associés grands favoris au départ
Au lancement de l'opération de reprise, le Belge Rossel et ses associés étaient apparus comme les grands favoris en raison du savoir-faire qu'ils présentaient (Rossel est propriétaire du quotidien "Le Soir" à Bruxelles et de "La Voix du Nord" à Lille) et de leur poids financier (ils apportaient sur trois ans 50 M€). En revanche, les conditions sociales qu'ils imposaient (450 suppressions de postes au départ ramenés ensuite à 376 avec des coupes sombres chez les ouvriers du livre et les journalistes) ont refroidi et ont engagé les salariés à réagir vivement. Pour le groupe belge, qui avait déjà tenté en vain d'acquérir Nice-Matin au printemps 2012, c'est un deuxième échec qu'il subit aujourd'hui.
Le projet de SCIC s'est crédibilisé au fil des semaines
Quant au projet de SCIC, il s'est affiné au fil des semaines et s'est de plus en plus crédibilisé. Il a d'abord pu réunir des financements (14 M€, dont 8 M€ apportés par Bernard Tapie à travers le rachat de 50% des parts de Corse Matin et des prêts gagés sur les locaux de quatre agences locales dont le groupe est propriétaire). Mais il a également su proposer une alternative solide et, sur le plan politique, rallier notamment la Région soucieuse de préserver les emplois et l'indépendance de l'information. Son plan de reprise permet de limiter la casse à 159 "départs volontaires" déjà négociés et d'éviter ainsi tout "clash" social.
Une lutte vive entre Rossel et la SCIC
Ces derniers jours, la lutte avait été vive entre Rossel et la SCIC, les deux candidats les mieux placés. Ainsi comme le rapport "L'Express", "le trio Rossel-Marzocco-Safa a adressé dimanche une lettre aux employés, plus de mille, en insistant sur leur langage de transparence. Selon eux, le projet de coopérative déboucherait rapidement sur d'autres plans sociaux, ce qui serait désastreux".
"L'Express" relève également que, "Jacques Hardoin, directeur général du groupe la Voix du Nord racheté par Rossel, diffuse sur les réseaux sociaux une tribune concluant que "la coopérative n'est pas le bon modèle" en raison de son "immobilisme lié aux méthodes de gouvernance". Il juge aussi que les actionnaires d'un groupe de presse doivent avoir suffisamment d'assise financière pour "préserver l'indépendance du journal des pressions politiques et économiques".
Un grand challenge à relever
Quant aux salariés, ils laissaient entendre que le trio Rossel-Marzocco-Safa, avec le passif social qu'il imposait, ne déboucherait pas sur un champ de roses en cas de victoire. Une question qui ne se pose plus. La SCIC, qui l'a emporté, réunit les salariés aujourd'hui à midi au siège niçois du boulevard du Mercantour pour leur donner les dernières informations et préparer la réorganisation. Comme cela avait été annoncé ces derniers jours, Robert Namias sera le Pdg. Il entrera en fonction dès jeudi et assurera également la direction des rédactions (Olivier Biscaye, qui avait démissionné début octobre, était resté jusqu'à la décision du tribunal d'aujourd'hui). En attendant l'arrivée de Robert Namias, présent par ailleurs à l'AG de ce midi, c'est Denis Carreaux, le rédacteur en chef du groupe qui assurera l'intérim.
Mais pour les salariés, désormais à la barre du quotidien régional, le véritable travail commence aujourd'hui. A eux de montrer qu'ils peuvent piloter le bateau dans la tempête que traverse la presse quotidienne régionale et transformer cette reprise en une aventure exemplaire. Un grand challenge à relever.
- Lire sur le site Lexpansion.lexpress.fr : "Jour J vendredi pour Nice-Matin, sur fond de guerre entre salariés et Rossel"
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