Yvon Grosso, président de l'UPE06, vu par une spécialiste de l'image
Président de l'UPE06 depuis 2010, Yvon Grosso a déjà donné son empreinte à l'union patronale des Alpes-Maritimes. Fondatrice de Tara Communication, Dominique Perron Rousset l'a rencontré et dresse un portrait décalé, axé essentiellement sur l'homme et son image.
Il a déjà laissé son empreinte sur l'UPE06, l'Union patronale des Alpes-Maritimes. Issu du secteur des services, Yvon Grosso a été élu pour un premier mandat en 2010 et, pour la première fois dans l'histoire de l'UPE, a engagé un second mandat de trois ans en 2013. Dans sa série des "Entretiens Privés", Dominique Perron Rousset, fondatrice de Tara Communication, cabinet conseil en image et management spécialisé en communication financière, l'a rencontré au siège de l'UPE06 à Saint-Laurent du Var, face à Cap 3000.
Suivant l'angle donné à sa série de portraits de décideurs azuréens, Dominique Perron Rousset s'est attachée à l'image d'Yvon Grosso tout en dessinant les traits de sa personnalité à travers son parcours, ses réponses aux questions d'actualité ou au traditionnel Questionnaire de Proust.
L’environnement
Saint Laurent du Var. Il commence à faire doux et le ciel est gris-bleu, va-t-il pleuvoir ? L’UPE06 est située en face de Cap 3000, dans les immeubles de Cap Var au 2ème étage.
L’accueil est classique, dans cette pièce presque carrée, je m’assois sur un des canapés rouges pour attendre Yvon Grosso qui, je le vois à travers les vitres de séparation de son bureau, est en train de finir d’écrire quelques lignes.
Il me fait entrer et nous nous installons à la table de réunion de son bureau sobre, tout en bois. Une lithographie de SOSNO est accrochée au mur, c’est un de ses prédécesseurs qui l’avait choisie. "J’aime bien ses réalisations" me dit-il faisant référence aux différents bâtiments que cet artiste a créés dans la ville de Nice.
L’image d'Yvon Grosso au sein de l’UPE06
DPR - Comment pensez-vous être perçu au sein de l’UPE06 par les autres chefs d’entreprise ?
YG - Il faudrait le leur demander. Quelqu’un qui les défend, qui n’a pas peur de dire les choses quand il faut. Mais également comme quelqu’un d’indépendant, un homme libre et très engagé.
- Comment êtes-vous, réellement ?
Pour se découvrir, il est nécessaire de mieux se connaître. Fidèle à Socrate, j’ai d’abord travaillé sur moi-même, pour mieux me connaitre. Quand on se connait, on arrive à ressentir plus facilement ce que son interlocuteur peut ressentir et on peut ainsi développer son empathie. Je pense être authentique, sincère et naturel. Un homme tout simplement.
- Comment souhaiteriez-vous être perçu ?
Comme je suis réellement. Ce serait bien, pour que je puisse m’améliorer, que l’on interviewe nos adhérents et les entrepreneurs afin qu’ils fassent part de ce qu’ils pensent de moi. Si les autres me perçoivent différent, les interroger me permettraient d’obtenir un retour très utile.
En tant que Président de l’UPE06, des questions peuvent se poser : Que pensent-ils de moi ? Qu’est-ce que je représente pour eux ? Suis-je suffisamment à la hauteur pour les représenter ? Suis-je conforme à leurs attentes ? Rien n’est parfait et rien n’est jamais fini.
Ce qui me motive dans la vie, c’est de toujours progresser Je suis contre les acquis, il faut se perfectionner et vivre avec son temps. "Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient". C’est ma phrase préférée.
J’ai un profond respect du passé, de ceux qui m’ont permis de me construire, mes parents, mes amis, mes professeurs, tous ceux qui ont été présents. Ma mère et ma sœur qui m’ont donné beaucoup d’amour. Les femmes qui m’ont apporté du bonheur, de la chaleur et de l’épanouissement (rires). La place de la femme pour moi est très importante… De ceux qui ont œuvré pour que notre UPE, depuis 40 ans, soit une véritable famille patronale qui défend les valeurs de l’entreprise et du rôle de l’entrepreneur.
- Que faites-vous pour vous améliorer ?
Pour m’améliorer, c’est certainement au niveau l’écoute. Je ne suis pas parfait, nul n’est parfait et je l’accepte car il y a un champ d’amélioration, sur le comportement, l’expression orale. J’ai des points à améliorer : parler plus lentement, installer et structurer mes idées afin de me faire comprendre de tous. Je foisonne d’idées et j’ai tendance à me disperser.
Faire preuve d’humilité, savoir s’adapter aux connaissances des interlocuteurs car je suis conscient que des personnes se sont mises à ma portée quand j’étais néophyte dans un domaine. C’est toujours d’actualité, quand je ne comprends pas, certains interlocuteurs se mettent à mon niveau. Comme je suis très créatif, j’utilise beaucoup mon cerveau droit, mon cerveau féminin je crois (rires).
- Qu’aimeriez-vous avoir apporté à l’UPE06, dans le cadre de vos mandats ?
Mettre l’UPE06 dans son temps, c'est-à-dire au XXIème siècle, car le changement est de plus en plus rapide et l’environnement a évolué. Je souhaite que l’organisation structurelle soit en phase avec les enjeux de notre mouvement patronal. Ceux-ci ont été présentés le 17 avril dernier à l’EDHEC.
Auprès de salariés de l’UPE06
- Comment les employés de l’UPE, vous perçoivent-ils, à votre avis ?
J’ai commencé la réorganisation à la première mandature et je finalise actuellement avec l’entrée d’un nouveau Directeur Général opérationnel. Lors d’un licenciement, on peut "remercier" les personnes tout en les respectant. Cela a été fait dans le temps, par étape, et en prenant en compte les personnes qui avaient de réelles compétences mais qui ne correspondaient pas à l’organisation d’aujourd’hui. Par exemple : pour la gestion des mandats il nous faut une personne de formation juridique avec une connaissance des institutions de la sphère publique (URSSAF, CPAM, CAF, …).
J’aime beaucoup travailler avec les femmes car elles apportent un autre regard sur les choses, sur le quotidien, dans la manière de travailler, d’aborder les sujets et sur la vie en général. Et également dans l’ambiance au sein d’une équipe, cela fait une égalité et une complémentarité. Dans le jeu collectif, cela donne un jeu collectif objectif, plus pertinent, plus efficace. Des hommes et des femmes, c’est un bon équilibre.
Nous sommes différents comme on peut le lire dans "Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus" (rires). De l’organisation, de la méthode, elles apportent beaucoup de pragmatisme et cela me convient très bien.
- Lors des moments difficiles, que faites-vous ?
Je lâche prise. J’arrête tout, j’arrête de penser à ce qui est difficile et à ce qui est mauvais. Je m’échappe volontairement, mentalement ou physiquement, 2 ou 3 jours dans le Var ou pas très loin, pour mieux penser aux solutions qui pourraient donner une issue favorable à cette situation.
Je pars seul ou accompagné (rires). Je peux aussi consulter mes proches ami(e)s, je ne garde pas pour moi les difficultés, je fais partager à un cercle très fermé d’ami(e)s mes préoccupations du moment. Quand je me change les idées, les choses se décantent naturellement et les solutions viennent. Rien n’est insurmontable. On peut dépasser les difficultés en se donnant la capacité de traiter le problème.
La question d’actualité
- Les dernières statistiques traduisent que dans les Alpes Maritimes, le chômage est plus important qu’en Région PACA ou même en France ? Quelle explication donnez-vous à ce fait ?
Nous sommes dans un territoire très orienté vers l’international, vers le tourisme, vers l’innovation ce qui, en fait, constitue l’activité principale. 70% des emplois concernent les services. Les services sont ce que l’on peut industrialiser avec les nouvelles technologies, de manière plus facile avec des plateformes, des réservations par Internet qui peuvent être à l’étranger. Ces activités de services peuvent être situées n’importe où en France ou ailleurs.
L’entreprise doit rationnaliser ses coûts par des économies d’échelle. Cela n’est pas vrai uniquement pour les entreprises, mais également pour les organisations territoriales (pôle emploi, CCI, URSSAF, …).
Le BTP est un secteur qui a été très touché, une perte de 1 000 emplois en 2013 et encore 1 000 à venir en 2014. En 3 ans nous avons perdu 9 000 emplois.
Concernant l’emploi dans le département des Alpes Maritimes, nous avons aujourd’hui 301.000 emplois relevant du secteur privé. Si nous passons sous la barre de 300 000 emplois, notre département ne créera plus suffisamment de richesses pour notre équilibre social. Les industries qui fabriquent comme la microélectronique, les télécoms, la mécanique et l’électricité n’ont plus d’unité de fabrication dans le département. Elles conservent principalement dans les Alpes Maritimes la R&D ou les services commerciaux.
On constate aussi, avec les chiffres du chômage, qu’il y a des offres d’emplois non satisfaites. Par exemple : plus de 800 offres d’emplois non satisfaite et les entreprises recherchent donc des candidats hors du département ou de la main d’œuvre étrangère. Sur ce point-là, cela se dégrade car nous sommes très exposés aux frontières européennes puisque nous avons une nombreuse main-d’œuvre étrangère venant des pays de l’est, notamment dans le bâtiment, les services, l’hôtellerie, la restauration. Des travailleurs qui acceptent des salaires moins élevés.
Dans le secteur du transport, la France a laissé les sociétés des transporteurs des pays de l’Est pénétrer sur notre territoire sans les mêmes obligations sociales et normatives. Dans notre département plus de la moitié ont déposé le bilan. La filière transport, qui était un des fleurons de la France, de par cette concurrence déloyale et cette compétitivité inéquitable, a véritablement été mise à mort. Le gouvernement a abandonné cette filière.
La fiscalité sur l’emploi, et plus particulièrement sur les prestations de services, les emplois à domicile (les chèques emplois services), a été modifiée. La fiscalité ayant augmenté, il y a moins d’embauche dans ce secteur. Malheureusement, cela favorise le travail parallèle, le travail "au noir".
- Au moment où l’économie allait bien, les Alpes Maritimes faisaient mieux que la région PACA et que la France. Que pourrions-nous faire, pour qu’il y ait moins d’écart ?
A cette question-là, il y a une réponse macroéconomique, c'est-à-dire baisser les charges des entreprises et de celles des salariés (qui pèsent lourd sur le bulletin de salaire). La moyenne européenne est à 16% et de 24% en France, entre le brut et le net. Le salarié français est beaucoup plus prélevé que la moyenne des salariés européens. Pour les entreprises françaises, les charges patronales sont à + 20% de la moyenne des prélèvements des entreprises européennes. Le constat de ces prélèvements obligatoires, les plus importants d’Europe, est commun à toutes classes politiques, nos gouvernants de droite comme de gauche.
Le questionnaire de Proust
Le(s) principal(aux) trait(s) de mon caractère : l’audace et l’humour
Mon principal défaut : l’impatience
Ce que j’apprécie le plus chez mes amis : leur amitié, leur sincérité dans l’amitié
Mon rêve de bonheur : il est toujours à créer, il faut toujours avoir des rêves pour être heureux
La couleur que je préfère : le rouge
La fleur que je préfère : la marguerite car je peux la déshabiller… (rires !)
Mes auteurs favoris : Saint-Exupéry car il parle de l’homme et Jean-Louis Servan-Schreiber pour ses valeurs sur l’entreprise
Un livre que j’ai beaucoup aimé : "Le nouvel art du temps" de Jean-Louis Servan-Schreiber
Mon compositeur préféré : Mozart
Mon peintre favori : Paul Cézanne
Ce que je déteste par-dessus tout : le non-respect et l’incivisme
Ma valeur préférée : l’équité
A ce jour, qu’auriez-vous aimé changer dans votre vie ?
Franchement, rien
Les impressions de DPR
Ce que j’ai aimé
Sa vivacité et ses fous-rires.
Son besoin de toujours mieux faire, d’avancer et de faire progresser son environnement.
Une délicate attention : son invitation à déjeuner.
Ce que j’ai moins aimé
Le fait qu’il n’ait pas pris un peu de temps pour personnaliser son bureau à son image.
Dominique Perron Rousset