Tour de vis sanitaire : adouci dans la Métropole, mais étendu au département
Restaurants et bas niçois soufflent : les restaurants resteront ouvert jusqu'à 0h30 ainsi que les bars qui ont la moindre activité restauration ne serait-ce que le snaking. Mais ce qui fâche aujourd'hui, c'est l'extension à l'ensemble du département des mesures prises pour la Métropole. Les maires de Cannes et de Grasse, vent debout, dénoncent des mesures d'affichage prises à contretemps et appellent l'Etat "à faire d'abord respecter les normes qu'il édicte".
Les restaurateurs et patrons de bars niçois soufflent. Ils estiment avoir sauvé l'essentiel en échappant en grande partie à la fermeture à 22 heures du nouveau tour de vis sanitaire envisagé. Hier à la sortie d'une entrevue avec le préfet, Bernard Gonzalez ils ont pu obtenir deux choses. La première : les restaurants ne sont plus concernés et pourront donc continuer à ouvrir jusqu'à 0H30, heure fixée par le précédent tour de vis. La seconde : si les bars doivent bien tomber le rideau à 22 heures, et cela dès hier lundi 28 septembre, en revanche ne seront concernés par cette obligation que les bars qui n'ont pas d'activité de restauration. En revanche, les salles de sports fermeront pour 15 jours. (Photo WTM : restaurant en terrasse cet été à Cannes).
La colère s'est calmée du côté des bars et restaurants niçois
Comme il est souvent expliqué que le diable se cache dans les détails d'un accord, le bon dieu peut parfois également s'y trouver. Ici, il s'agit de l'activité restauration qui, est-il noté, peut se limiter à un simple "snaking" ou à deux ou trois tapas. Il suffit qu'une référence à la restauration soit inscrite dans le Kbis de l'établissement pour que le bar puisse rester ouvert jusqu'à 0h30. Ce qui laisse évidemment peu d'établissements désormais astreints à une fermeture précoce.
Les représentants de l'UMIH (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie) et de l'UPCR (Union Patronale des Cafetiers Restaurateurs Nice Côte d'Azur) se sont en tout cas déclarés satisfaits de cet entente de dernière minute. Pour eux, c'est une "victoire". D'autre part, sur une autre question qu'ils estiment essentielle, celle des mesures de financement, il a été décidé de la réunion d'un CODEFI vendredi sur les questions du financement des entreprises du tourisme et de la restauration. La colère s'est pour l'instant calmé de ce côté.
Christian Estrosi regrette le rejet de son plan sanitaire renforcé
Le président de la Métropole, Christian Estrosi, qui s'était démené pour présenter un plan sanitaire renforcé en 14 points, plan spécifique aux bars et restaurants, a quand même regretté de son côté le rejet par l'Etat de l’alternative qu'il avait proposée après les décisions gouvernementales prises suite à l’accélération de la Covid-19. Il le dit dans un communiqué et dénonce dans la foulée l’incohérence des décisions prises. (voir son communiqué ci-dessous).
Cannes et Grasse vent debout contre une extension des mesures au département
Mais si globalement le problème des bars et restaurants niçois a pu être amorti, ce qui fâche aujourd'hui, et beaucoup, c'est l'extension des mesures appliquées à la Métropole à l'ensemble du département. Les maires de Cannes et de Grasse ont réagi immédiatement contre notamment la fermeture à 22 heures des débits de boissons et la fermeture des salles de sport. Hier soir David Lisnard (Cannes) et Jérôme Viaud (Grasse) cosignaient un communiqué ravageur sur le thème "Il faut mieux protéger et moins interdire. L’État fait tout le contraire."
Premier argument : ces mesures "interviennent à contretemps puisque l’ensemble des indicateurs montre une amélioration sanitaire sur le département, notamment dans l’Ouest. Depuis ces trois dernières semaines, sur notre bassin de vie :
- le taux d’incidence a été divisé par deux depuis début septembre. Il n’a jamais été aussi peu élevé (83) dans notre département depuis le 25 août après avoir connu un pic à mi-septembre proche de 160 ;
- le taux de positivité continue de diminuer (il est désormais légèrement en dessous de 5% dans l’ouest du département contre 8% début septembre) ;
- le nombre de patients hospitalisés et en réanimation diminue également. À ce jour :
- aucun patient Covid-19 en réanimation à Cannes et Grasse ;
- six patients sont hospitalisés à Cannes (contre 18 début septembre) et sept à Grasse.
Il est donc regrettable de constater que cette décision ressemble plus à une opération de communication et d’affichage qu’à une opération ciblée de protection de la population en fonction des données épidémiologiques."
"L’annonce de la fermeture des bars à 22 heures est une mesure totalement inepte et triplement nuisible"
Pour eux, d'autre part, "L’annonce de la fermeture des bars à 22 heures est une mesure totalement inepte et triplement nuisible car elle ne va rien apporter d’autres que :
- de multiplier les regroupements privés dans des appartements ou villas loués pour les circonstances, incontrôlables par les forces de l’ordre et sources de foyers épidémiques ;
- de conduire inévitablement à des troubles à l’ordre public dans les copropriétés et nuire à la quiétude des habitants ;
- d’inciter au para-commercialisme au détriment des professionnels qui payent leurs taxes et leurs charges et à l’avantage d’aventuriers tels que des exploitants d’arrière-cours et bistrots clandestins.
Ce qu'ils attendent plutôt de l'Etat et du gouvernement : "non pas des interdits généraux mais des mesures efficaces et ciblées. Pourquoi punir des professions entières, alors qu’il n’est pas compliqué de sanctionner et de fermer les établissements qui ne respectent pas les règles ? Pourquoi l’État ne le fait pas ?
L’État doit arrêter d’ajouter de l’interdit et mieux protéger les habitants en faisant d’abord respecter les normes qu’il édicte" concluent David Lisnard et Jérôme Viaud.
Christian Estrosi dénonce "une situation de désordre"
Dans un communiqué, Christian Estrosi, président de la Métropole et maire de Nice, a regretté le rejet du plan sanitaire alternatif. Il a également dénoncé l'incohérence des décisions prises. "Nous nous réjouissons, que l’activité des restaurateurs, qui se sont montrés exemplaires durant la crise, ne soit pas remise en cause.
Cependant, nous prenons acte, malgré le protocole sanitaire renforcé proposé par la Ville de Nice pour maintenir certaines activités, que ce dernier ait été rejeté par les services de l’Etat et nous le regrettons. Je dénonce ici, face à un combat qui doit être continu et livré avec justice et équité, des décisions qui vont priver certaines activités pourtant parfaitement organisées sur un plan sanitaire, alors même qu’en parallèle, d’autres n’ont pas ce niveau d’exigence et sont autorisées.
Je dénonce cette incohérence, cette situation de désordre dans laquelle plus personne n’arrive à suivre. A l’image des piscines, qui vont être autorisées à ouvrir alors que les vestiaires collectifs sont interdits, des rassemblements limités à 10 personnes sur la voie publique alors que les événements sont autorisés jusqu’à 1.000 personnes, la fermeture des bars à 22h alors que d’autres lieux ouverts peuvent générer des affluences... Il est essentiel que le gouvernement apporte de la clarté et de la transparence. L’annonce récente du porte-parole du gouvernement de publier chaque jour les indicateurs de suivi de l’épidémie de conoravirus va dans le sens de ce que la population attend.
Je constate qu’il est plus facile de s’attaquer isolément à ceux qui sont respectueux des règles, plutôt qu’à ceux qui ne les respectent pas."