Thales Alenia Space va supprimer 1.000 postes entre Cannes et Toulouse

Coup de froid sur l’emploi chez le constructeur cannois de satellites. Le groupe Thales dont il dépend a annoncé la suppression de 1.300 postes dans sa branche spatiale dont 1.000 en France, principalement à Cannes et Toulouse, ses deux grands sites industriels. Baisse de la demande de satellites télécoms privés, concurrence du “newspace” expliquent ce “redéploiement”. L’intersyndicale de Cannes est furieuse.

satellite salle blanche Thales Alenia Space Cannes

Coup de tabac sur l’emploi à Thales Alenia Space Cannes (2.500 salariés) et Toulouse ! Le groupe Thales a annoncé hier la suppression de 1.300 postes dans sa branche spatiale dont 1.000 en France principalement à Cannes et à Toulouse, ses deux grands sites industriels. Coentreprise montée avec le groupe italien Leonardo (Thales en détient les deux tiers), TAS emploie actuellement 8.600 personnes en France et en Italie. Selon le PDG de Thales, Patrice Caine, il n’y aurait cependant pas de départs contraints mais un redéploiement des salariés dans d’autres activités du groupe pour faire face à la baisse de la demande de satellites. (Photo DR : satellite en construction dans les salles blanches cannoises).

Un marché de satellites télécoms commerciaux qui s'est réduit de moitié

Ce n’est pas la première fois que le constructeur de satellites procède à un ajustement des effectifs suite à la baisse de la demande dans un marché mondial des satellites très cyclique. Cette fois le problème vient des satellites de télécommunications commerciaux.

Explication de Thales Alenia Space. Il a réalisé un chiffre d’affaires 2023 de 2,2 milliards d’euros dans des activités d’Observation, Exploration et Navigation (OEN) pour des clients qui sont essentiellement des grandes institutions, dans la défense, et dans les télécommunications avec des clients essentiellement civils (opérateurs de satellites) mais aussi pour partie dans la défense. La répartition des activités en 2023 est de 2/3 (67 %) pour les activités OEN et défense et de 1/3 (33 %)  pour les activités de télécommunications commerciales. Un marché mondial d’une vingtaine de satellites par an, qui depuis trois ans, s’est réduit de moitié.

La concurrence du "newspace"

D’autre part, avec le phénomène “newspace", les fabricants historiques, comme Airbus et Thales, sont confrontés à de nouveaux acteurs qui déploient des satellites et des constellations à moindre coût en orbite basse. Dans ce contexte, Thales Alenia Space explique faire face de son côté à des coûts de développement élevés pour concevoir sa nouvelle génération de satellites géostationnaires SDS (Software Design Satellites) entièrement numériques et reconfigurables en orbite. Et le groupe d’ajouter que “de plus, des difficultés liées à la chaîne d’approvisionnement l’ont contraint à changer de fournisseurs sur certains sous-systèmes et à revoir le design du satellite”. Sans oublier, autre facteur à prendre en considération selon lui, “que cette nouvelle génération de satellites géostationnaires flexibles (SDS) représente en production une charge de travail très inférieure à la charge requise pour fabriquer un satellite géostationnaire classique.”

Deux pistes sont privilégiées pour ce redéploiement : la mobilité interne dans les différentes entités du groupe Thales et la possibilité de rejoindre les Centres de Compétences d’Ingénierie (ECC). Il s’agit de la mise en place d’une capacité d’industrie et d’ingénierie partagée pour servir d’autres projets du groupe Thales. L’implémentation est envisagée progressivement sur les années 2024 et 2025 en concertation avec les partenaires sociaux.

Des partenaires sociaux furieux

Des partenaires sociaux qui sont furieux. Interrogée par Nice-Matin, l’Intersyndicale (CFDT, FCE-CGC, CGT et FO) a qualifié ce redéploiement de "honteux", relevant que sur 2024 et 2025 il y avait assez de charge pour occuper les 4.500 salariés de Cannes et de Toulouse. Pour l'intersyndicale, il s'agit d'un effet d'annonce "pour préserver le niveau de l'action de Thales" sans pour autant régler les problématiques techniques et opérationnelles.

 

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