Thales Alenia Space : l'Europe va mesurer les gaz à effet de serre produits par l'homme
A travers un avenant de 169 M€ annoncé à Cannes entre Thales Alenia Space et OHB System, deux charges utiles pour les deux premiers satellites de la mission Copernicus CO2M vont permettre à l'Europe de mesurer avec précision les gaz à effet de serre dits "anthropiques", c’est-à-dire générés uniquement par l'activité humaine. Une étape importante pour suivre l'efficacité des mesures prises dans le mouvement de décarbonisation engagé.
L'Europe vient d'engager avec Thales Alenia Space à Cannes une étape cruciale dans la poursuite du projet de satellites Copernicus CO2M qui vise à développer une capacité européenne de mesure des gaz à effet de serre "anthropiques", ces gaz additionnels qui proviennent des activités humaines et viennent s'ajouter aux gaz à effet de serre naturellement présents dans l'atmosphère. C'est ce qui ressort de la signature d'un avenant au contrat CO2M, d’un montant de 169 millions d'euros, avec OHB System, maître d'oeuvre du projet. Cet avenant prévoit le développement et la qualification des charges utiles des deux premiers satellites de la mission Copernicus CO2M.
Copernicus, principal programme européen d'observation de la terre
Un mot sur Copernicus. C'est le principal programme d'observation de la Terre par satellite de la Commission européenne et un programme clé de l'Agence spatiale européenne (ESA) dans ce domaine. Il fournit des données d'observation de la Terre pour la protection de l'environnement, la surveillance du climat, l'évaluation des catastrophes naturelles et d'autres missions sociétales.
La signature de cet avenant est la preuve que l’ESA a renouvelé sa confiance dans la capacité des partenaires OHB System et Thales Alenia Space à relever ce défi. L’avenant ouvre la voie à la qualification et au développement de deux charges utiles de la mission CO2M : le Proto Flight Model (PFM) et le Flight Model 2 (FM2). Ces deux charges utiles seront livrées à OHB System mi- 2024 pour être intégrées aux deux satellites (PFM et FM2) dont les revues finales sont prévues en octobre 2025.
Suivre le grand mouvement de décarbonisation de l'Europe
L'objectif de la mission CO2M est de mesurer le dioxyde de carbone atmosphérique (et le méthane) produit par l'activité humaine. Ces mesures permettront de réduire les incertitudes actuelles dans les estimations des émissions de dioxyde de carbone provenant de la combustion de combustibles fossiles à l'échelle subcontinentale. L'Union Européenne disposera ainsi d'une source d'information unique et indépendante pour évaluer l'efficacité des politiques publiques, suivre leur impact sur la décarbonisation de l'Europe et mesurer l’atteinte des objectifs nationaux de réduction des émissions.
"Nous sommes fiers de poursuivre le développement de la mission Copernicus CO2M aux côtés de l’ESA et d’OHB System", a déclaré Hervé Derrey, Pdg de Thales Alenia Space. "Thales Alenia Space continuera d’apporter son expertise éprouvée en matière d’observation de la Terre à cette mission essentielle pour relever le défi ambitieux de mesurer le dioxyde de carbone atmosphérique produit par l’activité humaine."
Ce que la mission CO2M va pouvoir mesurer
Thales Alenia Space livrera mi-2024 à OHB System les charges utiles des deux premiers modèles (PFM et FM2) de la mission CO2M. La charge utile intègre trois instruments :
- Un instrument combiné CO2/NO2 (dioxyde de carbone / dioxyde d'azote) basé sur un spectromètre fournissant des mesures dans le spectre visible et proche infrarouge, fourni par Thales Alenia Space en France,
- Un polarimètremulti-angle (MAP) équipé de 4 caméras identiques, intégrées dans une unité optique dédiée, fournie par Thales Alenia Space au Royaume-Uni,
- Un imageur de nuages (CLIM), dérivé de l'instrument ProbaV déjà éprouvé en vol, fourni par OIP Sensor en Belgique.
La charge utile CO2M permettra d’offrir simultanément, avec la rigueur scientifique requise, des mesures quantitatives très précises des concentrations de CO2 et de NO2 (à l'aide de l'instrument CO2 / NO2), une caractérisation des aérosols (à l'aide de l'instrument MAP) ainsi qu’une détection et une cartographie des nuages (à l'aide de l’instrument CLIM), assurant ainsi une précision maximale et la correction des erreurs dans les mesures de concentration de CO2. CO2M mesurera la colonne totale de CO2 avec la résolution, la précision, l'échantillonnage temporel et la couverture spatiale requises pour devenir la composante spatiale clé de la capacité opérationnelle permettant la surveillance et la vérification des émissions anthropiques de CO2.
Les mesures atmosphériques réalisées par les satellites et combinées aux réseaux in situ, fourniront à l'Europe une capacité opérationnelle unique qui contribuera à la surveillance mondiale des émissions de CO2 fossile dont CO2M sera l’élément clé. Les émissions de CO2 fossile, c'est-à-dire les émissions de CO2 résultant des activités anthropiques, induisent une hausse de carbone dans le système climatique qui a un impact considérable sur le changement climatique.