Sophia : nouvelle étape dans les images pour Realviz
Légende Photo : Dominique Pouliquen (à gauche) et toute l'équipe de Realviz réunis dans l'auditorium de l'Agora Einstein.
Ce n'est pas un adieu. Ni même un au revoir. Mais une nouvelle étape pour Realviz, la "spin off" de l'Inria Sophia rachetée début mai par le géant américain du logiciel Autodesk. C'est le message qu'ont transmis Dominique Pouliquen et Luc Robert, deux des cofondateurs de la star-up sophipolitaine, ainsi que les représentants d'Autodesk (dont Rod Recker, Software Developpment Manager, dont dépend désormais Realviz) lors d'une soirée organisée jeudi à l'Agora Einstein à Sophia Antipolis. Pour Dominique Pouliquen, Autodesk est même "le partenaire dont nous rêvions". Cela avec un objectif : "faire du site de Sophia un centre d'expertise dans le traitement d'images".
La vie d'une start-up n'est pas un long fleuve tranquille
De cette présentation, on retiendra également l'histoire de Realviz lancé au début de 1998 par six fondateurs : pour moitié d'anciens cadres de Medialab, une filiale de la chaîne de télévision française "Canal +" et des chercheurs de l'INRIA autour des travaux menés par le professeur Olivier Faugeras sur la vision par ordinateur. Une grande aventure qui pourra figurer dans le grand livre des débuts du 21ème siècle et qu'a retracée avec beaucoup de brio Dominique Pouliquen (on retrouvera l'histoire en détaillé en cliquant sur le document attaché ci-dessous).
Mais ce ne fut pas un long fleuve tranquille. Realviz a connu des hauts grâce à ses investisseurs. D'abord Alain Tingaud, président et directeur général dInfoVista et MVI, un groupe de financeurs privés situé en Suède. Puis en décembre 2000, un tour de table évalué à 10 millions US$ de la part d'investisseurs parmi lesquels Intel Capital, le LCF Rothschild Group et Azeo Ventures (Eurazeo) dont les actifs ont ensuite été rachetés par Alven Capital, en plus d'investissements privés. Fort de cette arrivée d'argent frais, la société a investi beaucoup dans la recherche développement et la commercialisation. Elle est passée de 20 à 95 personnes dont 17 à San Francisco, passage obligé. La société a connu aussi des bas. Suite à l'effondrement d'Internet, Realviz s'est restructuré, et a réduit son personnel à 15 personnes dans les deux ans afin de survivre. Des moments pas faciles.
De bonnes intuitions, mais aussi des échecs...
Elle a eu aussi de bonnes intuitions et inévitablement de moins bonnes. "À l'occasion, nous avons fait des erreurs et développé des produits en pensant qu'il y aurait un client final, alors qu'en fait il n'y en avait pas", rappelle Dominique Pouliquen. "À un moment donné, nous avons déployé beaucoup defforts pour adapter notre technologie aux contenus 3D interactifs pour le web, afin d'accroître les ventes. En fin de compte, ce ne fut pas un succès à cause de l'effondrement de la bulle Internet qui s'est produit quatre mois après linvestissement principal, avant que nous ayons pu prouver que la 3D interactive pouvait contribuer aux ventes sur Internet. Les concepts de 3D Web ont été abandonnés par les grandes entreprises. Ironiquement, ces mêmes concepts sont devenus très à la mode huit ans plus tard."
Mais comme l'a souligné ensuite Gérard Giraudon, directeur de l'Inria Sophia le résultat est là. Avec un effectif d'une vingtaine de personnes, Realviz a su adresser plus de 20 000 clients dans 71 pays ! Pour l'Inria, qui mise sur le transfert technologique, le rachat de Realviz par Autodesk représente une reconnaissance. "C'est un grand succès à la fois pour l'Inria et pour le modèle de Sophia. Cela montre la capacité de la technople à garder des talents sur son territoire et, grâce à Autodesk à en faire venir d'autres." Ce qu'a confirmé Jean-Pierre Mascarelli, vice-président du Conseil général et président de Team Côte d'Azur.
Et maintenant? Pour Dominique Pouliquen Autodesk Sophia, garde l'équipe actuelle (il reste par ailleurs lui-même directeur du site) avec une ambition : faire un centre d'expertise en traitement d'images qui servira les différentes divisions de la société (Autocad, Maya, etc.). Sophia sera ainsi chargé de développer des outils pour tous les produits de la gamme. L'effectif restera pour l'instant de 20 à 25 personnes et, dans une première phase, il s'agira d'intégrer Realviz dans le groupe puis de récupérer des projets. Mais d'ores et déjà, la deuxième étape est lancée.
|