Sophia : la scale-up Cintoo s’installe en plus grand pour sa nouvelle étape
Lancée dans la technopole en 2013 par trois chercheurs de l’I3S, le leader du “Digital Twin” s’est développé aux Etats-Unis tout en gardant son siège et sa R&D dans la technopole. Cintoo compte aujourd’hui attaquer d’autres marchés, accélérer sur les jumeaux numériques industriels, et jouer de l’IA pour reconnaître automatiquement des équipements dans des scans 3D. D’où des recrutements et un déménagement aux Templiers.
C’est une des belles success stories de Sophia Antipolis. Une aventure entrepreneuriale qui a commencé dans la technopole, qui a grandi dans la technopole et qui continue de se développer à la vitesse scale-up. Cette histoire est celle de Cintoo qui a franchi une nouvelle étape en début de semaine dernière en inaugurant son nouveau siège aux Templiers (un plateau de 400 m2), dans l’ex bâtiment de HP et de Compaq. L’occasion pour Dominique Pouliquen, son président, de retracer le parcours et d’envisager la suite avec des “jumeaux numériques” dopés à l’IA et engagés sur les chemins du métavers. (Photo DR : la traditionnelle coupure de ruban lors de l'inauguration des nouveaux locaux des Templiers, en présence de Jean Leonetti, président de la CASA).
Le parcours
Cintoo (en référence du plus haut sommet de Corse) est née en 2013 à l’initiative de trois PhD issus du laboratoire I3S de Sophia Antipolis : Leonardo Fonteles, Anis Meftah, et Marc Antonini. Ils avaient mis au point une superbe technologie de capture de la réalité. Elle était saluée de partout. Mais, quand les chercheurs ont convaincu Dominique Pouliquen de prendre la présidence, une question n'avait pas encore trouvé de réponse : à quoi pourrait servir cette belle technologie. Startupper à succès avec Realviz, ce dernier travaillait alors aux Etats-Unis pour Autodesk qui avait racheté sa startup. C’est aussi tout naturellement qu’il a cherché à adresser le marché de la construction nord-américaine.
Une stratégie a été appliquée dès le départ: cap US toutes ! Dominique Pouliquen a lancé Cintoo en tant qu’entreprise américaine, adoptant l'anglais comme langue officielle. Même si son siège et sa R&D étaient restés à Sophia Antipolis, la scale-up s'est rapidement développée grâce à cette vision orientée États-Unis. A partir de la construction, elle est devenue une référence dans la création de jumeaux numériques 3D pour l'industrie, en particulier dans des secteurs exigeants comme l'automobile et l'énergie (plateforme pétrolière notamment). Sa plateforme est aujourd'hui utilisée par plus de 450 compagnies dans 43 pays et compte 60,000 utilisateurs. Son équipe rassemble près de 60 personnes dont 15 sont basées en Amérique du Nord. Une équipe qui est appelée à grossir avec le recrutement d’une dizaine de personnes supplémentaires avant l’été, essentiellement des Ingénieurs et Docteurs (PhD).
La technologie
A la base, le scanning laser. Des appareils, qui peuvent être montés sur des robots, vont collecter des milliards de points dans l'espace avec une précision de l'ordre du mm et vont donner une copie virtuelle la plus précise possible d'un espace physique. "Ce n’est cependant pas là notre partie", explique Dominique Pouliquen. “A partir du scanning, Cintoo va aller chercher la donnée sous forme de nuage de points. Mais la difficulté de cette donnée, c'est qu'elle est très, très lourde. Une seule usine va représenter plusieurs téraoctets de données. Notre apport, c’est d’avoir inventé une nouvelle technologie qui permet de prendre ces nuages de points et de les transformer en données surfacique 3D ainsi que d’assurer la compression.”
“Nous pouvons ainsi transformer des usines extrêmement complexes en une sorte de jeu vidéo que différents corps de métiers peuvent utiliser, interpréter et dans lequel ils peuvent naviguer facilement. L’idée est d’immerger virtuellement, depuis le cloud, n'importe quel utilisateur dans des espaces physiques. Cela en accordant une grande importance à la cybersécurité, élément crucial pour nos clients principalement basés aux États-Unis."
Les perspectives
Nouveauté : la plateforme SaaS de Cintoo est désormais disponible en sept langues. Ce qui permettra de la commercialiser sur de nouveaux marchés, la langue étant importante dans l'utilisation de l'outil. Outre une extension des zones de commercialisation, avec les développements fulgurants de l’IA, Cintoo cherche à mettre de l’intelligence dans ses rendus. Pour l’exemple, des éléments recherchés dans l’usine comme des pompes ou autres outils, peuvent apparaître dans une couleur voyante, pour favoriser la reconnaissance d'équipements dans une image scannée.
L’IA pourra aussi servir à la maintenance prédictive. Désormais, il est possible d’envisager qu’un industriel puisse naviguer dans son usine comme dans un jeu vidéo avec un décor 3D qui respecterait chaque équipement jusqu’au détail le plus fin. Dans ce marché du "digital twin" qui est amené à progresser jusqu’à 130 milliards de dollars par an en 2030, Cintoo a encore de beaux jours devant lui.