Sophia Antipolis : l'opération de refondation est lancée
Après 40 ans d'existence, la technopole cherche à faire évoluer son modèle pour assurer son avenir en crête de vague dans un monde en pleine mutation. L'Etat et le SYMISA ont fait plancher des équipes internationales d'urbanistes et ont lancé une grande étude mettant au cœur du débat les formes urbaines, modes de production, innovations financement et gestion urbaine. Rendu de copie définitive attendu pour fin janvier 2012.
Le périmètre de l'étude en cours : cliquez sur la carte pour l'agrandir.
Comment garder un temps d'avance ? Comment, après 40 ans d'existence, continuer à faire évoluer son modèle et le maintenir en crête de vague dans une planète en pleine mutation ? Sophia Antipolis, qui a dépassé la quarantaine, se pose aujourd'hui sérieusement la question. La technopole a connu une réussite incontestable. Certes. Quelque 1500 entreprises, 31.000 emplois, 5.000 étudiants, 4.000 chercheurs, 1,3 million de m2 dissimulés dans un espace de verdure, un solde d'emplois positif au sortir de la crise : joli succès déjà. Mais demain ? Qu'en sera-t-il alors que l'accès de la technopole aux heures de pointe devient problématique ? Que le prix du logement pénalise les recrutements de jeunes ingénieurs de talent ? Que la plupart des métropoles se sont dotées de parcs technologiques ? Que les pays émergents, après avoir délocalisé la production, s'attaquent maintenant à la R&D, le cœur même de l'activité sophipolitaine ?
Un modèle qui reflète la vision culturelle des sixties
C'est pour continuer à garder une longueur d'avance en faisant évoluer le modèle sophipolitain que l'Etat et le Syndicat Mixte Sophia Antipolis (SyMiSA), présidé par Jean Leonetti, député-maire d’Antibes et président de la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis (CASA), ont lancé une étude majeure. Cette nouvelle étude suit ce qui avait été engagé dans l'opération Sophia Vision menée avec le Club des dirigeants de Sophia. A partir des problématiques soulevées et des actions à mettre en œuvre, il s'agit cette fois d'identifier les stratégies de développement qui doivent permettre à la technopole de se régénérer pour se construire un avenir basé sur les fondements du développement durable. Formes urbaines, modes de production, innovations, financements et gestion urbaine se trouvent placés d'emblée au centre du débat.
Il y a quarante ans, Sophia Antipolis, ce "quartier latin aux champs", était une utopie et un rêve pour les uns, une vision et une ambition pour les autres. C'est aujourd'hui une réalité bien ancrée. Mais Sophia Antipolis s’est bâtie selon un modèle spatial particulier. Formalisé par sa Charte de 1977, il est caractérisé par la place considérable accordée à l’environnement naturel (règle des 2/3 d’espaces non bâtis), par la volonté d’insérer discrètement les bâtiments dans le paysage et par la densité modeste (COS moyen de 0,3). Ce modèle daté, reflète la vision culturelle des années 60/70.
Des entreprises disséminées dans la nature
La vocation de Sophia-Antipolis est clairement affirmée. C’est un territoire d’activités qui réunit les domaines de la formation, de la recherche et de la production. Sa fonction résidentielle a été volontairement limitée. L’accueil d’entreprises, d’actifs et d’étudiants génère la présence de services fonctionnels aux entreprises et aux actifs, ainsi que d’activités récréatives, notamment dans le domaine sportif. Des centralités sont présentes dans le territoire, sans être fortement marquées et puissantes. Le modèle urbain qui a présidé au développement de Sophia Antipolis a accordé dès le départ une place considérable à la nature, à l’environnement et au paysage. Une grande partie du territoire n’est pas bâtie et se présente sous forme de parcs naturels départementaux accessibles à la promenade et aux loisirs. Sur le plan architectural, de nombreux bâtiments s’insèrent discrètement dans l’environnement et ménagent le paysage.
Sur le plan du quotidien, le modèle urbain sur lequel s’est bâti Sophia Antipolis – s’il ne devrait pas être profondément remis en cause – a montré ses limites et le territoire est clairement confronté à des dysfonctionnements, est-il estimé. Cela est particulièrement visible au niveau de la mobilité et des déplacements, avec la place envahissante prise par la voiture individuelle et la prégnance des "migrations alternantes". Modestie de la fonction résidentielle assurée par la cité sophipolitaine, éloignement entre les lieux de travail des actifs et leurs lieux de résidence, majoritairement en dehors du territoire sophipolitain, diffusion dans l’espace et faible densité des bâtiments, contribuent à cette situation. Cela génère également une pression sur le marché immobilier local et participe à l’élévation de son coût.
Les objectifs de l'étude
L'étude a pour objectif de recenser les pistes innovantes tant au niveau des modes d’implantation des entreprises que des modalités de gestion urbaine au sens large (habitat, loisirs, culture, déplacements, etc.). Elle doit, aussi, déterminer le rôle de la puissance publique, des entreprises et des différents partenaires, examiner le rôle et l'impact des partenariats public/privé. Elle doit, enfin, apprécier les conséquences futures des orientations stratégiques de développement urbain, en particulier dans le cadre de l’ouverture à l’urbanisme des zones affectées au périmètre technopolitain mais encore vierges.
Au final, sera dégagé un document servant de référence aux décideurs et aux acteurs de la cité sophipolitaine, qui soit tout à la fois, stratégique, clair, partagé et appropriable.
Trois équipes internationales d'urbanistes ont planché sur la question
Une étape de fond qui désormais est lancée. Trois équipes internationales d'urbanistes ont été retenues suite au lancement de la consultation par le groupement Etat / SYMISA le 3 septembre dernier : Equipe TVK (Trevelo & Viger-Kohler (Paris) mandataire, urbanisme et énergie); Agence TER (Paris) mandataire, urbanisme et Paysage; Reichen & Robert (Paris) Urbanisme, mandataire (voir la composition de ces trois équipes internationales). La première réunion du comité de pilotage s'est tenue cette semaine.
Trois grandes séquences sont prévues :
- Une réflexion sur les fondements du projet de développement durable et de redéploiement de Sophia Antipolis à l’horizon de 2030 en vue de renouveler son « concept » originel : quelles sont les nouvelles fonctions que doit remplir la technopole et comment doit-elle se positionner dans le contexte local, régional et international ?
- La traduction programmatique et spatiale de ce concept dans un Plan-Programme de référence, avec son Schéma d’organisation spatiale. Quels secteurs urbaniser ? Lesquels densifier ? Comment améliorer la desserte du site ? Quelles mobilités internes et externes imaginer dans le futur ?
- Des traductions opératoires en termes de modes innovants de production et de gestion urbaines, comme de mobilisation des ressources foncières. Comment assurer les conditions d’un développement maîtrisé dans un contexte économique et concurrentiel en évolution permanente ? Quelles seront les nouvelles formes de partenariat public-privé ? Comment assurer des services intégrés dans des espaces innovants et à forte valeur ajoutée ?
Selon le calendrier retenu (voir le détail de ce calendrier) la première séquence doit se terminer fin mai, la seconde fin octobre, pour une synthèse des propositions par le comité technique et la décision de lancement des autres marchés subséquents par l’Etat et le SYMISA, fin janvier. Sophia Antipolis devrait alors disposer d'une stratégie claire pour les prochaines décennies.