Sophia : Amadeus dans la bourrasque de la pandémie de coronavirus

Avec une diminution d'environ 90% du trafic aérien dans le monde sous l'effet de la pandémie, Amadeus voit fondre d'autant ses recettes. D'où des mesures de réduction de coûts (300 M€) et de sécurisation de liquidités prises en début de semaine. De quoi inquiéter Sophia Antipolis dont il est le plus grand employeur avec plus de 4.000 salariés et 1.500 sous-traitants.

Amadeus Entrée Sophia

Avec plus de 4.000 salariés et un nombre de sous-traitants de plus de 1.500 (c'est le gros client des ESN de la technopole) Amadeus est de loin le plus gros employeur de Sophia Antipolis. Et le grand souci des présidents successifs du centre R&D du leader mondial des technologies du voyage, que ce soit Jean-Paul Hamon, puis Claude Giafferri et aujourd'hui Gilles Floyrac, était d'être à la tête de la seule très grande entreprise du site. Qu'adviendrait-il pour Sophia Antipolis, si Amadeus se mettait un jour à tousser ?

Un trafic aérien pratiquement à l'arrêt dans le monde

Ce n'était pas envisageable jusqu'en fin d'année dernière au vu d'une superbe année 2019 qui s'est soldée sur un chiffre d'affaires en hausse à 5,7 milliards d'euros et un bénéfice en plus forte hausse encore de 13,4%, supérieur aux attentes. Mais c'est hélas à craindre aujourd'hui. Car depuis, il y a eu un ouragan qui s'est levé : la pandémie de coronavirus. Partie de Chine, elle a d'abord considérablement réduit en janvier le trafic aérien chinois et celui de toute l'Asie. Puis la pandémie a déferlé sur l'Europe, s'installe aux Etats-Unis et gagne le monde entier. Partout elle cloue les avions au sol, met les aéroports à l'arrêt, ralentit les trains, vide les hôtels, les paquebots. C'est là tout le marché d'Amadeus qui brusquement s'évapore.

Car le cœur du business model de cette formidable entreprise qu'est Amadeus (une des rares entreprises européennes qui soit devenue leader mondial de son secteur) tient dans la réservation de billets d'avion pour les agences de voyage, compagnies aériennes et sites internet. En moyenne, un peu plus de 4 euros le billet et il y a eu en 2019 quelque 580 millions de résa aériens (et 63 millions non aérien). Imaginez ce que cela fait quand le trafic aérien, comme aujourd'hui, baisse de l'ordre de 90% !

Un plan de réduction de coûts de 300 M€

Cette crise était bien déjà envisagée en février quand ont été annoncés les résultats de 2019. Mais sans doute pas de cette ampleur. A l'époque, personne par ailleurs n'avait prévu un tel choc et si rapidement. En début de semaine aussi, le groupe dont le siège est à Madrid a décidé d'un plan de réduction de coût de 300 M€ pour faire face au laminage de l'aérien par le Covid-19 avec ce qu'il entraîne comme baisse massive de réservations et de cartes d'embarquement.

Le groupe dont les finances sont heureusement solides, a également sécurisé entre autres un milliard d'euros de liquidités, en plus d'un milliard de crédit "révolving" et de 660 million d'euros de réserves en cash comme l'a noté le site de voyages américain Phocuswire. De quoi tenir dans la bourrasque alors que le contexte est encore appelé à se durcir. Son espoir, il le trouve dans la résilience de la Chine qui reprend doucement son activité après plus de deux mois de confinement. Pour Amadeus, l'exemple, la référence de ce qui devrait pouvoir se passer dans les autres régions de la planète aujourd'hui touchées.

Tout le monde l'espère. Evidemment. Mais la pandémie actuelle risque aussi très fort de déboucher sur une sévère crise économique planétaire, pire que celle de la guerre du Golfe ou de 2008, qu'Amadeus avait réussi à bien traverser. Une crise d'une autre nature qui touchera particulièrement les compagnies aériennes déjà exsangues et qui peuvent être encore immobilisées plusieurs mois. Quelles sont celles qui pourront tenir ? Survivre ? Pourront-elles, voudront-elles rester sur les contrats actuels ? Le "monde d'après", dont personne ne décerne aujourd'hui les contours, menace de changer complètement la donne pour Amadeus aussi. De quoi inquiéter Sophia et son entreprise phare.

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