Sénatrice azuréenne, Patricia Demas veut renforcer la cohésion numérique dans les territoires
C'est une sénatrice azuréenne, Patricia Demas, ancienne maire de Gilette, qui a porté le rapport du Sénat présenté récemment sur la cohésion numérique dans les territoires. Vingt mesures, simples et pragmatiques, y sont proposées pour faire en sorte notamment que la dématérialisation à 100% des services publics soit en concordance avec l'accès et la maîtrise du numérique des habitants.
Permettre aux collectivités territoriales de faire face aux défis du numérique à l'heure des services publics dématérialisés et assurer la cohésion numérique des territoires : c'est à ces questions que s'est attaqué le Sénat qui avait confié une mission d'information à la sénatrice des Alpes-Maritimes Patricia Demas, ancienne maire de Gilette. Une mission qui a conduit à la publication au début du mois d'un rapport de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, porté lui aussi par Patricia Demas. Vingt mesures pour renforcer la cohésion numérique dans les territoires y sont proposées. Au-delà des infrastructures, elles accordent une large place aux usages et à la lutte contre l'illectronisme. Patricia Demas en explique tout l'intérêt. (Photo DR : Patricia Demas).
- Comment avez-vous été amené à vous intéresser et à vous engager dans ce rapport ?
"Comme maire de Gilette, j'ai pu constater les difficultés rencontrées par la population en regard du numérique. Ayant travaillé dans le domaine de la perte d'autonomie, j'avais été touchée par les difficultés particulières des seniors sur ces sujets de démarches dématérialisées. Un autre volet m'y a conduit. Je suis devenue en 2020 présidente de la couverture numérique de la métropole Nice Côte d'Azur, ce qui m'a permis aussi d'avoir une approche plus complète et de terrain sur le sujet.
C'est aussi mon parcours qui m'a fait toucher du doigt le problème posé par la dématérialisation des services publics et aborder le volet de la cohésion numérique. Il n'est pas possible de rendre les services publics 100% dématérialisés si la population ne dispose pas des compétences ou de l'accès au numérique. Or actuellement, selon les statistiques, 17% de la population française ne maîtrise aucune compétence numérique. Je me suis donc intéressée à ce sujet dans le cadre de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat. Le rapport du Sénat que nous avons présenté met en avant la nécessité d’élaborer une politique nationale d’inclusion numérique efficace avec plus de cohérence, de lisibilité et de financements que celle qui a prévalu jusqu'à présent.
- Dans ce rapport sont listées 20 propositions et mesures pour renforcer la cohésion numérique dans les territoires. Pouvez m'en citer 2 ou 3 qui vous semblent les plus importantes ?
La première est d'encourager les cartographies, parce que c'est la base pour concevoir une stratégie d'inclusion numérique. Pour ce faire, dans la stratégie numérique de l'Etat, il faut conforter le rôle des "hubs" territoriaux. Quelque 11 hubs sont déployés dans 60 départements. Mais malheureusement, ils n’ont pas une stabilité et une pérennité financière qui leur permettrait d’être pleinement dans leur cœur de métier de coordination de l’offre de médiation numérique des territoires.
Il faut aussi s'assurer d'une lisibilité sur le long terme. L'idée, c'est d'élaborer un guide national qui répertorie toutes les possibilités offertes aux collectivités pour soutenir les projets de cohésion numérique. A l’échelle départementale, les sites des préfectures pourraient recenser des boîtes à outils à destination des collectivités. Autre point : élaborer une feuille de route accordée à des financements pour atteindre les objectifs. Il faut pérenniser des fonds de financement notamment pour les raccordements complexes liés au haut débit. Cette stratégie du numérique doit être assurée de moyens pérennes.
- Comment se placent les Alpes maritimes dans ce domaine de la cohésion numérique ?
Notre département comporte plusieurs zones. Les zones très denses sur le littoral n'ont pas de problème "matériel" sur le déploiement de la fibre. Le haut pays et le moyen pays, s'il y a eu de gros efforts du Département, ne disposent pas encore complètement des infrastructures nécessaires. En ce qui concerne le niveau d'inclusion et de maîtrise numérique, le problème se retrouve aussi dans les centres urbains. Pour y remédier, la métropole Nice Côte d'Azur, par exemple, a lancé un diagnostic de territoire et met en place plusieurs mesures qui vont contribuer à accompagner le citoyen de la Métropole dans ses démarches. La Métropole a également l'intention de mettre un numéro vert pour faire de l'aiguillage. Ensuite elle va très certainement expérimenter de la médiation itinérante .
- La suite donnée au rapport ?
Dès que le nouveau gouvernement sera constitué, je remettrai le rapport au ministre en charge (ce sera vraisemblablement à la rentrée de septembre), afin de travailler sur une loi d'aménagement du territoire qui pourrait prendre en compte tout le travail effectué sur l'inclusion numérique dans les territoires. Cela vient rejoindre aussi d'autres rapports d'information qui ont été initiés sur la désertification commerciale ou médicale des espaces ruraux.