Saison record pour l’hôtellerie azuréenne qui redoute l’ubérisation de l’économie

Posté jeu 17/09/2015 - 12:03
Par admin

Lors de sa dernière Assemblée Générale, qui s’est tenue lundi, la CCI Nice Côte d’Azur a souhaité faire un focus sur le bilan de la saison touristique, ainsi que sur l’« ubérisation » de l’économie. L’été s’est déroulé sous les meilleurs auspices pour l’hôtellerie azuréenne qui a enregistré une fréquentation record doublée d’une forte croissance des dépenses de ses clients. Pourtant, malgré ces bons résultats, les hôteliers sont inquiets face à la montée en puissance de Airbnb qui bouleverse les règles de la concurrence et met en péril l’équilibre du secteur.

Saison record pour l’hôtellerie azuréenne qui redoute l’ubérisation de l’économie

Même si les chiffres définitifs de la saison touristique ne sont pas encore connus, l’été 2015 est un excellent cru pour l’hôtellerie azuréenne qui a connu une fréquentation record au mois de juillet (+5% par rapport à juillet 2014), équivalente à celle d’un mois d’août ordinaire, qui reste le mois de pointe et qui a enregistré cette année un taux d’occupation de près de 90% sur les hébergements. Cerise sur le gâteau, la dépense de ses clients a également fortement augmenté avec une croissance du RevPar dans les hôtels de +37% en juillet.

Ces excellents résultats sont dus en partie à des circonstances géopolitiques qui ont incité beaucoup de touristes à rester en Europe, mais aussi à l’évolution de la parité euro/dollar qui a favorisé le retour des américains sur la Côte d’Azur. La date plus favorable de la fin du ramadan a aussi incité la clientèle du Moyen-Orient à venir plus nombreuse en juillet, tandis que le séjour du Roi d’Arabie Saoudite a suscité, malgré les polémiques, d’énormes retombées pour l’hôtellerie cannoise qui a su profiter de la qualité de ses infrastructures pour attirer cette riche clientèle.

Paradoxalement, alors que les voyants semblent au vert, les hôteliers azuréens sont inquiets en raison de  l’ « ubérisation » de l’économie, un phénomène qui bouleverse les règles de la concurrence et fragilise l’équilibre du secteur.

Rencontre avec Michel Chevillon, le Président du syndicat des hôteliers du bassin cannois, qui après avoir dressé le bilan d’une saison estivale record, évoque les conséquences de l’« ubérisation » de l’économie sur l’hôtellerie azuréenne qui, malgré ses bons résultats actuels, risque d’y laisser des plumes.   

L’hôtellerie menacée par l’ « ubérisation » de l’économie 

Après avoir été souvent obligée de passer sous les fourches caudines des sites de réservations en ligne comme Booking.Com, qui ont rogné ses marges, l’industrie hôtelière voit poindre une nouvelle menace à l’horizon avec le fort développement de l’économie du partage, symbolisé dans son secteur par la montée en puissance du site Airbnb grâce auquel ses clients habituels peuvent désormais louer facilement des appartements de particuliers, y compris à la nuitée. Une menace déjà bien réelle puisque, selon Michel Chevillon, Airbnb a déjà fait perdre près de 15% de chiffre d’affaires à l’hôtellerie cannoise.

Si les hôteliers savent bien qu’ils ne pourront pas lutter contre la digitalisation de l’économie, et qu’ils se défendent de toute attitude purement corporatiste, ils réclament néanmoins que les pouvoirs publics mettent de l’ordre dans le secteur et veillent à une concurrence loyale. Ils s’opposent surtout à ce que se développent en sous-mains de véritables entreprises commerciales, louant les appartements à longueur d’année, sans avoir les mêmes contraintes ni les mêmes charges que les hôtels. Pour eux, si l’Etat ne réglemente pas cette économie du partage qui se développe, de nombreux emplois seraient menacés à terme. Pour autant, ils reconnaissent que les nouveaux services proposés répondent à une vraie demande d’un public souvent satisfait par cette nouvelle offre.

Comme dans d’autres secteurs concernés comme celui des taxis, l’ « ubérisation » de l’économie va les obliger à une remise en question à laquelle ils se disent prêt, à condition qu’on ne leur mette pas de boulets aux pieds pour livrer le combat.  

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