Reprise de Nice-Matin : Bernard Tapie vend son yacht, la SCOP peine au financement
Bernard Tapie, candidat à la reprise au titre de La Provence, vient de vendre son yacht et son jet privé. La SCOP, quant à elle, n'a toujours pas bouclé son financement, à moins d'une semaine du dépôt des offres définitives (8 octobre midi). Pour les salariés, les perspectives s'assombrissent entre des projets de reprise tous socialement très lourds et la menace d'une liquidation.
Alors que l'échéance approche avec un dépôt des dossiers finalisés avant le 8 octobre midi, quoi de nouveau dans la reprise du groupe Nice-Matin ? Côté Bernard Tapie, porteur d'une des cinq offres encore en lice sous la bannière de La Provence, quelques nouvelles qui pourraient éclairer le financement de l'opération. Ainsi, le quotidien Libération a révélé que Bernard Tapie avait vendu son yacht "Reborn" et son jet privé pour solder ses dettes.
44 millions d'euros pour la vente du yacht "Reborn" (76 mètres)
Selon le quotidien, le seul yacht, 76 mètres de long, aurait été vendu en juin pour une somme de 44 M€. Cette somme servirait "à combler les 31 millions d'euros déboursés pour racheter 80% du quotidien La Provence". Mais elle permettrait aussi de crédibiliser l'opération de reprise du groupe Nice-Matin pour laquelle Bernard Tapie apporterait 20 M€.
Côté SCOP, à moins d'une semaine de l'échéance, le projet de reprise des salariés continue de patiner dans le bouclage du tour de table financier. Les salariés ont eu en effet à trouver une nouvelle solution de financement après que l'accord avec Bernard Tapie ait volé en éclat à la mi septembre (ce dernier, qui candidatait également avec la SCOP, se proposait d'apporter 8 M€ pour 35% des parts, mais imposait en contrepartie une mutualisation des imprimeries de la Provence et de Nice-Matin qui n'a pas eu l'aval des syndicats).
SCOP : la souscription continue, mais les financements privés et institutionnels tardent à se concrétiser
En fin de semaine dernière, des espoirs de boucler le financement étaient apparus entre investisseurs privés et investisseurs institutionnels. D'autre part, les salariés, qui ont déjà mis la main à la poche, avaient proposer d'abandonner en plus leur 13ème mois pour le mettre, là également, dans le financement de leur projet. Mais les espoirs de financement privés comme institutionnels ne se sont toujours pas concrétisés par des accords en bonne et due forme et le temps presse.
Parallèlement, les salariés poursuivent la souscription qu'ils ont lancée début août et qui a déjà permis de réunir plus de 500.000 euros. Mercredi soir, a ainsi été donné à Hyères un grand concert de soutien au profit de la SCOP avec en tête d'affiche Bernard Lavilliers et la participation exceptionnelle d'Aurélie Cabrel, Tano, Magic Buck, Holy Wood, Kayabinghis, Rob Reventon, Benjy Dotti, Los Branlettas.
Un superbe soutien populaire qui donne du baume au coeur des salariés, mais qui n'est cependant pas suffisant pour boucler le dossier de financement. Lundi à mi-journée, le personnel du groupe se réunira en assemblée générale pour faire un point sur l'offre de la SCOP et celle des autres candidats. Si les financements ne sont pas réunis, les perpectives risquent d'être bien sombres en termes de "casse sociale".
Perspective encore plus sombre : la mise en liquidation
En pôle position, au vu de la solidité du financement et du savoir-faire du groupe de presse belge Rossel, le consortium Nice-Matin-Avenir (Rossel-Marzocco-Safa) reste sur ses positions avec 456 licenciements selon les syndicats (426 selon le consortium), sur les 1.100 emplois du groupe Nice-Matin et de ses filiales Eurosud et PubliNice. Autre projet qui pourrait tenir la corde, celui de La Provence avec Bernard Tapie, annonce 330 suppressions de postes (370 pour le projet Paris-Normandie et 270 pour celui de Georges Ghosn, l'ancien propriétaire de France-soir et La Tribune, la SCOP s'en tenant à 169, le minima que lui a fixé l'administrateur judiciaire).
Certains pessimistes vont même jusqu'à envisager une perspective encore plus sombre : la mise en liquidation. Des rumeurs font ainsi état d'un éventuel retrait de Rossel, s'il s'avérait que la reprise aux conditions de son offre allait conduire à un conflit social trop dur. Si Rossel se retirait, toujours selon "radio couloir", La Provence suivrait. Ce qui risquerait alors, les deux autres dossiers de reprise apparaissant moins solides, de conduire à la liquidation du groupe Nice-Matin avec le licenciement de l'ensemble du personnel. Vaines menaces dans la dernière ligne droite? Pas sûr hélas. Le risque existe. Car ensuite, reste toujours ouverte la possibilité d'une reprise des actifs du groupe à la casse, sans ses salariés, avec d'éventuelle rembauches aux conditions du repreneur.
On en saura plus bientôt. Si les dossiers finalisés de reprise doivent être déposés avant le 8 octobre midi, c'est le 13 octobre que le Tribunal de Commerce étudiera les offres et le 21 octobre qu'il rendra son verdict. Moins de trois petites semaines qui risquent de sembler très longues pour les salariés.
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