Regard franco-américain sur l'éducation : cinq techniques pour apprendre mieux en travaillant moins
La question se pose aussi aux Etats-Unis : comment notre enfant peut-il mieux travailler pour satisfaire un emploi de temps surchargé ? Existe-t-il des méthodes de travail qui permettent de gagner du temps et d’obtenir parallèlement de bons résultats scolaires? Dans leur chronique hebdomadaire, Sandrine et Maxime Crener présentent quelques idées simples qui peuvent donner des résultats remarquables.
Maxime Crener a dirigé le Ceram à Sophia et développé l'Université Internationale de Monaco. Son épouse, Sandrine, est Research Associate à la Harvard Business School. Tous deux, installés depuis cinq ans à Boston, ont gardé un pied sur la Côte d'Azur. Ils sont aussi souvent appelés par des amis azuréens ou monégasques inquiets pour l'avenir de leurs enfants. D'où l'idée de cette rubrique hebdomadaire sur les problèmes actuels de l'éducation avec un point de vue posé des deux côtés de l'Atlantique.
Dans cette chronique intitulée "Comment mieux apprendre : travailler mieux mais moins !" et dans celle de la semaine prochaine, ils présentent cinq techniques de travail utilisées par les lycéens pour renforcer et améliorer leur façon d’étudier tout en gagnant plus de temps libre. Voici leur texte.
Comment mieux apprendre : travailler mieux mais moins !
A la dernière réunion des parents de la classe de Première IB de mon fils à l’International School of Boston tous les parents se posaient la même question : comment notre enfant peut-il mieux travailler pour satisfaire un emploi de temps surchargé ? Au fait, face à des pressions académiques, sportives, extracurriculaires et parentales accrues, comment ne pas décourager les élèves mais plutôt renforcer leur motivation et leur goût du travail. Situation évidemment bien connue des parents, souvent désespérés, mais qui valait la peine de regarder sous l’angle américain.
Au fait existe-t-il des méthodes spécifiques qui préparent mieux les jeunes à tirer un plus grand bénéfice de leur travail ? Existe-t-il des méthodes de travail qui permettent de gagner du temps et d’obtenir parallèlement de bons résultats scolaires ? Comment les lycéens américains se préparent pour obtenir de très bons scores aux tests d’aptitude (les fameux SAT ou ACT nécessaires pour l’admission dans les universités), et d’excellentes notes dans leur bulletin scolaire.
Ces interrogations vont nous permettre de vous présenter cette semaine et la prochaine des idées simples mais qui appliquées convenablement donnent des résultats étonnants et remarquables. Ainsi nous vous soumettons cinq techniques de travail utilisées par les lycéens pour renforcer et améliorer leur façon d’étudier tout en gagnant plus de temps libre. Il s’agit de travailler mieux et moins, une approche qui devrait plaire aux ados. En voici en quelques lignes les grands principes.
1) Etre organisé
Pour être efficace, il faut être organisé et donc classer ses affaires. Pour chaque matière (math, histoire…) utiliser un grand cahier pour les notes de cours et des chemises pour chaque activité importante. Par exemple, une chemise peut être dédiée à toutes les compositions, tests ou examens déjà effectués. Pour un devoir a la maison, une autre chemise réunira toute documentation disponible, les notes de recherche effectuées mais également les brouillons et ceci pour chaque nouveau devoir ou travail exigé par le professeur. La règle de base est simple : tout document (poly distribué en classe, devoirs à la maison, copies d’examens, etc…) doit aller dans une chemise ou à la poubelle.
2) Prendre des notes en réfléchissant
Prendre des notes en classe est souvent fastidieux et difficile, l’élève s’ennuie ou ne porte pas attention de façon continue à l’exposé du professeur et souvent il écrit des phrases qui lors de la relecture à la maison n’ont pas beaucoup de sens ! La majorité des élèves n’ont jamais appris à transcrire rapidement ce que le professeur est en train de présenter en classe et la révision à la maison pour certains se révèle être un cauchemar. Et le temps perdu est grand en essayant d’apprendre sur des notes incompréhensibles. Ne faut-il pas mieux faire un effort mental important lorsque le professeur présente la matière en classe afin d’éviter les erreurs et ainsi gagner finalement du temps ?
Cette question se pose également au moment de la lecture du manuel scolaire lorsqu’il faut préparer l’interrogation qui arrive ! Au fait ce qui est important dans ces situations c’est d’organiser convenablement l’information pour mieux la comprendre et mieux la retenir. Ainsi il est préférable d’organiser toutes ces informations reçues ou lues sous forme de grandes idées ou thèmes et utiliser la méthode QEC (question/évidence/conclusion). La technique est simple : il faut réduire l’information sous forme de questions accolées à des conclusions et relier les deux par l’évidence qui justifie la relation.
On peut dire en d’autres mots que les questions et les conclusions forment une enveloppe qui englobe les faits en les transformant en idées ou thèmes à travailler. Prenons un exemple d’une classe d’histoire ou le professeur parle de l’édit de Nantes. Les élèves vont essayer de noter : "le roi Henri IV va créer un édit sur la religion en 1598, car les guerres de religion font rage à ce moment etc… mais il n y a pas de paix en vue etc…". En appliquant la méthode QEC une question émerge : Pourquoi cet édit de Nantes est-il si important ?
Les événements, faits, dates et autres détails exposés dans le cours deviennent des éléments de preuve et aboutissent à établir que l’édit de Nantes est un "édit de tolérance promulgué en 1598…". De là, il suffit de réfléchir à la conclusion à laquelle le professeur veut aboutir, par exemple "l’édit de Nantes est important car il accorde des droits de culte et des droits civils et politiques aux protestants et sa promulgation met fin aux guerres de religion qui ravageaient le royaume au XVIème siècle". C’est cette phrase importante qu’il faut identifier et écrire sur le cahier afin de s’approprier le contenu du cours et mieux le retenir.
Certains élèves sont plus visuels et préfèrent organiser la même information sous forme schématique. Quelquefois la conclusion ne saute pas aux yeux, il faut alors réexaminer les preuves. Cette méthode simple s’applique très bien aux livres et manuels scolaires utilisés dans le cours.
Surligner en jaune n’apporte aucune valeur ajoutée au contenu et n’en favorise pas une meilleure compréhension. La mémoire retiendra peut être l’information mais le cerveau ne l’a point traitée ! La technique QEC fait gagner du temps car elle va forcer à traiter l’information, à en dégager les grands thèmes, et à identifier les interrelations. Lors de futures révisions, ce sont ces grandes idées et leurs interrelations qui reviendront en mémoire immédiatement.
La méthode est facilement applicable en mathématiques, physique ou biologie. Ainsi en géométrie pendant que le professeur explique au tableau un problème sur l’égalité des triangles, l’élève peut d’abord identifier la question de base, la réponse du professeur et les étapes intermédiaires pour arriver aux résultats. Même si le professeur va trop vite dans la démonstration, il est important de bien noter la question et le résultat pour plus tard revenir sur le problème afin de retrouver les étapes intermédiaires qui conduisent au résultat final. Cela prend sûrement un peu plus de temps au départ mais quel gain par après, en termes de compréhension et temps de révision !
La semaine prochaine nous analyserons trois autres techniques et montrerons notamment pourquoi relire ces notes n’est pas une méthode d’apprentissage efficace…
Sandrine et Maxime Crener
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