Recyclage des déchets du bâtiment : l'exemple d'Icade à Cagnes-sur-mer
Icade Promotion, sur son chantier Naturea à Cagnes-sur-mer avec la construction d'un immeuble tertiaire sur l'ancien site d'EDF, a voulu montrer l'exemple du passage d'une économie linéaire à une économie circulaire en assurant une seconde vie aux produits du chantier de déconstruction. Flash sur l'opération recyclage.
L'enquête publique menée autour du projet Ecotone à Antibes, zone Sophia (45.000 m2 de bureaux) l'a montré une nouvelle fois : le chantier produira 206.000 m3 de délais et c'est la gestion de ces déchets de construction qu'il s'agit d'assurer. La transition écologique met à juste titre de plus en plus l'accent sur la nécessité de prendre en compte cette gestion des déchets. C'est une problématique sur laquelle Icade Promotion s'est engagée à travers l'évolution de ses pratiques et l'encouragement au passage d’une économie linéaire à une économie circulaire en proposant une seconde vie aux produits issus de chantier de déconstruction ou de rénovation. (Photo DR : l'ancien site d'EDF à Cagnes-sur-mer nécessite d'importants travaux de démolition avec beaucoup de déchets à la clé...)
Le programme Naturea sur l'ancien site d'EDF
Et de donner en exemple le programme Naturea à Cagnes-sur-mer, avec des bâtiments construits sur les anciens bureaux administratifs d’EDF.
Le site d'EDF avait été racheté par Icade Promotion afin d’y réaliser un programme de logements et de commerces en pied d’immeuble pour une surface de de près de 2400 m2. Avait été affichée la volonté d’augmenter et de requalifier la part d’espaces végétalisés et ainsi revaloriser une parcelle laissée en désuétude. Dans le cadre de la démolition de l’existant, Icade Promotion et son agence de Nice, maîtres d’ouvrage du projet, ont aussi choisi de déployer une démarche de réemploi pour éviter au maximum la production de déchets.
Comment réemployer judicieusement les matériaux de démolition
Cela s'est fait en plusieurs étapes. Première étape : le diagnostic. Deux diagnostics avant démolition ont été réalisés : l’un dédié à l’évaluation des déchets pouvant être recyclés, l’autre consacré aux ressources entrant dans le cadre du réemploi de produits. Définie par l’article L541-1-1 du Code de l’environnement, la notion de réemploi désigne une opération par laquelle les matériaux usagés sont remis directement à une structure dont l’objet est le réemploi et sont utilisés pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus.
Si certains matériaux ont été retenus pour être réemployés dans le futur projet, à l’instar des ferronneries bordant le site ou encore le béton architectonique qui, lui, sera concassé pour conforter les sous-sols durant les travaux, réduisant ainsi les émissions de CO2 liées au transport des déblais, les autres ont fait l’objet de dons en l’échange d’une dépose préalable in situ par les preneurs. Les matériaux réemployables ainsi identifiés représentent 90% du mobilier disponible sur site, 50% des équipements de portes de type poignées, tableaux électriques, stores…, 25% du plancher technique intérieur, brises soleils et pergolas extérieurs… ainsi que la pompe à chaleur collective sur toiture et les escaliers métalliques.
Une démarche efficace en direction des artisans, collectivités et associations locales
Deuxième étape : le réemploi. L’ensemble des matériaux réemployables ont été recensés dans un catalogue "produits" de plus de 200 références afin de faciliter les démarches de recherche des potentiels preneurs menées auprès des plateformes professionnelles spécialisées (Cycle Up, R-Aedificare, Caprionis), l’éco-organisme Valdelia (pour le mobilier) et le Syndicat des Architecte de la Côte d’Azur (Saca). “C’est toutefois notre démarche de proximité en direction des artisans, collectivités et associations locales qui s’est révélée la plus efficace et a permis la réservation de la quasi-totalité des produits destinés au réemploi”, souligne Michel Puy, directeur régional Icade Côte d’Azur.
La convention de reprise a été signée par les preneurs le 4 mars 2021 après l’élaboration d’un planning de récupération des matériaux sur site étalé sur un mois, associé à des plans de repérage des zones d’intervention. Le chantier a ainsi pu démarrer le 12 avril, avec l’intervention de la commune de Cagnes-sur-Mer qui a repris des stores, des pergolas métalliques extérieures, des tableaux d’affichage, des joues acoustiques ainsi qu’un portillon et une structure métallique intérieure. D’autres communes azuréennes se sont portées preneuses. Des entreprises de bâtiment également, ainsi que les associations Soli-cités, Envie, SOS Gaspillage et le SACA qui leur donneront une seconde vie.
Résultat économie CO2 : près de 117 aller-retours Paris-New York évités
Finalement, grâce à ce chantier de réemploi, ce sont près de 200 tonnes équivalent CO2 qui seront évitées, soit près de 117 aller-retours Paris-New York. Le maître d’ouvrage économise également l’évacuation d’une centaine de bennes pour le traitement des déchets. “L’autre vertu tient dans la mobilisation des équipes intervenantes, heureuses de contribuer à cette aventure et à réduire les impacts environnementaux par leur action”, relève Michel Puy. Pour les collectivités, c’est aussi un moyen d’agir pour l’entretien des locaux et la réduction des dépenses publiques. A rappeler aussi que le secteur du bâtiment qui représente environ 19% de la production de déchets du BTP, soit 46 millions de tonnes par an dont 87% proviennent d’opérations de démolition et de réhabilitation.
Photo DR : l'ancien site d'EDF à Cagnes sur mer vu du ciel.