
Aniello Arena absent à Cannes mais très présent dans "Reality", le film de Matteo Garrone
Il y a quatre ans, Matteo Garrone s’est attaqué au monde de la Camorra napolitaine dans Gomorra, Grand Prix du Festival 2008. Cette année, même si l’action se déroule toujours à Naples, il revient à Cannes en changeant de registre avec Reality, un film dans lequel il explore les dérives de la téléréalité et ses conséquences néfastes sur certains esprits qu’elle fait trop rêver. Reality raconte l’histoire d’un petit poissonnier exubérant qui, poussé par ses enfants, participe un jour au casting de Grande Fratello, la version italienne de Loft Story. Dès lors, le rêve de devenir une personnalité médiatique va faire basculer sa vie et modifier totalement son comportement pour faire en sorte d’être pris par les producteurs de l’émission dont il est persuadé qu’ils espionnent ses moindres faits et gestes. Progressivement le rêve tourne au cauchemar et, toujours en attente du coup de fil de la production, Luciano sombre dans la folie, négligeant sa famille, ses amis, son travail et même les petites arnaques avec lesquelles il arrondissait ses fins de mois.
L’acteur principal derrière les barreaux
Pour incarner ce chef de famille hâbleur, Matteo Garrone a fait appel à Aniello Arena qui fait sensation sur La Croisette où pourtant il brille par son absence. L’acteur n’est pas à Cannes car il est derrière les barreaux en Italie où il purge une peine de prison depuis 18 ans. Si un juge l’a autorisé à participer au tournage de Reality, Aniello Arena n’a pas obtenu l’autorisation de se rendre au Festival. Sa prestation plutôt réussie dans le film en faisait pourtant un postulant au Prix d’interprétation masculine. Quant à Matteo Garrone, son retour aux sources vers la comédie italienne, ne parvient pas vraiment à faire oublier les maîtres du genre, Dino Risi ou Ettore Scola, même si les références sont nombreuses. Même si certaines tronches napolitaines sont pittoresques, la charge de Reality contre l’imbécillité de la téléréalité manque singulièrement de force.