Rachat de La Provence : retour à la case départ ?
Un nouvel épisode dans le feuilleton judiciaire du rachat du groupe La Provence (il inclut Corse-Matin) : le tribunal de commerce de Marseille a annulé l'agrément donné à CMA CGM par le conseil d'administration de La Provence (bon pour Xavier Niel, propriétaire du groupe Nice-Matin), mais à suspendu le droit de véto de NJJ (bon pour l'armateur marseillais qui estime que " plus rien ne s’oppose désormais à la cession des titres du Groupe la Provence").
C'était le feuilleton juridique de ce début d'année, ce sera aussi certainement celui de la rentrée de septembre. Le combat des deux géants (l'armateur CMA-CGM piloté par Rodolphe Saadé et NJJ, la holding de Xavier Niel, propriétaire par ailleurs du groupe Nice-Matin) pour le rachat du groupe de presse La Provence n'est pas terminée. La bataille judiciaire, engagée il y a une dizaine de mois a connu hier un nouvel épisode qui a soufflé le chaud et le froid sur les deux acquéreurs potentiels.
D'un côté, le tribunal de commerce de Marseille a annulé jeudi l’agrément donné par le conseil d’administration du groupe à l’offre de reprise de la CMA CGM. C'est ce que recherchait Xavier Niel, actionnaire minoritaire (11%) de La Provence et candidat au rachat des parts de Bernard Tapie (les 89% restants). Mais de l'autre, le tribunal a suspendu le droit de véto que détenait Xavier Niel. Bon pour l'armateur marseillais qui, dans une déclaration transmise à l'AFP, a déclaré que "plus rien ne s’oppose désormais à la cession des titres du Groupe la Provence."
Pour mieux comprendre la décision et ce qu'elle implique, il faut la replacer dans son contexte en reprenant le fil judiciaire. Le 9 mai dernier, le conseil d'administration de La Provence avait déclaré gagnant CMA-CGM et l'avait adoubé comme repreneur. L'armateur, qui avait placé la barre très haut (80 M€ pour son offre de reprise des parts de Bernard Tapis), l'avait toutefois emporté d'une façon qui laissait grandes ouvertes les portes de la contestation : l'accord, présenté comme pris à "l'unanimité", avait été obtenu par seulement deux voix sur cinq. Les deux administrateurs de NJJ, qui avaient voté contre, avaient été déclaré disqualifiés pour cause de "conflit d'intérêt et le cinquième, le fils de Bernard Tapie était absent. NJJ n'avait pas manqué d'engager un recours auprès du tribunal de commerce de Marseille.
Ce qui a été jugé hier. Mais si Xavier Niel obtient gain de cause avec l'annulation du vote du conseil d'administration qui donnait les clés du groupe à CMA-CGM, il perd son "droit de véto". Négocié lors du rachat des 11% des parts du quotidien au groupe belge Nethys, il lui permettait de refuser l'entrée d'un actionnaire qui ne lui satisfaisait pas. Aujourd'hui, aussi, c'est à un retour en quelque sorte à la case départ que l'on assiste. En janvier dernier, ce droit de véto avait déjà été suspendu par ce même tribunal de commerce de Marseille et lui avait été rendu en avril par la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Rebelotte ? Le combat de géant n'est pas terminé.