Privatisation des aéroports : 97,6% de "non" et une polémique sur le coût du référendum
Sans surprise : 97,6% de "Non" pour une participation de 16,71%. Mais avant même la publication des résultats du référendum niçois, la Loi Macron qui entre autres autorise la privatisation, était définitivement adoptée. L'opposition de droite comme de gauche met aussi en avant le coût d'une opération, évaluée par certains jusqu'à 250.000 euros.
Une majorité écrasante : 97,6% des votants ont répondu "non" à la question "Êtes-vous favorable à la privatisation de l’Aéroport Nice Côte d’Azur ?" Pas vraiment une surprise. D'autant moins que, comme toutes les affiches en ville le martelaient, la véritable question qui était mise en avant au sujet de la privatisation, était : "êtes-vous pour la spoliation des Niçois et des Azuréens?". Difficile de répondre "oui". Ce qui était plus attendu, tenait dans la participation. Et évidemment, si on compare aux scrutins classiques elle était particulièrement étriquée : 16,71%. Le chiffre de 36.192 votants (sur 217.000 électeurs niçois) est certes plus éloquent. Mais finalement peu importe.
"Une motion de censure a été adoptée à Nice"
De toute façon, avant même la publication des résultats, la privatisation était passée aux forceps à l'Assemblée Nationale hier après-midi : le gouvernement ayant eu recours à l'article 49.3, la Loi Macron, qui porte entre autres la privatisation des aéroports de Nice et de Lyon, était adoptée définitivement en première lecture (elle sera examinée au Sénat en avril). Cela sans vote, suite au rejet de la motion de censure déposée par les groupes UMP et UDI (234 voix obtenues, alors qu'il en fallait 289).
"Aujourd’hui une motion de censure a été rejetée à Paris et une motion de censure a été adoptée à Nice. C’est le peuple français qui s’est exprimé, là où on a privé de la parole les députés", a déclaré Christian Estrosi, tard hier soir dans un communiqué publié à l'issue du scrutin. "J’appelle le gouvernement à tenir compte de ce résultat qui est un message incontesté! Sénat devra aussi en tenir compte", lançait parallèlement le député-maire de Nice dans un tweet peu après 22 heures juste après la publication des résultats niçois.
Un coût évalué jusqu'à 250.000 euros par l'opposition
Alors utile? Pas utile ce référendum? L'avenir le dira. Mais aujourd'hui, c'est autour de son coût que tourne la polémique lancée par l'opposition. David Nakache, pour le Front de Gauche, avait déjà il y a quelques jours posé la question : combien coûte la campagne? Notant que la gauche était également contre la privatisation des aéroports azuréens (sous-entendu tout le monde était d'accord contre cette privatisation), il avait insidieusement rappelé en même temps que "Christian Estrosi a voté une loi en 2005 permettant l'ouverture du capital des aéroports, à la suite de quoi, en 2008, l'aéroport de Nice a perdu son statut d'établissement public". Combien donc? Pour David Nakache, c'était 100.000 euros annoncés en Conseil municipal plus toute la campagne d'affichage en ville.
Olivier Bettati, opposant de droite, qui a manqué de trois voix d'être élu sénateur et ne décolère pas, est beaucoup plus précis. Dans un communiqué, il additionne:
- "220 000 courriers envoyés aux niçois par la poste au tarif de 0,56 euros soit 123 200 euros,
- 220 000 enveloppes soit environ 5 000 euros
- Impression de 3 lettres en couleur avec le pliage soit environ 15 000 euros
- location de tous les panneaux géants implantés par des sociétés privées dans la ville, location de panneaux dans les abri bus, dans les arrêts de tram, dans les bornes des vélos bleus et sur les rames de la lignes du tramway que l’on peut chiffrer à environ 50 000 euros
- plusieurs pleines pages dans Nice matin que l’on peut estimer à 10 000 euros
- des milliers de SMS envoyés à tous les fichiers détenus en Mairie,
- des dizaines de milliers d’emails envoyés aux agents de la ville, de la Métropole et du CCAS.
- des aménagements d’horaires pour que les employés municipaux puissent aller voter .
- le personnel municipal mobilisé pour monter et démonter les panneaux des bureaux de vote.
- le personnel municipal mis dans les 45 bureaux de vote de 8h à 21h."
Et de conclure : "bref, on peut estimer aux alentours de 250 000 euros la somme que le Maire de Nice a dépensée pour une opération de communication qui finalement ne sert à rien car la décision est déjà prise".