Privatisation de l'aéroport : tensions autour du cahier des charges
"Délai trop court", "nombreuses incertitudes", "conditions préalables" non reprises : la première version du cahier des charges pour la vente des 60% de parts de l'Etat dans la société aéroportuaire, a relancé les inquiétudes des "actionnaires minoritaires" (CCI 25%, Métropole, Département, Région à 5% chacun) qui ont réaffirmé leurs positions.
La bataille de la privatisation des aéroports Nice Côte d'Azur va-t-elle reprendre ? A l'heure de la finalisation du cahier des charges pour la vente des 60% des parts de l'Etat, le compte ne semble pas y être pour les représentants du territoire. Ainsi, vendredi, Christian Estrosi, député-maire de Nice, président de la Métropole et président de la PACA, est monté au créneau avec Bernard Kleynhoff, président de la CCI Nice Côte d'Azur (le plus gros minoritaire avec 25% des parts) pour faire part de leurs inquiétudes et réaffirmer la position des collectivités : l'aéroport de Nice est vital pour la Côte d'Azur et les acteurs locaux sont bien décidés à garder la main pour que son évolution se fasse en accord avec la politique touristique et l'économie du territoire.
Pour Christian Estrosi et Bernard Kleynhoff, la première mouture n'est pas satisfaisante
L'inquiétude est venue d'un courrier du ministre de l'économie Emmanuel Macron daté du 1er février. L'avis des actionnaires minoritaires (CCI NCA pour 25%, Métropole, Département et Région, chacun pour 5%) est sollicité sur le cahier des charges qu'a préparé l'Etat pour accompagner la vente. La réponse est demandée avant le 15 février, c’est-à-dire aujourd'hui. Or pour Christian Estrosi, cette première mouture du cahier des charges qui doit être discutée pour validation le 25 février prochain avec Emmanuel Macron, n'est pas satisfaisante. Selon lui, elle ne permet pas de préserver et développer les intérêts de notre territoire.
Le délai de réponse est également jugé trop court et le cahier des charges trop "consultatif" par Christian Estrosi comme par Bernard Kleynhoff qui demandent plus de garanties quant au choix du futur repreneur. Tous deux assurent aussi, avec la Région, vouloir garder leurs parts respectives (soit un total de 35%) afin de s'assurer une minorité de blocage (le Conseil départemental ne s'est pour l'instant pas exprimé sur ce point). "Je continuerai à m'opposer à cette privatisation tant que les engagements pris par le gouvernement ne seront pas respectés", a aussi réaffirmé Christian Estrosi.
Quant à Bernard Kleynhoff, il estime que la version du cahier des charges qui a été présentée, ne reprend pas certaines conditions préalables qui avaient été posées ou ne les reprend que très partiellement, tandis que subsistent "de nombreuses incertitudes" et que "de très nombreux amendements" restent nécessaires.
Les trois exigences du Conseil départemental
Eric Ciotti a de son côté rappelé les exigences du Conseil départemental qu'il donne dans sa réponse au ministre de l'économie sur le cahier des charges de la vente. Dans un communiqué, le Président du Département déclare qu'il "met en demeure l’Etat de s’engager à garantir les intérêts des Alpes-Maritimes et à soutenir la poursuite du développement économique et touristique de la Côte d’Azur". Trois points sont mis en avant. Le premier tient dans le choix du repreneur : les "minoritaires" doivent participer à la prise de décision de sélection et obtenir "toutes les garanties de préservation des intérêts du territoire et de la plateforme aéroportuaire".
Second point : le soutien à l’économie des Alpes-Maritimes. Il est demandé que "la forte valorisation des parts de l’État, estimées à plus de 600 millions €, qui est la conséquence directe des investissements réalisés par les collectivités et des politiques territoriales de développement, bénéficiera à titre prioritaire aux Alpes-Maritimes". Il s'agirait d' "alimenter un fonds départemental de développement économique, touristique et des infrastructures".
Le troisième point porte sur la gouvernance de l’aéroport : que les droits des actionnaires minoritaires soient préservés dans la prise des décisions stratégiques pour l’aéroport. Cela à travers "une minorité de blocage des décisions qui ne profiteraient pas aux politiques touristiques du territoire et feraient de l’aéroport de Nice une plateforme secondaire de délestage ou de régulation du trafic aérien de la capitale." S'il n'est pas nommé, le candidat ADP (Aéroport de Paris), est dans le collimateur...
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