Pierre Laffitte arrose les 'jeunes pousses'
Président de la Fondation Sophia Antipolis, le sénateur Pierre Laffitte, jardinier à ses heures, cultive depuis longtemps le terreau de l'innovation. Il a lancé le club Sophia Start Up.
Sophianet.com : quelle est la vocation du club Sophia Start Up ? Pierre Laffitte :La Fondation Sophia Antipolis avait organisé une première réunion avec des responsables de start-ups en octobre dernier, afin de cerner leurs attentes. La majorité d'entre eux nous ont exprimé leur besoin d'un lieu de rencontre et de convivialité, afin d'échanger des expériences, de trouver des solutions à des problèmes ponctuels, d'échanger des carnets d'adresses. Nous avons donc créé ce club, dont les réunions attirent de plus en plus de monde.Vous souhaitez voir Sophia Start Up fonctionner en réseau avec d'autres clubs du même type. Quels clubs ? Pierre Laffitte :Nous avons des contacts avec Croissance Plus à Paris, qui fonctionne dans le même esprit. En Allemagne, un club de start-ups est en projet à Munich, sous l'égide de l'association FAST et du Software Offensive Bayern. En Grande-Bretagne, un club partenaire qui sera baptisé 'Sophia U.K' est en cours de création, un autre va se monter à Cambridge. Nous avons également signé une convention avec la Tunisie pour parrainer le lancement d'un club à Tunis.Quelle analyse vous inspire la floraison de start-ups à Sophia Antipolis ? Pierre Laffitte :J'en suis très heureux, elle me rend optimiste pour l'avenir de la technopole. Cette floraison est en partie le fruit de notre travail à la Fondation : nous avons organisé il y a de nombreuses années le premier colloque sur le capital-risque, des multiples réunions pour faire connaître les jeunes sociétés innovantes... J'ai toujours oeuvré pour que la technopole soit un lieu de concentration de start-ups.De quel oeil voyez-vous les initiatives privées qui visent à accompagner les start-ups ? Pierre Laffitte :D'un très bon oeil ! Dans le domainte mouvant des nouvelles technologies, les initiatives publiques sont certes utiles, mais il faut impérativement favoriser les relais privés. Les structures publiques n'ont pas la réactivité et la souplesse nécessaires pour être dans la course. J'y suis à ce point favorable que la Fondation accorde son appui à une autre société en cours de constitution, Sophia International Start Up Factory, dont Jeff Warner, un américain spécialiste du capital-risque, est à l'origine.Sa vocation sera d'accompagner des porteurs de projets à l'échelle européenne. Cet incubateur industriel privé retiendra des projets à forte capacité d'innovation et de croissance, dans les différents domaines porteurs : sciences de l'information, sciences de la vie, chimie, physique... Elle pourra nouer des partenariats avec les sociétés qui viennent de se créer comme Up-e, Start-Up Connexion, Early Stages...A l'échelle de la France et de l'Europe, estimez-vous que l'environnement est plus favorable à la nouvelle économie ? Pierre Laffitte :Les responsables européens ont certes exprimé à Lisbonne leur ambition de créer une Europe aussi puissante économiquement que les Etats-Unis, mais la réalité n'est pas encore à la mesure de cette ambition. Dans le cadre de mes fonctions au sein de l'Office parlementaire des choix scientifiques et techniques, je viens de terminer un rapport sur la coopération recherche-industrie en Europe. Je présente mes conclusions le 4 avril à Paris. Mon rapport est sévère : de gros efforts restent à faire pour créer un vrai espace européen de la recherche-développement.La mobilisation en faveur de l'innovation passe-t-elle par un soutien plus actif des start-ups ? Pierre Laffitte :Oui, cela doit être une priorité hexagonale et européenne. Mais il faut une volonté conjointe de l'ensemble des acteurs. Du côté des politiques, il y a encore des réticences et une incompréhension des enjeux, à gauche comme à droite, à l'échelle nationale comme locale.De mon côté je suis convaincu que la Côte d'Azur peut devenir le principal creuset d'un vivier de start-ups d'envergure internationale pour l'Europe et la Méditerranée.