Après près de deux décennies d’abandon, la friche industrielle Biolandes, située route de Plascassier à Grasse, tourne enfin la page. La Communauté d’agglomération du Pays de Grasse (CAPG) a annoncé la signature définitive de l’acte d’acquisition du bâtiment situé à l’entrée du site pour un montant de 60.000 euros. Simultanément, le géant suisse Givaudan (16.000 salariés) a finalisé l’achat des deux hectares restants auprès de l’Établissement Public Foncier PACA pour près de 5 M€, validant ainsi la relance du projet avant la date butoir du 31 décembre 2025. Cette double transaction marque le dénouement d’un dossier longtemps incertain, désormais sécurisé grâce à un permis de construire purgé de tout recours. (Photo DR : la friche de Biolandes qui va être entièrement transformée à travers le projet Campus 52 de Givaudan).
Le projet Campus 52 de Givaudan
Cette confirmation lève les dernières inquiétudes qui planaient depuis l’été. Lors du conseil communautaire du 26 juin, plusieurs élus s’interrogeaient sur la capacité de Givaudan à obtenir les autorisations nécessaires dans les délais, sur la prorogation de la promesse de vente ou encore sur la responsabilité financière éventuelle de la CAPG. Le président Jérôme Viaud avait alors assuré que la collectivité ne porterait aucun risque, même en cas de “double vente” ou de retard administratif. Les signatures intervenues début novembre donnent raison à cette stratégie prudente, tout en scellant définitivement l’avenir industriel du site.
Ce projet Campus 52 porté par Givaudan s’inscrit dans une dynamique plus vaste de reconquête du territoire grassois par les acteurs de l’arôme et du parfum. Le groupe, leader mondial du secteur, prévoit d’y implanter House of Naturals, un centre d’excellence international dédié aux ingrédients naturels dans un projet d’investissement global estimé à plusieurs dizaines de millions d’euros. Ce centre regroupera des laboratoires de recherche appliquée, des chaînes de production innovantes et, potentiellement, un espace muséal consacré au patrimoine du parfum. L'ensemble sera dirigé par Maxence Billas, avec un chantier architectural piloté par Didier Bechetti, architecte basé à Mouans-Sartoux.
Le retour en Grasse de l'industrie mondiale du parfum
Une vingtaine d’emplois dès l’horizon 2027 et une quarantaine de postes à terme sont annoncés, avec des équipes réparties entre Grasse, Mouans-Sartoux, Vallauris et Antibes. Le futur “Campus 52” deviendra un pôle stratégique mêlant R&D, production, qualité et partenariats d’approvisionnement, au service de la filière parfum, cosmétique et aromatique.
Après le rachat d’Expressions Parfumées (2018) et d’Albert Vieille (2019), le renforcement de Givaudan à Grasse s’inscrit aussi dans un mouvement global de retour à la naturalité. Sous l’effet d’une forte demande mondiale pour des ingrédients durables, le territoire grassois redevient attractif pour les grandes maisons et les industriels : Dior, Lancôme, Symrise réinvestissent comme Givaudan ce berceau historique. Soutenu par la Région Sud à travers l’OIR Naturalité, le territoire mise sur le ré-ancrage des approvisionnements locaux, avec des projets de cultures horticoles revitalisées de la lavande sauvage au bigaradier en passant par la verveine citronnée. Le regain du Pays de Grasse.