Vincent Delerm délaisse le tour de chant traditionnel pour livrer une sorte d'autobiographie grave, ironique et sans complaisance (DR)
Le Théâtre National de Nice accueille demain soir Vincent Delerm qui quittera ses habits traditionnels de chanteur pour se mettre en mode Théâtre. Lassé de faire des disques pour les interpréter ensuite en tournée, le chanteur intimiste de la vie ordinaire a pris sa plume pour écrire un spectacle émaillé de chansons qui ne seront jamais gravées sur CD. Lui qui avait déjà l’habitude de faire respirer ses concerts en y introduisant de quasi sketchs, a été plus loin cette fois avec Memory, où les huit chansons inédites servent plutôt d’interlude à un spectacle dans lequel il endosse le costume d’un acteur pour expliquer la fuite du temps et les modes qui se démodent. Vincent Delerm incarne un personnage qui lui ressemble et dont l’environnement nous renseigne sur le passé d’un trentenaire tour à tour inquiet et amusé. Dans la peau de Simon, il égrène des souvenirs précis : le synthé Bontempi, l’époque Minitel, un tube de Kim Wilde ou ses films de vacances. Autant d’objets et d’évènements qui rembobinent les ans dans une suite de tableaux principalement souriants même si Vincent Delerm ne se prive pas de glisser quelques vacheries.
Une nouvelle forme d’expression
Avec la complicité de Macha Makeïeff, Vincent Delerm a trouvé avec Memory une nouvelle façon de décliner ses obsessions et matière à exprimer sa créativité autrement en empruntant des voies détournées mêlant théâtre et chanson, plutôt que l’inverse. Décor rétro, images d’archives drolatiques, voix off, duo virtuel sont des ingrédients que l’on retrouve dans cette sorte d’autobiographie où, à travers son personnage central, Vincent Delerm brode sur le temps qui passe et sur ce que nous attendons de l’existence. Une autobiographie grave, ironique et sans complaisance dans laquelle il rit des modes qui se font et se défont ; nous fait entendre Georges Moustaki, Barbara, Alain Souchon, Léo Ferré, et nous fait partager des instants de cinéma, notamment avec la complicité de Woody Allen. Si Vincent Delerm a la nostalgie du temps qui passe, avec Memory le spectateur lui ne verra pas le temps passer.
Vincent Delerm – Memory – Théâtre National de Nice – Mercredi 6 février à 20h30
