Nice-Matin : le grand oral des repreneurs
Les cinq candidats qui restent en ligne pour la reprise ont présenté hier lundi leur projet au Comité d'Entreprise. L'occasion de préciser le bilan social de chaque projet: sur un effectif de 1.100 pour le groupe et ses filiales, 456 licenciements pour Rossel-Safa-Marzocco; 370 pour le projet Paris-Normandie; 330 pour La Provence avec Bernard Tapie; 270 pour Georges Ghosn (ancien propriétaire de France Soir) et 169 pour le projet de SCOP des salariés. Tristes perspectives.
Ils n'étaient plus que cinq, hier lundi, au grand oral des repreneurs du groupe Nice-Matin en redressement judiciaire depuis fin mai. Sur les six candidats à la reprise qui avaient déposé leur dossier et l'avaient affiné, un a jeté le gant au cours du dernier week-end : Clepsydre du Groupe Azur Santé Retraite qui ne s'est pas présenté lundi. Selon le quotidien Le Monde, Fabrice Journel, le président de Clepsydre, aurait annoncé aux administrateurs judiciaires qu’il ne maintenait pas son offre mais qu'il restait en contact avec certains autres candidats et n'excluait pas de relancer son offre si entretemps il trouvait des partenaires adéquats.
Le bilan social de chacune des cinq offres de reprise
Un grand oral marathon. Il s'est tenu devant les membres du Comité d'Entreprise de 10 heures à 18 heures à raison d'une bonne heure de présentation et de réponses aux questions pour chacun des candidats. Hors cette mise en réserve d'un candidat, pas de nouveau coup de théâtre, mais des précisions notamment quant au nombre de "suppressions" de postes que chaque projet envisage. C'est évidemment pour les salariés un point crucial. Redoutant une casse sociale importante, ces derniers ont d'ailleurs réservé un accueil glacial aux candidats à la reprise, et ont refusé, comme le montrent des images de France3, de serrer la main que certains leur tendaient. Ambiance.
Le bilan social ? Sur les effectifs du groupe Nice-Matin et de ses filiales, soit 1.100 personnes, il va de 456 licenciements pour "Nice Matin Avenir" (groupe Rossel avec Safa et le monégasque Marzocco qui parle, lui, d'un chiffre légèrement moindre de 428 départs) à 169 pour le projet de SCOP, en passant, du plus grand au plus petit, par 370 pour le projet Paris-Normandie, 330 pour La Provence avec Bernard Tapie, 270 pour Georges Ghosn (ancien propriétaire de France Soir).
Le plus gros chèque (50 M€) au trio Rossel-Safa-Marzocco
Côté financement, "Nice-Matin-Avenir", s'il est le "moins-disant" social, promet le plus gros chèque : 50 M€ en plusieurs étapes. Dans la présentation de son offre reprise par les médias, l'éditeur belge Rossel, un groupe de presse encore peu connu mais qui monte (Le Soir à Bruxelles, La Voix du Nord et l'Union en France), propose plusieurs investissements échelonnés dans les trois ans qui viennent. D'abord 10 M€ pour l'acquisition (couvrant le plan social), auxquels s'ajoutent 10 M€ de trésorerie immédiate et 15 M€ d'investissements. Puis, 15 M€ supplémentaires seraient injectés au cours des deuxième et troisième années.
Les trois partenaires (Rossel avec le groupe de BTP Mazocco et le milliardaire libanais Iskandar Safa) investiront à part égale et s'engagent d'autre part à ne pas toucher aux murs du siège pendant cinq ans.
Projet de SCOP des salariés : deux semaines pour boucler le financement
La vente du siège, c'est justement ce que proposerait le projet de "Paris Normandie". Faute de disposer de financements suffisants, le siège de Nice-Matin du Boulevard du Mercantour (ex Route de Grenoble) serait vendu pour dégager des fonds (de 20 à 30 M€) puis loué au groupe Nice-Matin. Un montage qu'avait tenté il y a quelques années Philippe Hersant, lui aussi à la recherche d'argent frais et qu'il avait dû abandonner suite à la révolte des salariés.
Quant au projet de SCOP des salariés, il a été également auditionné. S'il est le mieux disant social (mais l'administrateur judiciaire a imposé un minimum de 169 licenciements contre les 120 départs volontaires proposés et déjà négociés), il peine toujours à concrétiser les financements. Bernard Tapie s'étant retiré du dossier, il reste 8 M€ à trouver. Si des négociations restent en cours avec deux éventuels partenaires financiers, les accords ne sont pas encore signés. Et le temps court. Il ne reste plus que deux semaines avant le 8 octobre minuit et la date butoir de dépôt des offres définitives.
Ce qui est ressorti des deux autres des cinq projets, c'est pour Georges Ghosn, l'idée de faire de Nice-Matin un média d'envergure nationale. Seule trois éditions (contre quatorze actuellement) seraient maintenues : Alpes-Maritimes, Var et Monaco, tandis qu'un gros effort serait porté sur l'information nationale et internationale. Pour La Provence avec Bernard Tapie (il apporterait 20 M€), le projet vise à renforcer la synergie avec le quotidien marseillais et de rester, ici, dans le cadre d'une information régionale privilégiant la proximité. Toutes les offres en l'état peuvent être consultées au Tribunal de Commerce de Nice.
Les prochaines échéances
Les prochaines échéances sont maintenant celles du 8 octobre minuit pour le dépôt de la dernière version de l'offre de reprise. Les propositions seront ensuite examinées le 13 octobre par le Tribunal de Commerce de Nice qui rendra sa décision le 21 octobre. On saura alors qui se mettra aux commandes du grand quotidien régional et quelle sera l'ampleur de la casse sociale.
- Voir les autres articles sur Nice-Matin, parus sur WebTimeMedias.com : tag Nice-Matin