Nice : la "grand messe" du Grenelle de l'environnement PACA
Le public avait été invité au Grenelle de l'Environnement régional. Il est venu. Environ 1.500 personnes, dont une bonne partie de présidents ou représentants d'associations écologistes, se sont retrouvées à Nice dans la grande salle du Nikaïa, lundi après-midi pour la "grand messe" de l'environnement. Une consultation régionale qui permettait de restituer les travaux réalisés le matin en petits ateliers (sept au total) au Ceram Sophia Antipolis et de débattre avec le public.
Un centre international pour le développement durable avec la Fondation Nicolas Hulot
Cette réunion de démocratie participative s'est ouverte par un discours fleuve de Christian Estrosi. Aux premiers rangs le préfet des Alpes-Maritimes Dominique Vian et bon nombre d'élus du département et de la PACA. Le président du Conseil général des Alpes-Maritimes et ministre délégué à l'outremer parle "vert". Sans embages. Cap sur le développement durable, en portant l'effort sur les transports en commun, en généralisant le développement d'éco quartiers, en construisant HQE (Haute Qualité Environnementale) avec des bâtiments basse consommation d'énergie. "Ne soyons plus les artisans de l'éphémère", insiste Christian Estrosi. "Ce Grenelle doit être porteur d'une nouvelle politique de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme de la ville". Et de donner comme exemple de cette nouvelle donne, l'OIN (Opération d'Intérêt national) de la Plaine du Var, de l'aéroport Nice Côte d'Azur jusqu'au nord de la vallée du Var, opération qui sera conçue comme un laboratoire de cette politique de développement durable avec un nouveau modèle d'urbanisme et une agriculture tournée résolument vers le bio.
Pour montrer son engagement, le Conseil général met la main à la poche. Il va créer avec la Fondation Nicolas Hulot un centre international pour le développement durable sur le site du parc naturel départemental de la Grande Corniche, au Fort de la Revère. Ce centre visera à mettre en oeuvre des actions déducation et de formation à lenvironnement. La Fondation Nicolas Hulot aura la responsabilité de définir le projet dun pôle exemplaire déducation et de formation à lenvironnement, en réseau avec lensemble des acteurs du département: écoles, pôles de recherche et développement, lieux de rencontres et dexpériences. "Ce sera la contribution du département des Alpes-Maritimes à la lutte pour la sauvegarde de la planète" souligne Christian Estrosi.
Tous les problèmes mis sur le tapis
Quant à la restitution du travail des ateliers elle se révèle vite quelque peu fastidieuse. Tous les rapporteurs ne sont pas à l'image de Valérie Blanchot-Courtois, la présidente d'Agora Energy, qui dresse en quelques minutes les grands axes de la lutte contre le réchauffement de la planète et y ajoute les réflexions sur ce qui manque encore aux propositions nationales. Mais il est vrai que les sujets abordés sont vastes. Immenses. Préservation de la biodiversité et des ressources naturelles, mise en place d'un environnement respectueux de la santé, adoption de modes de production et de consommation durables, construction d'une démocratie écologique, préservation en même temps de la compétitivité et de l'emploi, élaboration d'un modèle méditerranéen de développement durable : chacun de ces thèmes aurait mérité à lui seul une bonne journée. D'autant plus que le but de la réunion est de donner la parole à la salle et qu'elle ne s'en prive pas. Les questions, les affirmations, les propositions, les revendications parfois contradictoires fusent. Impossible de tenir les horaires. C'est le marathon.
Tout est mis sur le tapis. Tout ce qui gratte, qui inquiète, qui fâche, qui fait débat : les OGM (Organismes génétiquement modifiés), le traitement des déchets (incinération ou pas), le nucléaire, les transports, les biocarburants, le solaire, la biomasse, l'agriculture biologique, les canons à neige, etc. La liste est longue. Avec, dès que l'on touche des points plus précis, des réactions parfois vives comme celle qui concerne l'alimentation en électricité du département. L'idée émise par un atelier de réserver une possibilité d'alimentation électrique par le nord est violemment attaquée par le représentant d'une association de défense du haut Verdon. Il y voit, non forcément sans raison, une nouvelle tentative de ligne haute tension à travers le parc national. Difficile de concilier les impératifs de sécurité énergétique du territoire avec ceux de l'environnement.
Reste évidemment le suivi de toutes ces propositions et idées qui, comme le répéte à l'envi l'animateur du débat, sont toutes consignées. Noir sur blanc. Du bonheur en perspective pour celui qui en fera la synthèse ! Le Grenelle de l'Environnement a suscité beaucoup d'intérêt et d'espoir. Il touche à une vague de fond, à une prise de conscience qui remue la planète. Mais tout le monde attend maintenant la concrétisation. Pourquoi pas, suggère un participant, un Grenelle II dans trois ans, pour faire le point sur ce qui a été réalisé ?
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