Nice : Air France ferme sa base et mise sur Hop!
Le groupe Air France a annoncé samedi la fermeture d'ici octobre de ses bases de province à Nice, Marseille et Toulouse. Elles avaient été ouvertes il y a trois ans dans le cadre d'une stratégie de reconquête mais, faute d'accord avec les pilotes, le groupe jette le gant et place désormais tous ses espoirs dans son réseau court-courrier Hop!
La page de la reconquête du trafic à partir d'avions basés, ouverte en 2011 par Air France va être bientôt tournée. La compagnie nationale a annoncé samedi qu'elle allait fermer ses bases de Nice, de Marseille et de Toulouse d'ici octobre. Selon la direction, il n'y aura aucune incidence sur l'emploi, les 200 pilotes concernés devant être réaffectés en province. "De fait, les bases de province étaient déjà fermées, puisqu'il n'y avait plus de vols internationaux à leur départ depuis un moment", a-t-elle également ajouté.
"Un modèle qui n'a jamais trouvé son équilibre économique"
Dans un courrier adressé en fin de semaine aux pilotes, Eric Schramm, Directeur Général Adjoint Opérations Aériennes - CDB 777, explique que "les négociations relatives à l’évolution de l’accord Bases Province n’ont pas abouti (car) le modèle tel qu’il a été construit en 2011 n’a jamais trouvé son équilibre économique et les diverses adaptations mises en œuvre n’ont pas permis de rétablir la situation...".
Pour la direction, les syndicats de pilotes (SNPL et Spaf) ) voulaient un droit de regard sur l'affectation des lignes entre Air France et Hop!, qui regroupe désormais l'offre commerciale du groupe Air France pour les vols intérieurs. Une demande qui, pour la direction n'était pas acceptable. Dans son courrier, que notre confrère Tourmag.com publie presqu'intégralement, Eric Schramm assure cependant que la direction n'avait pas décidé, dès le début des négociations de fermer ses bases de province. Mais la solution n'aurait pas été trouvée, faute d'accord la semaine dernière avec les syndicats. Des syndicats de pilotes qui, de leur côté, parlent de chantage et devraient présenter aujourd'hui lundi de nouvelles propositions.
Fermeture en octobre prochain
"En parallèle, poursuit Eric Schramm dans son courrier, le programme a travaillé sur la restructuration complète de notre réseau court-courrier HOP-Air France afin de répondre à la demande du marché : il apparaît désormais beaucoup plus pertinent de mixer nos lignes afin d’offrir, sur chaque vol, le module le plus adapté."
La demande des Organisations Professionnelles consistant à disposer d’un droit de regard sur l’affectation des lignes entre Air France et HOP est inacceptable. Les décisions relatives à l’utilisation de notre flotte, l’évolution de notre programme et les adaptations commerciales sont de la responsabilité de la Compagnie. Nous sommes arrivés au bout de l’exercice. Les syndicats représentatifs des Pilotes ont décidé de ne pas signer cet avenant. Nous allons donc être contraints de devoir fermer les bases en octobre prochain."
L'ouverture de la base de Nice s'était faite en avril 2012 avec huit avions
A Nice, l’ouverture de la base s'était faite début avril 2012, avec huit avions (A 310 et A 320) basés sur la plate-forme azuréenne, ce qui devait porter les effectifs de la compagnie nationale sur la région niçoise (en comptant le centre informatique de Sophia Antipolis) à près de 1500 personnes, dont 260 nouveaux arrivants. L'ouverture de cette base s'accompagnait d'un renforcement de l'activité avec vingt-deux destinations, dont six nouvelles lignes, assurées au départ de la plate-forme azuréenne, soit 339 vols hebdomadaires et une offre de sièges en hausse de 13%.
Mais la nouvelle offre, qui concernait essentiellement le bassin méditerranéen avec au départ des liaisons, trois fois par semaine sur Barcelone, Athènes, Istanbul, Naples, Venise et Tel Aviv s'est finalement réduite à quatre destinations, puis s'est peu à peu étiolée. Désormais, c'est la page Hop! qui est ouverte tandis qu'en trois ans, Air France a perdu encore un peu de terrain face à easyJet, désormais première compagnie sur Nice Côte d'Azur.
- Voir sur Tourmag.com : "Fin des Bases de province : Air France jette l'éponge définitivement"
Christian Estrosi : "la fermeture des bases d'Air France à Nice et Marseille représente de réels dangers" "Alors que ces aéroports subissent déjà un déséquilibre inédit en matière de desserte aérienne par rapport à l’ensemble des pays européens, la fermeture des bases d’Air France à Nice et Marseille représente de réels dangers" insiste Christian Estrosi, président de la Métropole, qui est intervenu auprès du PDG d'Air France-KLM et du Secrétaire d’Etat en charge des transports. "Les autres villes de province et l'étranger proche ne seront plus desservis et la rotation journalière des avions sera diminuée. Cela entraînera une baisse de l’attractivité économique et de la fréquentation touristique de notre territoire", ajoute le député-maire de Nice. Tête de liste UMP aux prochaines Régionales, il note que seront touchés les aéroports de Marseille et Nice dans une région PACA qui se place au 4ème rang européen des régions les plus attractives vis-à-vis de la clientèle étrangère, avec un chiffre d'affaires lié au tourisme de 14 milliards d'euros et 148 000 emplois à la clé (les aéroports NCA représentent quant à eux 7 milliards d’euros de retombées économiques et 65.000 emplois directs et indirects selon le communiqué du député-maire de Nice). Christian Estrosi, qui avait déjà pris à bras le corps le dossier de la privatisation des aéroports Nice Côte d'Azur, reprend les mêmes arguments d'attractivité du territoire. "Ces aéroports sont donc incontestablement stratégiques pour notre territoire, il s’agit des principaux piliers de l’attractivité, systématiquement cités dans toute communication sur son développement économique. Les conséquences de ces fermetures seront désastreuses, contrairement à ce qui a été annoncé, cela ne sera pas sans conséquence sur l'emploi." "La Direction d’Air France indique que l'équilibre économique de cette exploitation en base de province n'a jamais été trouvé, je ne peux pas accepter qu’une compagnie comme Air France ne puisse pas fonctionner à partir des bases de province, comme c’est le cas pour ses concurrents. D’autant plus que, selon un courrier adressé aux pilotes le 15 mai dernier, le directeur général adjoint des opérations, Eric Schramm, souligne que "la direction n'avait pas décidé - depuis le début - de fermer les bases", c’est donc que d’autres solutions sont envisageables. " Et d'appeler le PDG d’Air France-KLM, Alexandre de Juniac à "reprendre le dialogue social et à recevoir les représentants syndicaux en urgence afin d’aboutir rapidement à un accord, notamment avec les 200 pilotes concernés qui vont devoir s'installer à Paris." Eric Ciotti : un"retour en arrière très inquiétant"Pour Eric Ciotti ce sont près de 200 pilotes basés à Nice qui seront bientôt réaffectés à Paris. "La stratégie d’Air France de concentrer de plus en plus ses activités sur les aéroports de Paris me paraît être une grave erreur", écrit le président du Conseil général il dans un communiqué. "Ce retour en arrière est très inquiétant. En effet, cette réorganisation interne laisse penser à une future dégradation des services, dont la suppression de vols. "En février dernier déjà, le groupe annonçait la mise en œuvre d’un plan de départs volontaires qui devrait débuter dès le mois de juin prochain. Celui-ci prévoit la suppression de près de 500 postes parmi le personnel au sol, dont 37 au sein de l’aéroport Nice Côte d’Azur."
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