Monaco : quand les prévisions de la Coface volent en éclat
Invité jeudi matin du Monaco Economic Bord pour décrypter les grandes tendances macroéconomiques mondiales, Jean-Christophe Caffet, économiste en chef de la Coface, s'est retrouvé entièrement à contre-pied. L'invasion russe de l'Ukraine venait d'être engagée et changeait la donne économique mondiale rendant caduque toutes les analyses qui avaient pu être faites avant.
Face aux dirigeants d'entreprise du MEB (Monaco Economic Bord), c'est à un exercice particulièrement difficile qu'a dû se livrer jeudi dernier à Monaco Jean-Christophe Caffet, nouvel économiste en chef du Groupe Coface. Son exposé portait en effet sur les grandes tendances macroéconomiques mondiales. Or le matin même la Russie envahissait l'Ukraine, ouvrant ainsi sur une déstabilisation économique mondiale et de sérieuses incertitudes. (Photo DR : Jean-Christophe Caffet pris totalement à contre-pied avec l'invasion de l'Ukraine intervenue quelques heures auparavant).
"J’ai la lourde tâche de vous présenter un scénario qui était à jour jusqu’à 4h59 ce matin"
"J’ai la lourde tâche de vous présenter un scénario qui était à jour jusqu’à 4h59 ce matin", annonçait d'entrée Jean-Christophe Caffet dont les prévisions volaient en éclat à la suite de cette accélération soudaine des événements en Ukraine. Et comme il était évidemment bien trop tôt pour pouvoir dessiner de nouvelles perspectives, il s'en est tenu aux analyses sur l’évolution de la situation qui avait été établies au cours des derniers mois et pouvaient tenir d'indicateurs et éléments de compréhension pour un proche futur en ébullition.
Pour l’économiste, le scénario prévoyait en 2022 un "atterrissage" de l’économie avec une évolution du PIB de +4% au niveau mondial après l’effondrement de -3,5% en 2020 et la forte reprise à +5,5% en 2021. Cette évolution positive s'observait particulièrement dans les économies avancées, alors que pour les pays en voie de développement, la disparité des situations était beaucoup plus forte mais globalement moins favorable. Une variété également constatée selon les secteurs d’activité.
Acteur incontournable de l’économie mondiale, Jean-Christophe Caffet s’est également penché sur la Chine pour la situation économique de laquelle il a exprimé certaines inquiétudes. Un pays où la consommation intérieure, entravée notamment par une bulle immobilière, n’arrive pas à compenser l’atterrissage des activités d’export avec en plus une problématique démographique non négligeable.
Autre sujet brûlant, l’inflation. La Coface voyait une situation "sinon transitoire, probablement persistante mais pas encore permanente", à l’exception des États-Unis où le risque semblait supérieur. Une tendance plutôt rassurante grâce notamment à une prévision de baisse du prix de l’énergie et à une amélioration des chaînes d'approvisionnements. Mais "c’est raté" a conclu Jean-Christophe Caffet avec une pointe d’humour amer. Tout cela, c'était avant. Avant la guerre en Europe et le basculement dans une nouvelle période dramatique de l'histoire mondiale.