Monaco : pour le chef économiste de la Coface, la crise de l’énergie reste devant nous

Crise énergétique, inflation : Jean-Christophe Caffet, chef économiste de la Coface, a décrypté les grands enjeux macroéconomiques pour les membres du MEB (Monaco Economic Board). L’occasion d’une analyse pertinente de la situation actuelle et d’un éclairage sur les mois à venir.

Jean-Christophe Caffet

“On a échappé au pire, mais le meilleur n’est pas pour tout de suite !” C’est par ce constat pas complément optimiste, mais pas catastrophiste non plus, que l’Économiste en chef de Coface, a débuté son exposé devant plus de 80 chefs d’entreprises et officiels, membres du Monaco Economic Board, réunis au Novotel Monte-Carlo. Il faut dire que l’an passé, Jean-Christophe Caffet animait cette même conférence “Risque pays” un certain 24 février. Pile le jour de l’invasion russe en Ukraine qui ouvrait une page nouvelle et plus qu’incertaine. En 2023, le contexte a évolué, mais reste incertain. D'où l'intérêt de ce décryptage.(Photo MEB/ Carte Blanche : Jean-Christophe Caffet).

La question de l'énergie reste devant nous

La situation actuelle et ses prévisions pour les mois à venir ? Ancien de TotalEnergies, Jean-Christophe Caffet s’est attardé en fin connaisseur sur la crise énergétique. Si les prix sont revenus à des niveaux d’avant-guerre, grâce notamment à un hiver particulièrement doux et à une moindre consommation, le rebond économique de la Chine après sa politique désastreuse face au Covid et l’incertitude de l'approvisionnement en gaz pourraient changer la donne. 

Autre inquiétude sur le sujet, l’investissement très insuffisant de la part des acteurs du secteur, quels que soient les choix réalisés sur le futur mix énergétique des années à venir. “Actuellement, selon l’agence internationale de l’énergie, les investissements consentis ne couvrent que la moitié des besoins à venir d’ici à 2030”. La question de l’énergie reste devant nous.

Le quoi qu'il en coûte pour juguler l'inflation

Concernant les autres grands indicateurs comme l’agriculture et l’industrie, les tendances des prix sont reparties à la baisse mais en gardant des niveaux élevés ; en revanche les chaînes d’approvisionnement ont retrouvé leur niveau d’avant-guerre. Quant à l’inflation, autre sujet très discuté, elle a connu une légère baisse mais reste très préoccupante alors que les prévisions de croissance de PIB sont globalement faibles, ce qui pourrait entraîner une situation de stagflation.

Les grands producteurs de matières premières tels que l’Afrique, le Brésil ou le Moyen-Orient tirent leur épingle du jeu mais aussi, dans une moindre mesure, certains pays comme l’Inde ou le Japon. Les actions des banques centrales pour contenir l’inflation par une politique de resserrement depuis un an devraient commencer à se faire sentir avec une baisse de la consommation et des investissements. Les faillites, quant à elles, s’accélèrent avec la transformation du "quoi qu’il en coûte pour soutenir l’économie” à “quoi qu’il en coûte pour juguler l’inflation”.

Les trois scénarios pour les prochains mois

L’économiste propose trois scénarios sur les prochains mois : le premier, considéré comme peu probable, prévoit un atterrissage en douceur avec une inflation maîtrisée et une croissance positive ; le second, qui a les faveurs de Coface, anticipe une poursuite de la stagflation ; enfin le troisième, plus pessimiste (mais avec 30% de probabilité de réalisation selon Coface) envisage une récession, provoquée par une action trop poussée des banques centrales pour contrer l’inflation, ce qui nuirait gravement à la croissance mondiale.

Un risque pays plus élevé presque partout

Enfin concernant les fameuses notations émises par Coface, Risques pays, Risques par secteurs d’activités et Risques politiques et sociaux, elles indiquent au global un risque plus élevé dans presque toutes les régions du monde. Jean-Christophe Caffet précise cependant : “si des tendances se dessinent au global, la situation actuelle se caractérise par une grande hétérogénéité d’un pays à l’autre, il est donc nécessaire de regarder en détail chaque destination envisagée pour ses investissements.”

 

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