Monaco : l'économiste Luc Subran en boussole pour le MEB
Invité régulier du Monaco Economic Board, Luc Subran, Chef économiste d'Allianz, est venu décrypter la situation économique actuelle marquée par la pandémie, la guerre en Ukraine et une brutale remontée d'inflation. Pas forcément optimiste.
Dans la période de pleine d'effervescence que nous vivons avec de grandes transformations en cours, il est bon d'avoir une boussole. Pour le Monaco Economic Board, cette boussole, tient dans l'intervention de grands économistes, dont Ludovic Subran, Chef économiste d’Allianz que l'association fait venir régulièrement pour de savants décryptages géopolitiques à destination de ses adhérents. Le dernier de ces éclairages a été donné mercredi 6 juillet au Novotel Monte-Carlo à l'invitation du MEB en partenariat avec Monaco Asset Management et la Jeune Chambre Economique de Monaco. (Photo crédits MEB / Carte Blanche : Ludovic Subran).
A l'automne on se trouvera fort dépourvus parce qu’il n'y aura plus d'épargne et l’inflation sera toujours aussi élevée
Ce que les membres du MEB en ont retenu ? D'abord l'entame, teintée d'un certain pessimisme. "On est un peu des cigales et à l'automne on se trouvera fort dépourvus parce qu’il n'y aura plus d'épargne et l’inflation sera toujours aussi élevée”. Pour Ludovic Subran, la guerre en Ukraine et sa conséquence sur le prix de l’énergie, les difficultés d'approvisionnement dues à la crise de la Covid, notamment en Chine, provoquent déjà une récession dans certains secteurs comme le commerce.
Une récession qui devrait s’accentuer en fin d’année, sans être pour autant de grande ampleur selon lui. Conséquence de ce constat, couplé à la fin du "quoi qu’il en coute" une certaine sélectivité devrait se manifester, c'est-à-dire un nombre croissant de faillites. Quant aux négociations salariales, au vu de l’inflation qui devrait se poursuivre jusqu’en 2023, l’économiste les juge nécessaires dans la grande majorité des cas.
Des changements majeurs en vue dans un monde en mutation
Élargissant sa réflexion, Ludovic Subran voit des changements majeurs poindre dans un monde en mutation. Et de lister. Ce sont des échanges mondiaux de plus en plus “balkanisés” par les tensions géopolitiques avec un Dollar qui pourrait se faire concurrencer par la Chine et ses alliés de circonstances. Des inégalités exacerbées, aussi bien à l’intérieur des pays qu’entre nations développés ou non. Des banques centrales et des gouvernements en recherche de solutions face à une inflation qui n’est pas attribuable à une économie en surchauffe. Un changement climatique qui se manifeste de jour en jour mais face auquel de nombreux secteurs n’ont pas encore réalisé les investissements nécessaires au “verdissement” de leur activité. Pour relever ces défis, le Chef économiste d’Allianz préconise notamment une plus grande “collaborativité” afin d’éviter “une situation où tout le monde serait perdant”.
Ce décryptage en chiffres et données géopolitiques s'est fait en présence notamment de Jean Castellini, Conseiller de Gouvernement - Ministre des Finances et de l'Economie, de Frédéric Genta, Délégué Interministériel à l’Attractivité et à la Transition Numérique et de Balthazar Seydoux, Président de la Commission des Finances et de l'Economie Nationale au Conseil National.