Monaco : la "House of Trump" vue par Ludovic Subran
Chef-économiste d’Euler Hermes et Directeur de la Recherche Macroéconomique chez Allianz, Ludovic Subran a fait le point devant les entrepreneurs du MBE (Monaco Economic Board) des neuf premiers mois de l'ère Trump aux Etats-Unis. Pour l’économiste, si le Président américain avait promis de tout chambouler, il n’en n’est finalement rien…
Cela fait près d'un an (le 6 novembre 2016), que l'improbable Donald Trump a été élu à la présidence des Etats-Unis. Il a pris les commandes de la première puissance mondiale le 20 janvier 2017 et a lancé depuis d'innombrables tweets ravageurs. Mais concrètement, quel bilan le monde économique peut-il tirer aujourd'hui de ces neuf premiers mois de l’ère Trump ? C'est cette question qu'a traitée mardi dernier Ludovic Subran. Avec une verve étonnante soutenant une analyse brillante et originale, cet orfèvre en la matière a décrit la "House of Trump" devant les membres du MBE (Monaco Economic Board) réunis à l'hôtel Métropole Monte-Carlo à l'occasion d'une conférence organisée avec la Jeune Chambre Économique de Monaco et le soutien de Monaco Asset Management.
Ludovic Subran n'est pas n'importe qui et il sait de quoi il parle. Il est chef-économiste d’Euler Hermes et Directeur de la Recherche Macroéconomique chez Allianz, des acteurs de référence du monde de l’assurance. Depuis plus de dix ans, il travaille à l’élaboration de diagnostics et de politiques économiques dans plus d’une trentaine de pays à travers le monde et ses connaissances sont des repères essentiels pour toute entreprise ayant une activité à l’international.
Son intervention, sur le thème "Les Etats-Unis au pied du mur", était donc attendue. Pour l’économiste, si le Président américain avait promis de tout chambouler, il n’en n’est finalement rien. La faute, selon lui, à "son incapacité à faire fonctionner le système politique américain", faisant ainsi référence aux échecs à faire aboutir des réformes emblématiques telles que la fin de l’Obamacare mais aussi aux différents chantiers annoncés avec fracas lors de la campagne présidentielle et qui somme toute n’évoluent que lentement.
De ce fait, les Etats-Unis pourraient, selon Ludovic Subran, ne pas profiter à plein d’un contexte économique mondial plutôt favorable, avec une croissance estimée à 2,0% en 2017 et 2,2% en 2018. La faute notamment à une crédibilité émoussée, facteur essentiel tant la confiance en la première économie mondiale constitue le carburant indispensable à son financement. Pour autant, l’inefficacité de l’administration Trump à réformer est plutôt "une bonne nouvelle", limitant les conséquences des velléités très protectionnistes du locataire de la Maison Blanche. Par ailleurs, Ludovic Subran note que les marchés semblent avoir appris à gérer "le bruit politique ambiant" souvent alarmiste, lissant ainsi les risques dans le temps.
Illustrant ses propos de chiffres et tableaux éloquents, l’économiste a également évoqué les enjeux de la nouvelle économie numérique, les opportunités que pourrait engendrer en Europe l’affaiblissement du leadership américain ou encore les risques dus aux potentielles tensions géopolitiques. Autant de sujets évoqués avec brio et commentés ensuite lors du traditionnel cocktail networking d’après-conférence.