Monaco : ce qu’entrevoit le meilleur prévisionniste au monde selon Bloomberg
Invité par le Monaco Economic Board, Christophe Barraud, chef économiste chez Market Securities, a livré ses prévisions économiques pour les mois qui viennent : optimiste pour la Chine, moins pour les Etats-unis qui risquent une récession pour la fin d’année, et pour l’Europe qui ne pourra pas échapper à un ralentissement américain.
Les perspectives économiques pour les mois qui viennent ? Un éclairage a été donné à Monaco par Christophe Barraud, un prévisionniste élu de façon quasi ininterrompue depuis des années par Bloomberg comme le meilleur au monde pour la Chine, les Etats-Unis et la zone Euro. Chef économiste chez Market Securities, il a donné ses prévisions devant 80 chefs d’entreprises et spécialistes membres du Monaco Economic Board qui l’avait invité pour la troisième fois. (Photo DR : Christophe Barraud, lors de son intervention la semaine dernière au Novotel Monte-Carlo).
"La partie positive de la présentation c’est la Chine”
"La partie positive de la présentation c’est la Chine” a plaisanté l’économiste. Il a notamment évoqué la reprise du trafic aérien qui peut encore progresser sur l’international (il reste à 30% en deçà de 2019), et l’immobilier, qui est reparti à la hausse en début d’année, grâce à des politiques fiscales et de fort investissements de la part des autorités. Christophe Barraud prévoit aussi une croissance de 5,8 % du PIB en fin d’année et une tendance favorable pour 2024.
Des perspectives plus sombres pour les Etats-Unis
Pour les Etats-Unis, selon lui, les perspectives semblent plus sombres. Outre la crise financière qui touche les petites et moyennes banques, les conditions de crédits se durcissent ce qui devrait entraîner une baisse de la consommation, moteur essentiel de la croissance en Amérique. Christophe Barraud prévoit de ce côté de l'Atlantique une récession pour la fin d’année avec un évolution du PIB de 1, 2% pour 2023 et des perspectives plus pessimistes que le consensus pour 2024 avec une croissance de seulement 0,4%.
La zone euro ne pourra échapper à une récession américaine
Et la zone euro ? Pour lui, si elle a évité la récession de justesse notamment grâce à des températures clémentes en hiver et un rebond du secteur des services, des causes proches de celles des Etats-Unis devraient conduire à une fin d’année négative et une exposition forte à toute tendance défavorable du contexte international. Pour 2024, Christophe Barraud se montre nettement plus pessimiste que les projections du consensus avec une croissance du PIB limitée à 0,4% contre 1%.
"Si l’économie américaine est en récession, on ne voit pas comment l’Europe y échapperait, même si en termes de séquences, il est probable qu’elle soit un peu plus résiliente que les Etats-Unis. On devrait se retrouver dans une situation de croissance très faible à court terme et potentiellement de récession d’ici la fin de l’année si on a un choc négatif”, a-t-il noté.
La BCE risque de relever encore ses taux d'ici l'été
Concernant la politique des banques centrales, vu que le resserrement des conditions de crédit commence à affecter l'activité économique et que l’inflation a passé son pic en 2022, l'économiste prévoit une baisse des taux de la FED à partir du quatrième trimestre 2023. Mais l’Europe risque d’être en décalage. L’inflation, encore importante hors énergie et produits agricoles devraient conduire la BCE à encore relever ses taux d’ici cet été. Pas réjouissant pour les emprunteurs.