Microélectronique : Jacques-Olivier Piednoir, coordonnateur de SAME
'Sur la Côte d'Azur, une des caractéristiques de ces douze derniers mois, tient dans l'essaimage. Le rachat de VLSI par Philips a donné lieu à la création ou l'implantation de petites structures.'
Jacques-Olivier Piednoir, le vice-président R&D de Cadence, est l'âme de SAME. Il en est aussi, avec l'aide de la Chambre de Commerce (par le biais de la Maison des entreprises cette année), la cheville ouvrière. Cadence, la société dont il dirige le bureau R& D européen installé sur Sophia Antipolis (40 personnes), créé des logiciels pour la conception des puces. Ses clients, ce sont Texas Instruments, Philips Semi Conducteurs, IBM, Infineon et autres poids lourds du design de puces qui pour la plupart ont pignon sur Sophia. Environ 40% des puces sont conçus avec des outils de Cadence qui compte 5.000 personnes de par le monde.Jacques-Olivier Piednoir connaît aussi tous les tours et détours de ce secteur en pleine ébullition non seulement sur la technopole mais aussi autour d'Aix-en-Provence.- Sophianet.com : Sur Sophia Antipolis se crééent actuellement les puces que l'on trouvera sur le marché dans deux ou trois ans. Quelles sont les tendances ? - Jacques-Olivier Piednoir :Les premiers microprocesseurs, en 1975, comptaient 20.000 transistors; actuellement, les processeurs sur le marché ont en moyenne de 5 à à 10 millions de transistors. Mais les fabricants ont investi des milliards de dollars pour réaliser massivement des puces avec 100 millions de transistors. Ce qui ouvre de nouveaux horizons.La grande tendance aussi est de mettre l'ensemble du système sur la puce : le processeur, la mémoire et le programme. Mais avant de fabriquer ce type de puces, il faut développer le logiciel permettant de la réaliser. Nous sommes d'ailleurs actuellement confronté à un paradoxe qui est d'avoir la possibilité de fabriquer des puces que nous ne savons pas encore concevoir !- SN.com : Qu'est-ce que cela va changer pour les utilisateurs ? - Jacques-Olivier Piednoir :L'impact de cette montée en puissance sera important. Un exemple parmi d'autres. Aujourd'hui, vous avez un Palm Pilot, un téléphone mobile, une caméra digitale, un appareil de photo numérique. Avec ces nouveaux systèmes, toutes les fonctions pourront être rassemblées sur un même appareil. Il fera tout. Il prendra des photos ou des séquences vidéo, pourra les envoyer directement à qui vous voudrez, où qu'il se trouve, etc.- SN.com : Le secteur de la microélectronique est en pleine ébulition sur la Côte d'Azur. Quelles sont les caractéristiques de cette expansion ? - Jacques-Olivier Piednoir :Sophia Antipolis est positionné sur la conception de puces alors que la fabrication se fait dans le secteur du Rousset avec notamment Atmel et STmicroelectronics ou de Gemenos avec Gemplus. Sur la Côte d'Azur, une des caractéristiques de ces douze derniers mois, tient dans l'essaimage. Le rachat de VLSI par Philips a donné lieu à la création ou l'implantation de petites structures. Bien que Philips ait donné plus d'ampleur à l'activité de son site sophipolitain, des ingénieurs sont partis soit pour créer leur propre start-up, soit pour susciter l'implantation d'une nouvelle société.Il est possible de citer ainsi l'arrivée de Stepmind, dans les circuits intégrés pour la téléphonie sans fil. Cette société a été créée par un des frères Jolivet qui avait participé au lancement de Wave.com, qui fut reconnue par les Américains comme l'une des seize meilleures PME dans le monde. Stepmind a été lancé avec plusieurs anciens de VLSI dont John Whittle et Bernard Ginetti. Autres exemples : la création de Tachis, qui fait des switchs rapides; l'implantation de Widcomm, qui développe des logiciels pour Bluetooth (la société travaille notamment avec Texas Instruments); l'implantation de Centilium, société américaine de design dans la téléphonie sans fil qui ouvre un centre avec des anciens de VLSI.'- SN.com : Les problèmes de développement de la microélectonique sur la Côte d'Azur ? - Jacques-Olivier Piednoir :Deux problèmes. D'abord trouver des mètres carrés pour se développer ou s'installer. Ensuite recruter les ingénieurs. Le secteur actuellement a ouvert des plans de recrutement pour près de 1.000 personnes entre Texas Instruments, IBM, Philips, Infineon, Cadence, etc. Mais sur place, l'ESINSA ne compte que des promotions de 50 étudiants. Il faut donc recruter à l'extérieur. Et si les entreprises de Sophia arrivent à recruter 500 personnes sur les mille recherchées, ce serait déjà un beau résultat.'