Michel Orsini : avant, pendant et après les 35 heures
'Beaucoup d'entreprises ont sous-estimé certains enjeux comme les services clients ou l'organisationnel', estime ce spécialiste du changement dans l'entreprise.
'Les 35 heures, avant, pendant, après' : c'est le thème qu'abordait Olivier Orsini, lors d'une réunion d'information organisée au Ceram par l'UDECA (Union des entreprises de la Côte d'Azur), conférence débat destinée aux chefs d'entreprise de la technopole. Olivier Orsini est membre de BPI, société européenne de conseil opérationnel dédiée à la préparation, la mise en œuvre et la conduite des grands changements dans l'entreprise (une antenne d'une vingtaine de personnes se trouve à Sophia Antipolis). C'est à ce titre qu'il a cherché à donner des éléments permettant aux responsables d'entreprises de prendre une décision. Des responsables qui pour la plupart se trouvent dans une grande incertitude quant à la mise en place des 35 heures suivant la loi Aubry II.- SN.com : Avant ? - Olivier Orsini :'Il était intéressant de voir comment les entreprises qui se sont engagées les premières dans l'application des 35 heures, avant donc la loi Aubry II, comment ces entreprises ont vécu l'opération. Celles qui nous avaient sollicités, avaient un intérêt évident dans l'aménagement du temps de travail (dans l'industrie alimentaire par exemple). Il s'agissait d'entreprises 'opportunistes', dans le bon sens du terme, qui étaient sur des plans de charge importants et ont pu trouver l'occasion de financement.'- Pendant ? - Olivier Orsini :'Beaucoup ont sous-estimé certains enjeux. Ils ont bien capté les enjeux économiques, sociaux. Mais ils n'ont pas toujours bien vu les problèmes organisationnels ainsi que tout ce qui était lié aux services clients, services qui n'ont pas pu parfois être maintenus à leur niveau ou qui ont été traités avec une moins bonne réactivité.''Tout s'est bien passé pour les entreprises qui ont su saisir l'opportunité pour faire varier leurs effectifs en fonction des variations de charges travail. Mais certaines entreprises ne se sont pas données les moyens de bien programmer cette modulation. Il faut comprendre que dans un projet comme celui de l'application des 35 heures, il y a trois phases distinctes.''Un : une période d'incertitude avant le passage à l'acte. Deux : le déroulement de l'opération en elle-même (une phase de maturation pour laquelle six mois ne sont pas de trop). Trois : la mise en œuvre qui demande encore beaucoup de travail. Si quelqu'un comprend comment par exemple faire un bulletin de paie en février …'- Après ? - Olivier Orsini :'Nous ne disposons pour l'instant que d'une étude sur l'aménagement du temps de travail par le biais de la loi Robien ou du dispositif Aubry I. Il est encore trop tôt pour évaluer l'après Aubry II. La discussion avec les chefs d'entreprise a porté sur l'attitude à avoir face à la loi Aubry II. Trois possibilités s'ouvrent à eux. Un : ne rien faire pour l'instant. Deux : passer à 35 heures sans accord. Trois : passer à 35 heures avec accord, ce qui donne tout le champ d'ouverture que la loi permet.'- Votre conseil ? - Olivier Orsini :'Je dirai à chacun d'évaluer ses enjeux commerciaux, organisationnels, économiques, sociaux, etc. et de se fixer des objectifs. Est-il possible de construire avec l'encadrement et les salariés des solutions d'aménagement du temps de travail où tout le monde puisse se retrouver ? A chacun de regarder le dispositif juridique dans lequel il peut intégrer ses solutions. Mais une chose est à ne pas oublier : ce n'est jamais la réglementation qui génère du commerce, mais il faut néanmoins suivre la réglementation...'