Management : promouvoir une 'Deuxième vie professionnelle'
En gestation sur Sophia Antipolis, une structure et une association pour les cadres qui se sentent bloqués dans leur entreprise et rêvent de réaliser un projet professionnel personnel.
Ne vous méprenez pas sur le terme de 'Deuxième Vie' : il ne fait référence à aucune secte, religion ou mode sociologique. Il illustre une réalité concrète vécue dans les entreprises. Elle concerne la redynamisation des collaborateurs (cadres avant tout) qui ont franchi le cap des 45 ans. Cette nouvelle réalité, un groupe de Sophipolitains a cherché à mieux la prendre en compte en créant une structure d'accompagnement et une association. Avec l'ambition d'innover en terme de management et de lancer un nouveau contrat social entre l'entreprise et les salariés-séniors.Ce projet personnel que chacun porte en soiLe concept de 'Deuxième vie', d'ailleurs, n'est pas sorti d'une nouvelle théorie du management. Il est remonté directement du terrain. ' Nous avons dix ans d'expérience dans le management de projets stratégiques,explique Bruno Pagès, l’un des initiateurs. Voilà ce que nous avons constaté. Côté salariés, des cadres qui à 40, 45, parfois 50 ans ou plus arrivent à une position dans l'entreprise à partir de laquelle ils ne peuvent plus évoluer alors qu’ils gardent un potentiel durable d'utilité. Ils se démotivent alors, perdent leur productivité ainsi que leur dynamisme de vie, faute d'un projet à réaliser et se sentent socialement inutiles. Or, ce problème va se poser de plus en plus couramment car nous allons vivre plus longtemps en bonne forme avec une vie professionnelle qui peut s'allonger.' 'Cela est d'autant plus dommage, que beaucoup de ces cadres ont acquis une expérience professionnelle remarquable, et qu'ils caressent l'idée de faire autre chose. Ils ont souvent un ou plusieurs projets en tête. Mais il leur est difficile de passer à l'acte pour de multiples raisons souvent conjuguées : un train de vie à assumer; la perte d'avantages parfois durement acquis; le manque de visibilité sur les moyens d'accès à cette conversion. Les projets, aussi, restent la plupart du temps à l'état de rêve.' 'Côté employeurs, il existe également une demande. Ces cadres comptent parmi les plus hauts salaires, mais n'offrent plus toujours la productivité qu'on pourrait espérer à leur poste et niveau de rémunération. Non qu'ils n'en aient pas les qualités. Simplement, ils ne trouvent plus dans l'entreprise le moyen de se réaliser personnellement. Pour l’entreprise, l’enjeu est donc de valoriser durablement la contribution de ces seniors et de développer une image de promoteur d’ambitions, au-delà de solutions mécaniciennes ou défensives (pré-retraite, essaimage).'Nouveau contrat social entreprise - salariés seniorsLe petit groupe de travail qui s'est constitué à Sophia Antipolis, souhaite donc aider les entreprises à adopter un nouveau regard sur ces collaborateurs. Il s'agirait notamment, c'est l'idée de base, de proposer à tout volontaire de construire son propre projet sans recherche de cohérence à priori avec celui de l’entreprise et d'envisager de lui financer ce projet.' Mais qu’on ne s’y trompe pas,poursuit Bruno Pages. Ce n’est pas de l’out placement 'habillé' ou de l’essaimage, autant d’outils de gestion conjoncturels (et d’ailleurs de moins en moins pertinents en cette période de croissance). C’est réellement l’annonce d’un nouveau contrat social entre entreprise et salariés seniors.'Le projet, qui est d’ores et déjà en cours d’étude chez de grands comptes nationaux, consiste à associer deux éléments principaux. Le premier : une structure d’accueil et d’accompagnement, assurant une sorte de business coaching des volontaires et les accompagnant dans cette nouvelle aventure. Le second : un dispositif financier destiné à rassurer les volontaires sur les ressources minimales dont ils disposeront dans cette 'Deuxième vie'.Plusieurs étapes sont prévues dans le processus. D'abord l'étape du recentrage sur soi-même. Il s'agit d'aider chaque volontaire à définir ses aspirations profondes. Ce qu'au fond de lui il aurait aimé réussir. La seconde étape est celle de la réalisation du projet (changer de métier, créer sa propre entreprise, s'installer comme consultant en continuant par exemple à travailler avec son ancienne entreprise, prendre la direction d'une start-up, etc). Une phase qui n'est engagée que si la personne souhaite passer à l'acte. Un 'coaching' est alors mis en place. Parallèlement, une aide technique est apportée afin de valider la réalisation du projet. Ce soutien est très rapproché pendant les premiers mois. Puis, à période régulière (tous les trois ou six mois), un point serait fait avec le coach pour recadrer éventuellement le projet.Une table ronde fin septembre à SophiaLancé à l’initiative de consultants et de cadres dirigeants de divers horizons, ce projet est bâti autour d’une méthode innovante de coaching portable sur Internet. Une initiative qui colle particulièrement bien à la Côte d'Azur, où l'on rencontre à la fois des cadres qui souhaiteraient changer de vie, des entreprises prêtes à innover, des consultants à même des nouvelles techniques de coaching et des cadres salariés qui ont déjà réalisé leur conversion et peuvent apporter leur expérience à ceux qui voudraient faire le pas.Dans l’immédiat, une des premières actions serait de créer un club de la 'Deuxième vie' qui regrouperait tous ceux qui sont passés par ce chemin et qui pourraient ensuite aider les autres. Le 28 septembre prochain, à 18 heures à Sophia Antipolis, une première table ronde sera ainsi organisée. Elle réunira des DRH de grands groupes, des cadres qui se sentent concernés ou qui ont déjà changé d'orientation, des responsables de cabinets d'outplacement et de chasseurs de têtes. Une réunion qui permettra de confronter les points de vue, d'affiner le concept, d'amorcer la constitution du club et de lancer véritablement l'opération 'Deuxième vie'…RenseignementsGünter Schmidt-Taube Tel : 04 93 65 34 44 ou info@deuxiemevie.org.