Logement : le cri d'alarme du Préfet !
'C'est toute l'économie du département qui est menacée par la pénurie de logements', a estimé Jean-René Garnier, préfet des Alpes-Maritimes, lors du bilan 2000 de l'Observatoire immobilier.
Le Préfet des Alpes-Maritimes n'y est pas allé par quatre chemins, mardi soir, lors de la réunion de l'Observatoire de l'immobilier au Ceram de Sophia Antipolis. 'Devant cinq à six cents professionnels de l'immobilier azuréen, il a lancé un cri d'alarme après l'énoncé de chiffres dévoilant l'intensité de la crise de logement que les Alpes-Maritimes traversent aujourd'hui.Crise du logement et pénurie de main d'œuvre'C'est toute l'économie du département qui est menacé, a-t-il déclaré. Si un chef d'entreprise veut faire venir quelqu'un de l'extérieur, il ne lui est plus possible de le loger. Actuellement, beaucoup se plaignent de la pénurie de main d'œuvre. Dans l'hôtellerie notamment. Mais comment régler ce problème, s'il n'est pas possible de loger sur place les employés. Comment les entreprises de Sophia Antipolis pourront-elles engager les cadres étrangers de haut niveau dont elles ont besoin pour faire face à un marché international, si elles ne peuvent pas fournir à ces cadres les logements qu'ils ont l'habitude de trouver chez eux. 'Il nous faut donc du logement social, du logement normal et même du haut de gamme pour pouvoir loger les cadres américains par exemple. Nous allons avoir des entreprises qui ne pourront plus se développer à cause de ce problème de logement. Sans parler même du problème de l'immobilier d'entreprise : actuellement, le stock de bureaux disponibles dans le département est inférieur de la moitié à la demande !' 'Le risque ? C'est d'abord de voir partir les entreprises de haute technologie dans le Var, sur Sophia Esterel ou même sur Marseille où il existe des possibilités de loger les gens qui travaillent. Il est difficile de parler de pénurie de main d'œuvre sans aborder le problème du logement.'Nous poussons à la fracture sociale'L'autre effet du blocage actuel, c'est le renforcement de la fracture sociale. Si les gens qui sont dans un trois pièces étriqué, n'en bougent pas parce qu'il ne peuvent trouver autre chose, que ceux qui sont dans un 2 pièces, font de même, que peuvent faire ceux qui n'ont rien ? L'ascenseur social est en panne. Nous poussons dans ce département à la fracture sociale. Il faut absolument redresser la barre au niveau du logement et de son accompagnement.'En début de séance, le préfet des Alpes-Maritimes avait réagi vivement aussi à un mot du président du BTP, Paul di Natale concernant ' l'absence de décharge' et justifiant, parmi d'autres facteurs, une augmentation du prix de la construction. Et Jean-René Garnier de noter : ' Il ne s'agit pas d'un problème d'absence de décharge, mais d'absence de prévision. Voilà des années que l'attention est attirée sur ce problème des déchets. Il faut aussi rappeler que c'est celui qui produit les déchets (en l'occurrence les entreprises du bâtiment pour ces déchets inertes), qui a la charge de les évacuer.'Quelles solutions ?'Les clients d'aujourd'hui, ainsi, paient pour ce que n'ont pas payé les clients d'hier. L'ennui c'est que ce ne sont pas les mêmes clientsa conclu sur ce point le préfet qui a lancé également une pointe contre les 'particularismes locaux' : le Comté de Nice, c'est bien gentil. Mais il n'existe plus depuis 1860 !'Bien. Qu'on se le dise. Mais maintenant, concrètement, que fait-on pour le logement ? Ouvrir les POS dans les communes ? Brider les associations de défense de l'environnement comme le demandait la salle ? Adapter la loi Besson aux conditions spécifiques des Alpes-Maritimes, conditions proches de celles de Paris en terme de prix locatifs ? Mettre en place d'autres mesures ? Si le constat de crise qui a été fait mardi soir est inquiétant, plus inquiétant encore est l'absence de solutions clairement identifiées...