Le retour à Sophia de Nvidia, candidat au rachat d'ARM à SoftBank?

Agitation dans le monde de la microélectronique : Nvidia s'est posé comme un candidat sérieux au rachat de ARM que le Japonais SoftBank veut revendre. Leader mondial dans les processeurs pour smartphones et IoT, ARM dispose d'un centre de R&D important (plus de 300 salariés) dans la technopole. Si le rachat se concrétisait, il signerait le retour à Sophia de Nvidia qui avait fermé en 2015 son centre de R&D dédié aux modems, faute d'avoir pu percer dans la téléphonie mobile...

La mise en vente de la société ARM par son propriétaire actuel le Japonais Softbank et son éventuel rachat par l'Américain Nvidia, seul prétendant sérieux pour l'instant, est suivi de près à Sophia Antipolis. Pour deux raisons. La première, c'est que ARM, dont les processeurs se sont imposés dans les smartphones et l'IoT, est très présente dans la technopole. Arrivée à Sophia en 2000 avec le rachat d'EuroMIPS, l'ex société britannique a fortement développé son centre de R&D. Il y compte plus de 300 ingénieurs tandis qu'elle a engagé à Sophia un projet de campus nouvelle génération sur près de 6.000 m2, qui pourra accueillir jusqu'à 400 personnes. (Photo DR : le siège de ARM à Sophia).

Nvidia arrivé à Sophia en 2011 et reparti en 2015

La seconde raison, c'est que si le rachat se faisait avec Nvidia (l'agence Bloomberg a parlé il y a quelques jours de négociations entamées avec Softbank) ce serait le retour dans la technopole du spécialiste américain des processeurs graphiques. Il y était arrivé lui aussi par un rachat de startup : le britannique Icera ,devenu l'un des leaders des modems pour la téléphonie, repris en juin 2011. Nvidia avait ainsi inauguré début 2012 un centre de recherche à Sophia avec une centaine de salariés, contribuant au renforcement d'un pôle d'excellence azuréen sur les mobiles.

Changement de marché et de stratégie : ce centre, il avait toutefois décidé de s'en débarrasser en mai 2015. Faute d'avoir pu alors percer dans les puces pour smartphones (ce qu'a magnifiquement réussi de son côté ARM), il avait renoncé à la branche de téléphonie mobile. Aucun repreneur n'ayant été trouvé pour son site azuréen, un PSE s'était ouvert en octobre 2015 pour les 140 salariés. 

Vente ou mise en bourse ?

Aujourd'hui, la pandémie Covid-19 a de nouveau bousculé la donne économique mondiale. Englué dans la crise, le Japonais Softbank a besoin de liquidités pour faire face à plusieurs investissements devenus malheureux. Et il cherche à valoriser sa pépite ARM. Bloomberg a ainsi parlé d'une transaction qui pourrait se faire sur un peu plus de 30 milliards de dollars (en gros la somme qu'avait déboursé SoftBank pour s'emparer d'ARM en 2016) ou d'une autre option qui serait une entrée en bourse d'ARM.

La solution d'une cession à Nvidia a en tout cas mis en ébullition le monde de la microélectronique. Il estime que si ce rachat serait bon pour Nvidia, il le serait beaucoup moins pour l'industrie en général car ARM perdrait son indépendance et se trouverait dans les mains d'un acteur concurrent des clients de l'ex société britannique que sont Intel, Qualcomm, TSMC, Samsung… La mise en bourse éviterait ce problème. Le débat est désormais ouvert.

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