Le projet de loi Macron autorise la privatisation de l'aéroport de Nice!
"Le transfert au secteur privé d’une participation majoritaire au capital de la société Aéroports de la Côte d’Azur est autorisé" est-il écrit dans le projet de loi Macron rendu public hier. Une privatisation à laquelle s'oppose le député-maire de Nice, Christian Estrosi, qui rappelle que la collectivité veut garder la maîtrise de cet "outil d'aménagement du territoire".
Si le projet de loi Macron sur l'activité et la croissance ne doit être présenté qu'à la mi-décembre, la Fédération des unions des jeunes avocats a rendu publique hier mardi 17 novembre, une version du texte considérée comme quasiment finalisée. Ce document, qui donne les grandes orientations du travail du ministre de l'Économie, parle bien sûr de ce qui a déjà fait débat dans les médias : le travail dominical, les mesures de simplification pour les entreprises, la question épineuse des professions réglementées, la relance du secteur des autocars. Mais il annonce aussi, en quelques mots à peine, la privatisation prochaine des aéroports de Nice Côte d'Azur et de Lyon.
"Le transfert au secteur privé d’une participation majoritaire au capital de la société Aéroports de la Côte d’Azur est autorisé" est-il noté. Même phrase pour Lyon. Une annonce qui n'a pas plu en particulier à Christian Estrosi. Le député-maire de Nice s'était déjà élevé en août contre une privatisation de la plateforme aéroportuaire niçoise alors que l'Etat venait d'annoncer la cession de sa participation dans l'aéroport de Toulouse-Blagnac (on voit d'ailleurs aujourd'hui que cette cession fait polémique alors que des investisseurs chinois envisagent de créer à Toulouse une nouvelle plateforme de correspondance aéroportuaire concurrente du "hub" de Roissy en ouvrant des vols directs avec la Chine).
Christian Estrosi est aussi remonté immédiatement au créneau. "Je me suis entretenu il y a quelques jours, avec le Ministre au téléphone et je lui ai réaffirmé ma position : comme je l’ai déjà indiqué en août dernier, je ne souhaite pas que nous laissions brader notre aéroport ! Il est totalement impensable que la Ville de Nice et l’Etat ne restent pas majoritaires à l’actionnariat," écrit le président de la métropole niçoise dans un communiqué.
"L’aéroport Nice Côte d’Azur est un outil d’aménagement du territoire, au cœur de l’Opération d’Intérêt National de la Plaine du Var Eco-Vallée, dans lequel la collectivité souhaite garder la maîtrise. Je refuse que notre aéroport devienne un hub régional pour compagnies low cost.
Il ne faudrait pas que des capitaux étrangers viennent prendre le contrôle de notre aéroport, comme c’est en train d’être le cas à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, avec l’offre d’investisseurs chinois pour le rachat de la participation de l’Etat dans le capital de cet aéroport.
L'Etat devrait plutôt permettre la croissance de la deuxième plateforme aéroportuaire de France, en ouvrant les droits de trafic qu'elle réclame pour desservir directement toujours plus de destinations et répondre ainsi à la forte attractivité d'un territoire mondialement reconnu, qui vit une véritable mutation économique"
- Lire la version publiée par la Fédération des unions des jeunes avocats : Projet de Loi Macron, la version soumise au Conseil d'Etat
L'Etat propriétaire de 60% des partsLors de la création en juillet 2008 de la société des Aéroports de la Côte d'Azur, entité qui se substituait à cinquante ans de gestion de la CCI Nice Côte d'Azur, l'Etat avait annoncé qu'il gardait 60% du capital. Les 40% restant étaient répartis entre quatre entités "publiques" : 25% pour la CCINCA, et 5% pour chacune des trois collectivités territoriales, Conseil régional, Conseil général et communauté urbaine Nice Côte d'Azur (aujourd'hui Métropole NCA). C'est la répartition actuelle du capital. Toutefois, à l'époque, l'Etat avait précisé qu'il pourrait se retirer progressivement à partir de 2009 en s'engageant à ce que le capital reste majoritairement public jusqu'à fin 2013. Une date qui est désormais dépassée. |