Le Festival de Cannes 1939 aura bien lieu : c'est aujourd'hui… à Orléans
Avec l'arrivée de la guerre, la première édition du Festival de Cannes, du 1er au 20 septembre 1939, avait dû être annulée. Elle aura finalement bien lieu, 80 après à Orléans, la ville de Jean Zay. Alors ministre de l'Education et des Beaux-Arts, il avait tout préparé depuis des mois pour un nouveau festival du cinéma qui puisse contrecarrer une "Mostra" de Venise tombée sous le joug des nazis. Les films de la sélection ont été retrouvés et seront en compétition jusqu'à samedi 16 novembre.
C'est le premier Festival de Cannes, celui qui n'a jamais eu lieu, qui démarre aujourd'hui…à Orléans et se poursuivra jusqu'au 17 novembre. 80 ans après. Un grand saut dans le passé puisqu'il s'agit du Festival de 1939. Il avait été entièrement préparé du 1er au 20 septembre 1939 et n'avait pas pu avoir lieu en raison de l'arrivée de la guerre. "En 1939, le Festival international du film de Cannes est celui du monde libre, le seul contre le totalitarisme. Annulé par la guerre, le premier Festival de Cannes est enfin présenté, à Orléans, la ville de son inventeur, Jean Zay" souligne le Comité Jean Zay Cannes 1939.
Alors ministre de l'Education et des Beaux-Arts, Jean Zay avait tout préparé depuis des mois. Il s'agissait alors de contrecarrer la "Mostra" de Venise qui avait été mise à la botte de la propagande nazi. "Ainsi, la genèse du festival de Cannes tient en ces deux dimensions indissociables : la célébration joyeuse et populaire du cinéma mondial et l’affirmation militante de valeurs culturelles et démocratiques opposées aux dictatures naissantes", poursuivent les organisateurs. Mais ce nouveau Festival n'ira pas jusqu'au bout. Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes entrent en Pologne. Clap de fin avant l'ouverture. La promesse n'en sera pas moins tenue, une fois l'infernal orage passé : le premier Festival se tiendra bien à Cannes mais du 20 septembre au 5 octobre 1946.
Pour la première édition avortée, les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’URSS, la Tchécoslovaquie, la Belgique, la Suède, les Pays-Bas, ou encore la Pologne avaient envoyé leurs films sélectionnés —dix-sept pour les seuls États-Unis dont Mister Smith au Sénat de Frank Capra, Le Magicien d’Oz de Victor Flemming, Seuls les anges ont des ailes de Howard Hawks ou encore Pacific Express de Cecil B. De Mille, tandis que des délégations d’acteurs prestigieux étaient pressenties pour les représenter. Un paquebot affrété par la Metro-Goldwyn-Mayer devait ainsi croiser au large de Cannes avec à son bord Gary Cooper, Cary Grant, Tyrone Power, Norma Shearer ou encore Spencer Tracy.
La plus grosse difficulté aura été de retrouver tous les films. Ils étaient disséminés dans le monde, il fallait également identifier les ayant-droits, restaurer des copies. Trois années ont été nécessaires pour retrouver, restaurer, parfois traduire et sous-titrer les films de la sélection officielle de 1939. Mais la compétition aura bien lieu. Dans le "jus" de l'époque notamment pour les couleurs. A côté de la sélection officielle de 1939, quatre œuvres sont présentées " hors compétition" pour éclairer sur le contexte de cette période dont les films français : Espoir, Sierra de Teruel d'André Malraux, La Bête Humaine et la Règle du Jeu de Jean Renoir et de nombreuses projections et animations autour du cinéma sont programmées, notamment à usage des scolaires.
Top départ aujourd'hui avec la cérémonie d'ouverture à la Salle Touchard du Théâtre d'Orléans et clap de fin samedi soir, même lieu pour la clôture en grande pompe avec remise des prix. Un jury, présidé par le réalisateur israélien Amos Gitaï, décernera le Grand Prix du Festival 1939 ainsi que le Prix d'interprétation. Seront également remis un Prix du Public et un Prix des Lycéens. Prêt pour ce grand retour dans le passé.
- +d'infos : www.festivalcannes1939.com