Laboratoire Océanologique de Villefranche : la vie marine peut être restaurée en une génération
Dans cette sinistre période de pandémie, un message optimiste qui concerne les océans de notre planète bleue et toute la vie marine : c'est celui qu'apporte Jean-Pierre Gattuso, un chercheur azuréen du CNRS. Directeur de recherche au LOV (Laboratoire Océanologique de Villefranche-sur-mer), il vient de co-écrire une étude internationale qui a réuni des experts, océanographes et biologistes de premier plan de 16 universités de 10 pays. Publiée hier mercredi dans la prestigieuse revue scientifique Nature, cette étude démontre que la vie marine peut être restaurée d'ici 2050. En une génération. Rien n'est donc perdu si....(Photo DR : toute la richesse du grand bleu).
En préambule, il est rappelé que l’objectif de développement durable n°14 des Nations Unies a pour ambition de “conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines”. Atteindre cet objectif implique aussi de restaurer les systèmes de support de vie qui fournissent les immenses bénéfices liés à un océan en bonne santé. Bien que l’océan ait été largement dégradé au cours du 20ème siècle, les auteurs mettent en évidence une résilience de la vie marine et l’émergence de renversements de tendance : d’une dégradation profonde et rapide de la vie marine au 20ème siècle à un ralentissement des dommages et même des rétablissements, certains spectaculaires, durant les deux premières décennies du 21ème siècle.
La reconstitution des populations, habitats et écosystèmes marins à la suite d’interventions de conservation démontre qu’une restauration substantielle de l’abondance, de la structure et de la fonction de la vie marine peut être réalisée en une génération, d’ici 2050, si les pressions humaines, y compris celles liées au changement climatique, sont atténuées. Cette étude fournit un plan d’action basé sur des observations de terrain et des recommandations pour mettre en œuvre des solutions spécifiques à grande échelle. Reconstruire la vie marine est un grand défi pour atteindre un futur durable pour l’humanité. Il est réaliste, juste sur le plan éthique et profitable sur le plan économique.
"L’océan est gravement menacé par les activités humaines, mais nous démontrons qu’il fait preuve d’une surprenante résilience lorsque les bonnes solutions sont mises en œuvre. Nous avons le choix de transmettre aux générations futures soit un océan fonctionnel plein de vie et de ressources, soit un océan irrémédiablement dysfonctionnel”, souligne Jean-Pierre Gattuso.
L’impact des interventions et des mesures de conservation a été étudié sur 9 composants essentiels de la vie marine : marais salés, mangroves, plantes à fleur, récifs coralliens, algues, bancs d’huîtres, pêche, mégafaune et océan profond. L’étude recommande une série d’interventions comprenant la protection des espèces, pêche responsable, protection des espaces, restauration des habitats, réduction de la pollution et l’atténuation du changement climatique. Ce dernier point est absolument essentiel ; les auteurs insistent sur le fait que la reconstitution de la vie marine ne sera possible qu’avec la mise en œuvre de l’Accord de Paris.