Avec ses comédiens portant des masques de mouettes, Arthur Nauzyciel nous embarque dans un royaume des morts égyptien (DR © A.Nauzyciel)
Du 11 au 13 avril, le Théâtre National de Nice présente La Mouette, le chef d’œuvre d’Anton Tchekhov, adaptée et mis en scène par Arthur Nauzyciel. Une création pour le dernier Festival d’Avignon, jouée dans le cadre majestueux de la Cour d’Honneur du Palais des Papes. Annoncée comme une comédie, la pièce apparaît au fur et à mesure de son déroulement comme une tragédie. La Mouette est le symbole de l’histoire de Nina, aimée par Kostia, jeune créateur désireux de bouleverser les codes habituels et qui lui a écrit une pièce. Persuadée de sa vocation d’actrice, Nina s’enfuit avec Trigorine, un écrivain reconnu, amant de la mère de Kostia. Mais, reniée par sa famille et délaissée par son amant, elle ne rencontrera pas la réussite. La pièce est aussi la double histoire de Kostia qui d’une part affronte sa mère en cherchant en vain à lui faire reconnaître sa valeur et d’autre part, depuis la trahison de Nina, se noie dans l’espoir de retrouver un jour sa bien aimée.
La vision particulière d’Arthur Nauzyciel
Si chez Tchekhov, la pièce se termine par le suicide de Kostia qui ne se remettra jamais de l’absence d’amour de sa mère, de sa non reconnaissance comme créateur et de son abandon par Nina, Arthur Nauzyciel a choisi de commencer son spectacle par la fin, afin de mieux retracer la descente aux enfers de Kostia, un artiste idéaliste, rêveur, blessé, effaré par la cruauté du monde et des êtres. Dans sa mise en scène, il représente la vie non pas telle qu’elle est, mais telle qu’elle se représente en rêve. Un rêve qui ressemble à un monde post-catastrophe, hanté de fantômes d’un royaume des morts peut-être égyptien. Les masques de mouettes portés au début de la pièce par les comédiens évoquant Horus, le dieu faucon. Cet été à Avignon, ce bal des morts-vivants traînait parfois en longueur (la pièce durait près de 4h30) ce qui était parfois difficile à supporter pour les spectateurs, surtout avec un spectacle en plein air ne commençant qu’à 22h avec un mistral peu propice pour réchauffer l’atmosphère. A Nice, les conditions seront meilleures et Nauzyciel semble avoir quelque peu élaguer certaines longueurs depuis la reprise de La Mouette à la rentrée. Alors ne manquez pas ce beau spectacle qui est aussi une réflexion profonde sur la place de l’artiste dans notre société.
La Mouetted’Anton Tchekhov – Adaptation et mise en scène d’Arthur Nauzyciel – Théâtre de Nice – Salle Pierre Brasseur. Du jeudi 11 au samedi 13 avril à 19h30.