La mémoire collective se souvient de Jean-Paul Kauffmann, d’abord comme d’un journaliste retenu en otage avec son confrère Michel Seurat pendant trois ans au Liban de 1985 à 1988. Une longue et éprouvante captivité qui a fait la "Une" des journaux de l’époque. Mais Jean-Paul Kauffmann, qui a reçu vendredi dernier le Prix littéraire Jacques Audiberti 2025 pour l’ensemble de son oeuvre, est aussi un écrivain remarquable. (Photo DR : Jean-Paul Kauffmann entouré de Jean Leonetti et de Didier Van Cauwelaert et des membres du jury lors de la remise du Prix Audiberti).
Lors de la remise du Prix au Conservatoire de Musique et d’Art dramatique d’Antibes en présence du président du jury Didier Van Cauwelaert, Jean Leonetti, maire d’Antibes a salué un auteur qui “navigue sans cesse entre la liberté et l’enfermement “, évoquant sa capacité à transformer le traumatisme de sa captivité au Liban en force d’écriture. “Comment se désincarcérer de l’image de l’ex-otage qui vous poursuit ? Comment échapper à la culpabilité de l’enfance, et, plus largement, à son propre destin ? C’est tout l’enjeu de L’Accident, où l’auteur explore pour la première fois son intimité familiale et cette enfance qui lui a donné la force intérieure de durer, d’espérer, durant ses mille jours de captivité au Liban” a souligné Jean Leonetti.
Dans L’Accident, son dernier roman, Jean-Paul Kauffmann remonte en effet aux sources de son enfance, marquée par un drame survenu en 1949 dans son village breton (dix-huit footballeurs du bourg de Corps-Nuds, en Bretagne qui trouvent la mort dans un accident en revenant d’un match). Après avoir raconté l’exil, la mémoire et la résilience dans “La Chambre noire de Longwood” ou “Courlande”, il signe ainsi un récit d’introspection où l’écriture devient une nouvelle fois acte de libération.
En rejoignant le prestigieux palmarès du Prix Audiberti, Jean-Paul Kauffmann s’inscrit dans la lignée des grands auteurs humanistes distingués à Antibes — de Lawrence Durrell à Jean d’Ormesson —, tous habités par le même souffle de liberté. La remise du prix a été marquée également par une journée dense, ponctuée de rencontres avec les scolaires et les médias, pour célébrer cet écrivain dont l’œuvre, entre liberté de ton et ancrage méditerranéen, dialogue si bien avec celle de Jacques Audiberti.