Jacqueline, mamie de 79 ans, se barricade chez elle; Bruno, opticien, victime de cambriolages nocturnes; Véronique, commerçante, verrouille la porte de sa boutique en plein jour : pour Paul Barelli, les signaux d'alerte d'une montée de la délinquance à Nice.
La montée de la délinquance dans la cinquième ville de France : c'est le thème qu'a retenu Paul Barelli dans son "billet" hebdomadaire au "Petit Niçois", "billet" qu'il nous a transmis et que nous publions avec l'aimable autorisation de l'éditeur (Paul Barelli est également correspondant du quotidien "Le Monde").
Il était une fois à Nice, une mamie de 79 ans, Jacqueline, qui demeurait depuis plusieurs décennies dans une confortable résidence sur la basse-corniche. L’été dernier, des cambrioleurs ont fait main basse sur tous ses bijoux. Il y a trois semaines, Jacqueline qui vit seule, a surpris, de nouveau, des cambrioleurs quant elle rentrait à son domicile. Depuis, elle est tenaillée par la peur. Cette octogénaire se barricade dans son appartement où elle a passé l’essentiel de son existence. Si elle avait la possibilité financière elle assure qu’elle vivrait à l’hôtel !
Jacqueline n’est pas un cas isolé à Nice. Bruno, opticien, figure parmi les commerçants victimes des nombreux cambriolages nocturnes qui se multiplient avenue de la République. Au point que cette artère, chère au cœur des niçois, est désormais surnommée « le couloir à voyoux ». Véronique, commerçante rue Alberti, en plein centre ville, elle aussi victime de rapines, confie à Nice–Matin qu’elle verrouille la porte d’entrée de son magasin en plein jour !
Les craintes de Jacqueline, Bruno et Véronique, et de milliers d’autres victimes, doivent être mieux prises en compte par les autorités. Elles traduisent la montée de la délinquance dans la 5 ème ville de France, et non pas un « sentiment d’insécurité », hypocrite vocable derrière lequel se dissimule une réalité. Au delà de statistiques officielles sur la montée de l’insécurité auxquelles on fait dire ce que l’on veut. Force est de constater que la délinquance sévit dans tous les quartiers en dépit du travail- de longue haleine- entrepris par la préfecture et les services de police nationale et municipale.
Les malfaiteurs agissent en particulier dans les quartiers du centre. Françoise Souliman, directrice de cabinet du préfet admet que pour l’année 2005 dans les Alpes-Maritimes, « la délinquance générale est en hausse de plus 3 %, mais signe encourageant, le taux d’élucidation-les affaires résolues- augmente nettement. L’objectif que nous nous sommes fixés pour 2006 est de faire baisser de 2 % la délinquance générale ».
Endiguer la criminalité urbaine passe par une mobilisation de toute la chaîne pénale. Ainsi, le travail engagé par la police et la gendarmerie, de concert avec les magistrats, pour donner un coup d’arrêt aux vols à la portière, commence à porter ses fruits. Le 28 février l’opération, conduite par 150 policiers et gendarmes s’est traduite par une kyrielle d’incarcération.
Pour lutter contre la délinquance, il faut disposer de moyens matériels et humains . Dans cette optique, à l’horizon 2010-2012, le commissariat de la Rue Foch devrait avoir disparu au profit d’un nouvel ensemble policier neuf à la caserne Auvare. Le centre-ville va-t-il se retrouver dépourvu de tout commissariat ? Dans une lettre au préfet des Alpes –Maritimes, Pierre Breuil, le maire Jacques Peyrat s’en en est inquiété : « les riverains sont inquiets de voir disparaître-le commissariat Foch-cet équipement essentiel à leur sécurité ».
Françoise Souliman, directrice de cabinet du préfet précise au Petit Niçois que Pierre Breuil a prévu l’installation d’un commissariat dans le centre en remplacement de « Foch » : « Un nouveau commissariat qui réunira 200 fonctionnaires, sera en fonction à l’ouest, en 2008 aux Moulins. Le grand projet de l’hôtel de police à Auvare sera achevé en 2010. A partir du moment ou cette structure fonctionnera il y aura, dans le centre de Nice, un commissariat ouvert 24h sur 24. Il n’est pas question de déshabiller Pierre pour habiller Paul ».
Nice va t-elle bénéficier de renforts de police conséquents dans une ville ou le nombre de policiers nationaux est le même qu’en I947- un millier- alors que la délinquance est multipliée par six ? Françoise Souliman admet cette réalité statistique, tout en précisant qu’au printemps « une centaine de policiers supplémentaires sera affecté dans les Alpes-Maritimes ».
Paul Barelli