![]() giraudon_barret_500.jpg Gérard Giraudon (à gauche), directeur de l'Inria Sophia et Marc Barret, responsables du Service des Relations Extérieures et de la Valorisation.
L'Inria veut accélérer le transfert à destination des PME innovantes. C'est un objectif national qui se décline en région à partir des centres de l'Institut. A Sophia Antipolis, la réponse à cette question du transfert de la recherche vers des applications industrielles, s'était principalement traduite par la création de start-up. On en compte près de 20 depuis l'ouverture de l'Inria Sophia en 1984. Elle s'était également traduite par une implication forte dans les pôles de compétitivité. De nouveaux maillons devraient cependant être ajoutés dans l'arsenal : I-Labs et IT-Translation. Gérard Giraudon, directeur du site de l'Inria Sophia Méditerranée et Marc Barret, responsable du Service des Relations Extérieures et de la Valorisation, les présentent.
Les pôles de compétitivité pour détecter les PME
"Comment arriver à travailler avec les PME ? Il y a plusieurs moyens pour cela, note Gérard Giraudon. "Nous utilisons aujourd'hui les pôles de compétitivité comme élément structurant. Les pôles rassemblent les compétences par filière. L'Inria Sophia, qui est impliqué dans bon nombre de pôles (Mer, Pass, Optitec, SCS, Capenergies, etc.), peut ainsi rencontrer des PME innovantes à travers leur adhésion à l'un des pôles."
Quant une PME est identifiée, le deuxième axe de travail, tient dans le Pacte PME. L'INRIA est le premier organisme de recherche à avoir signé avec le Comité Richelieu et OSEO, en décembre 2008, un Pacte PME Transfert, acte fondateur dune nouvelle politique de partenariats bilatéraux entre lINRIA et les PME, facilitée par le Crédit dimpôt recherche (doublement de lassiette pour la collaboration avec la recherche publique). Reste qu'au contraire de ce qui peut se faire aux Etats-Unis avec le SBA (Small Business Act qui assure un pourcentage de marché aux PME), il ne peut y avoir d'engagement d'achat, ce qui serait contraire aux règles des marchés publics. L'Inria ne peut donc aller plus loin que de s'engager à ses meilleurs efforts pour faire du transfert avec les PME.
I-Lab : un cadre pour la coopération entre équipe de recherche et entreprise
Un des autres axes de travail, est celui, très simple, qui consiste à donner à des PME la possibilité de prendre les technologies sur étagère (celles qui ont déjà été développés par les équipes de recherche). "Mais dans les STIC, explique Gérard Giraudon, ce n'est pas facile. Le transfert de technologies doit être accompagné d'un transfert de compétence, de savoir-faire pour adapter une technologie à une application précise. Si l'on fournit par exemple un logiciel, ce n'est pas seulement un CD à donner. Il faut aussi assurer l'évolution de ce logiciel suivant les besoins identifiés sur le marché. Les chercheurs de l'Inria n'ont pas ce retour du marché. D'où la notion de i-Lab qui fournit un cadre et des moyens permettant une collaboration à long terme entre une société privée et une équipe de recherche."
Un exemple ? "Des négociations sont en cours avec une TPE qui développe des logiciels permettant de concevoir des voiles ou des coques de bateaux' cite Marc Barret. "Elle avance actuellement un projet de voiles de type Kit surf pour les chalutiers, système qui permettrait de substantielles économies de carburant. Pour ce projet il lui faut non seulement dimensionner les voiles, les adapter en fonction du type de bateau, mais aussi assurer tout le processus de contrôle et de pilotage de ces voiles, etc. A l'Inria des recherches ont été menées sur la mécanique des fluides appliquée à l'industrie navale. Mais les résultats ne sont pas applicables directement. Il faut d'abord voir si les logiciels dont nous disposons peuvent être adaptés pour les voiles, si l'équipe de recherche s'accorde bien avec celle de la société. Un dernier point important. Il ne faut jamais oublier que, pour un transfert de technologie, il faut être deux. Auparavant, nous ne disposions pas de cadre pour ce type de collaboration. L'i-Lab nous en donne un."
Pour créer un i-Lab, deux niveaux de décision : obtenir le feu vert de la direction régionale de l'Inria, puis celui, à l'échelon national, de la Direction transfert et innovation de l'institut. L'opération peut démarrer à l'initiative d'une société qui, confrontée à un problème technologique, s'adresse à l'Inria. Mais l'institut, peut aussi être l'initiateur. S'il estime qu'il a mis au point des technologies qui pourraient avoir des déclinaisons industrielles, il peut chercher les sociétés qui pourraient les utiliser. Là aussi, l'i-Lab offre un cadre administratif de coopération. Les premiers i-Labs pourraient voir le jour d'ici la fin de l'année.
IT-Translation : l'Inria comme un "super business angel"
Parallèlement, l'Inria Transfert a été réorganisée. Cette société avait été créée il y a plus d'une dizaine d'années pour aider les porteurs de projets innovants. Il fallait particulièrement palier la faiblesse des fonds d'amorçage en France. La situation n'est plus la même aujourd'hui, le capital risque comme les business angels ayant assuré un relais. Aussi, c'est sur l'accompagnement que l'Inria Transfert a décidé de s'engager en créant IT-Translation. Cette structure atypique va devenir un fondateur institutionnel d'entreprise. Elle pourra mettre de l'argent dans le capital, comme un business angel, et placer une force de travail.
"C'est un problème classique, estime Gérard Giraudon. Nous ne manquons pas d'excellents chercheurs. Mais nous manquons de compétences en Ressources Humaines, en marketing, en ingénierie financière. Or une entreprise qui réussit est celle qui dispose d'une véritable équipe." L'objectif est d'étudier une cinquantaine de dossiers par an en France et d'en sélectionner 8 par an. L'idée étant de coacher une équipe dont l'Institut serait également membre. C'est une pièce de plus de l'écosystème de l'innovation qui se met en place.
Nouvelle stratégie pour le transfert technologique vers les PME, nouveaux outils : l'Inria engage une nouvelle étape. L'Institut, qui dispose désormais d'une solide expérience, est en train de passer du stade artisanal à l'industrialisation du transfert. Pour la technopole, ce sont de nouvelles opportunités qui s'ouvrent. Véritable locomotive pour l'innovation, l'Institut sophipolitain (500 chercheurs) a déjà contribué à la création de près de 20 start-ups. Sa volonté aujourd'hui d'accélérer le mouvement et de s'impliquer directement devrait peser dans la bataille de l'innovation engagée plus que jamais aujourd'hui.
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L'éco de la Côte.