Thierry Frémont, Pierre Cassignard et Samuel Le Bihan dans "Hollywood" (DR)
Gros succès hier soir au Palais des Festivals pour Hollywood, la pièce de Ron Hutchinson admirablement servi par un impeccable trio d’acteurs incarnant 3 grands noms de l’âge d’or d’Hollywood : Samuel Le Bihan dans le rôle du réalisateur Victor Fleming, Thierry Frémont dans celui du scénariste Ben Hecht et l’étonnant Pierre Cassignard en David O Selznick, le célèbre producteur qui s’est lancé dans l’adaptation au cinéma du best seller de Margaret Mitchell Autant en emporte le vent. Un pavé de plus de 1 000 pages presque impossible à transformer en film. D’ailleurs, mécontent des premières images, Selznick a décidé d’interrompre le tournage ; de virer son ami réalisateur George Cukor pour le remplacer par Victor Fleming et d’embaucher le scénariste vedette de l’époque Ben Hecht pour réécrire le scénario. Comme l’interruption du tournage lui coûte une fortune, le temps lui est compté et il décide d’enfermer dans son bureau Hecht et Fleming pour accoucher en 5 jours d’une nouvelle version de l’histoire.
Selznick seul contre tous
Problème de taille, les deux hommes, qui se détestent cordialement, n’ont pas lu le livre de Margaret Mitchell. Selznick va donc leur raconter l’histoire et imposer à Fleming de jouer avec lui les principales scènes du film tandis que, rivé à sa machine à écrire, Ben Hecht est chargé de les retranscrire en scénario. Voir ainsi Pierre Cassignard en Scarlett O’Hara tenter de séduire Rhett Butler Samuel Le Bihan ou le même mimant l’accouchement de Mélanie est assez jubilatoire. Les spectateurs rient de bon cœur et assistent médusés à l’épuisement progressif des 3 compères qui, à force de travailler jour et nuit en ne se nourrissant que de bananes et de cacahuètes, en viennent à perdre la raison. La scène de la gifle assénée par Scarlett à sa servante noire, qui fait surgir le problème du racisme, ou l’écriture de la fin du film, qui n’en n’est pas vraiment une, sont le prétexte à de multiples accrochages entre les 3 hommes. Mais Selznick tient bon et impose sa vision du film dont il est le seul à croire au succès. A la fin de la pièce, il peut d’ailleurs savourer son plaisir devant les images de Autant en emporte le vent qui raflera 10 oscars et battra le record mondial de recettes au box-office. Les lumières de la salle se rallument et c’est au tour des spectateurs du Palais des Festivals de réserver une ovation aux acteurs de Hollywood.
A noter que pour prolonger la représentation de « Hollywood », Cannes Cinéma propose, jeudi soir à 18h30 à l’Espace Miramar, une soirée autour de la projection de « Autant en emporte le vent ».