HealthCenter à Sophia : la fin
Une seconde vague de licenciements, touchant la douzaine d'employés restants, est en cours pour l'ex Focus Imaging, victime d'une conversion ratée en cyber carrier de l'e-santé.
Cette fois, il semble bien que ce soit la fin pour HealthCenter. Cette start-up de Sophia Antipolis, spécialisée dans l'imagerie médicale et le diagnostic assisté par ordinateur, avait commencé à battre de l'aile en décembre dernier (voir l'article 'HealthCenter à Sophia licencie 14 personnes!'). Après une première vague de licenciements intervenue en janvier dernier (14 personnes sur la trentaine de salariés sophipolitains), l'ex Focus Imaging a lancé une seconde vague de licenciements qui touche la douzaine de salariés restants. Le directeur général, Gérard Milhiet, ne fait pas partie de ce second plan social, mais restera désormais seul, sans troupe, sur la technopole.Changement de nom et de stratégieCe nouvel épisode est le résultat d'une tentative de conversion ratée. Lancée en 1993 à Sophia Antipolis, dans le cadre d’un partenariat entre l’INRIA et la société californienne Focus Graphics fondée, elle, en 1984, Focus Imaging avait été rebaptisé au mois de juillet en HealthCenter Internet Services Europe. Un changement de nom qui s'accompagnait d'un changement presque complet de stratégie au niveau de la maison mère et de sa filiale. Désormais, le but était de devenir un 'cyber carrier' du domaine de la santé. Il s'agissait d'assurer le stockage et le transport de toutes les données (images, informations médicales) concernant la santé.C'est qu'entretemps, aussi, Focus Graphics avait racheté par échange d'actions la division Electronic Media Network Services de Lucent Technologies (45 personnes et 10 millions de dollars de chiffre d'affaires). EMNS est un fournisseur de services Web qui dispose de gros data centers pour l'hébergement d'applications complexes et la gestion de centres d'appels. Une 'joint-venture' qui permet à HealthCenter de se donner les moyens d'une nouvelle activité : développer une infrastructure sécurisée et intégrée pour des services d'e-santé (gestion du dossier médical du patient, transmission des résultats de tests, gestion des maladies chroniques, imagerie médicale, etc). Autant de services accessibles 24 heures sur 24 et qui demandaient, pour leur mise en œuvre, la réalisation d'une infrastructure importante.Sophia fait les frais de l'échecD'où un gros besoin de financement qu'HealthCenter comptait bien trouver en bourse à l'occasion d'une introduction sur le Nouveau marché. Elle était prévue pour fin septembre 2000. Mais l'introduction n'a pas pu se faire, faute de l'accord de la COB (Commission des Opérations de Bourse). HealthCenter était du même coup pris à contrepied. La situation actuelle découle de ce faux pas. En décembre 2000, la société a donc procédé au licenciement de toute l'équipe de développement aux Etats-Unis (17 personnes) et au licenciement d'une partie des salariés du site de Sophia Antipolis, site où se trouvaient sa recherche et développement.Depuis, le Pdg, Johan Brag a été débarqué (il ne garde plus qu'un titre honorifique) et remplacé par un des vice-présidents, Kevin Mitchell. Pour l'instant, le gros des équipes américaines n'est pas touché (il reste environ 90 personnes aux USA dont 45 anciens employés d'EMNS). Mais le site de Sophia Antipolis qui, expliquait-on il y a encore six mois, était appelé à monter à plus d'une centaine de personnes, fait aujourd'hui les frais de l'échec de la stratégie. Fin mars, il ne tiendra plus qu'à une seule personne...