Grasse : les entreprises du "savoir-faire" ne veulent pas être les oubliées de la crise

L'usine Fragonard à Grasse

Ce n'est pas pour rien que Fragonard à Grasse, connu pour ses parfums, a reçu le label "Qualité Tourisme" en 2017. La célèbre maison, bientôt centenaire, pratique la visite touristique de ses usines depuis plus de 50 ans. Une activité qu'elle mène à grande échelle, avec beaucoup de professionnalisme, et qui lui vaut, avec un million de visiteurs annuels, une place de leader français depuis quelques années dans le domaine de la visite d'usine. Remarquable. (Photo DR : l'usine Fragonard à Grasse attire des visiteurs du monde entier).

Des entreprises qui ne sont pas considérées comme relevant du tourisme

Et pourtant, dans la crise du Covid-19 qui lamine les activités touristiques, Fragonard n'est pas considéré comme une entreprise de tourisme et ne bénéficiera pas des mesures d'accompagnement mises en place pour sauver ce secteur. Il n'est pas le seul dans ce cas sur la Côte d'Azur. Molinard et Gallimard, deux autres figures de la parfumerie grassoise, ainsi que la Verrerie de Biot, autre acteur de la visite d'entreprise et la Confiserie Florian au Pont du Loup connaissent le même problème : pas de flux touristique, pas de visites d'usines et une activité qui se réduit à zéro. Ensemble, ils représentent pourtant plus de 2 millions de visiteurs par an.

C'est aussi pour faire reconnaître ce savoir-faire et bénéficier de l'accompagnement prévu dans le cadre du plan tourisme que ces grands acteurs de la visite d'entreprise se sont mobilisés. Ils ont reçu le soutien des élus et institutions azuréennes. Cette semaine, à l'occasion d'une conférence de presse donnée au MIP de Grasse (Musée international de la parfumerie), ils ont pu préciser leur position en présence des élus, David Lisnard et Jérôme Viaud, respectivement maire de Cannes et de Grasse et du président de la CCI Nice Côte d'Azur Jean-Pierre Savarino. Une voix portée par Eric Fabre, le représentant de l'association "Entreprise et découverte", et par ailleurs directeur commercial de la parfumerie Fragonard.

Réintégrer dans le tourisme les entreprises du savoir-faire

"Nous développons un métier et un savoir-faire liés au secteur du tourisme et notre modèle économique est le même que celui des hôtels ou des restaurants : il est basé sur la fréquentation touristique" souligne Eric Fabre. "Nous avons été à l'arrêt total pendant le confinement. Aujourd'hui, avec la reprise, nous sommes inquiets face aux incertitudes sur les liaisons aériennes, sur la fréquentation et cela d'autant plus que nous savons que nous ne pourrons pas bénéficier des mesures du chômage partiel appliquées au tourisme parce que nous ressortons de filières de l'industrie chimique, du verre ou de la confiserie."

"Nous demandons donc au gouvernement de réintégrer quelques sociétés de savoir-faire dont le moteur économique est la visite de leur entreprise avec notamment des visites guidées. Il s'agit d'entreprises qui doivent être ouvertes 6 jours sur 7 tout au long de l'année, qui doivent être certifiées tourisme, faire partie d'Atout France ainsi que du Club d'excellence des entreprises du savoir-faire créé l'an dernier".

Une demande soutenue en plein par les élus. "Avant de jouer la relocalisation, il faut commencer par sauver ce qui existe et fonctionne bien" souligne David Lisnard, président par ailleurs du CRT Côte d'Azur. Avec Jérôme Viaud, le maire de Cannes était déjà monté aux créneaux avec succès pour l'octroi d'une prime aux soignants des hôpitaux de Cannes et de Grasse. Tous deux comptent bien obtenir le même succès pour faire reconnaître les entreprises azuréennes du savoir-faire.

Image
Grasse conférence presse savoir-faire

Photo WTM : de gauche à droite, Jean-Pierre Savarino, David Lisnard, Jérôme Viaud et Eric Fabre lors de la conférence de presse au MIP de Grasse.

Ajouter un commentaire