Grasse : 90 M€ d'amendes requis et la démolition pour le Château Diter
A partir d'un ancien mas de 200 m2, Patrick Diter a réalisé entre 2000 et 2010 un incroyable palais florentin de plus de 1.200 m2 sur les hauteurs de Grasse dans le quartier Saint-Jacques. Le problème c'est qu'il s'est peu embarrassé de formalités administratives. L'affaire est passée jeudi devant le Tribunal correctionnel de Grasse et le parquet a eu la main lourde : 90 M€ d'amendes et la démolition ont été requis. Le jugement sera rendu le 29 juin.
Une nouvelle affaire immobilière de la taille de celle de la villa Pellerin sur le cap d'Antibes qui avait défrayé la chronique dans les années 90 ? Possible même s'il n'y a pas ici de volet politique. L'étau se resserre en tout cas pour le marchand de biens Patrick Diter et son incroyable palais toscan bâti à Grasse dans le quartier Saint-Jacques en limite d'Auribeau-sur-Siagne.
Passée déjà devant le Tribunal correctionnel de Grasse en mai 2016 et alors reportée, l'affaire est revenue ce jeudi 20 avril devant le même tribunal. Et cette fois, la sanction s'est précisée : le parquet a requis une amende colossale de 90 millions d'euros et la démolition du château dans un délai de neuf mois avec remise en état des lieux et sous astreinte de 500€ par jour. Mis en délibéré, le jugement doit être rendu prochainement : le 29 juin à 14 heures.
Un vieux mas transformé en propriété hollywoodienne
Tout est parti d'un ancien mas de 200 mètres carrés, dans les hauteurs de pays grassois, propriété rachetée en 2000 par Patrick Diter, un homme d'affaires qui rêve alors de le transformer en un formidable palais de la renaissance italienne. Il y arrivera à coups de phases de travaux pharaoniques et transformera la modeste bastide en une incroyable demeure avec entre autres 23 suites spacieuses, trois piscines, deux héliports, un jardin spectaculaire de plusieurs hectares et des vignes sur une propriété désormais de 35 hectares.
Un lieu ahurissant, inédit sur la Côte, et qui, depuis 2010, date de l'achèvement des travaux, est loué pour des fêtes, des mariages fastueux, des tournages de film. Au grand dam des riverains de ce calme quartier qui n'en peuvent plus quand les 132 haut-parleurs que vante le propriétaire donnent à pleine voix.
Construire d'abord, régulariser si possible après...
Mais le problème du château se pose bien au-delà des troubles à la quiétude. Car Patrick Diter, pour réaliser son rêve, ne s'est guère embarrassé de formalités administratives. Plutôt que de demander des permis de construire qui étaient difficiles à obtenir dans cette zone naturelle, il a préféré foncer et construire d'abord, quite parfois à demander un "permis à la provençale", c'est-à-dire réaliser sans autorisation, puis demander une régularisation du fait accompli.
Abattages d'arbres dans une zone naturelle, élargissement d'un accès sur 650 m pour se brancher sur une route principale, constructions successives d'une orangeraie, d'une cuisine d’été, d'un pigeonnier, d'une galerie à colonnes, refus de prendre en compte les procès-verbaux d’infractions dressés par le service d’urbanisme de la mairie puis par ceux de la préfecture… ou encore les arrêtés d’interruption des travaux pris en mai 2009 et en octobre 2012 : les infractions relevées par le tribunal sont nombreuses. Ce qui explique la lourdeur de l'amende requise (90 millions d'euros!) assortie d'une démolition. En attendant, le château Diter reste en vente (sa valeur est estimée à près de 60 M€) et il est possible de le visiter sur le site d'un broker américain qui met en valeur ses atouts mais n'affiche pas de prix.