Gloria Friedmann : une femme à l’honneur à la Fondation Maeght
Jusqu’au 16 juin, la Fondation Maeght propose « Play-Back d’Eden », une exposition consacrée à Gloria Friedmann, une artiste autodidacte allemande dont le travail explore de manière très intense les rapports entre l’Homme et la Nature. Tout au long de cette exposition qui se prolonge également dans les espaces extérieurs de la Fondation, le public pourra découvrir l’œuvre aux multiples facettes, de la photo à la peinture en passant par la vidéo et la sculpture, de cette artiste engagée, philosophe et humaniste.
"Le Passager" de Gloria Friedmann installé dans la cour Giacometti de la Fondation Maeght (DR © Claude Germain)
Avant l’exposition estivale événement Les aventures de la vérité, concoctée sous la houlette de Bernard-Henri Lévy et consacrée aux rapports entre peinture et philosophie, la Fondation Maeght propose, jusqu’au 16 juin à Saint-Paul de Vence, Play-Back d’Eden, une exposition mettant à l’honneur Gloria Friedmann. Un petit événement puisque, après Germaine Richier, Gloria Friedmann n’est que la seconde artiste femme à qui la Fondation, qui fêtera l’an prochain ses 50 ans d’existence, consacre une exposition monographique.
Un artiste aux multiples facettes
Accueillis par L’Intouchable, un homme énigmatique au pardessus froissé tenant dans sa main un chapelet de clés et portant sur son front une serrure fermée, les visiteurs pénétreront tout d’abord dans un No Men’s land et seront confrontés à des masses noires inquiétantes venues tout droit du cosmos. Par la suite, en cheminant salle après salle, ils découvriront l’œuvre aux multiples facettes, de la photo à la peinture en passant par la vidéo et la sculpture, de cette artiste autodidacte allemande qui baigna tout de même dans milieu du cinéma à Munich, côtoyant notamment Rainer Werner Fassbinder, Werner Schroeter et Ingrid Caven, avant de s’installer en France en 1980. L’exposition met en lumière la diversité du travail de Gloria Friedmann, avec une majorité d’œuvres récentes mises en regard d’œuvres plus anciennes.
Ballade au cœur d’un curieux bestiaire
Si son œuvre est diverse, elle tourne tout de même souvent autour du thème central des rapports entre l’Homme et la Nature. L’œuvre de Gloria Friedmann est un théâtre où les hommes et les animaux dialoguent, conscients d’appartenir au même espace. Le public découvre ainsi un curieux bestiaire d’animaux empaillés, parfois dans des positions originales comme ce cerf qui brame juché sur des balles de journaux. Hommes et Animaux sont également mis en scènes dans une série récente de fusains, intitulée LSD, où l’on voit par exemple un homme à tête d’œuf porter sur la paume de sa main un petit chimpanzé, ou un singe regarder un homme enfouir sa tête dans la terre à la manière d’une autruche. Accumulation d’animaux empaillés de toutes origines encore dans ce « cabinet de curiosités » que Gloria Friedman préfère appeler « chambre des merveilles » ou surgissent une dizaine de têtes sur des socles, destinées à provoquer l’éclatement et le chaos en fin de visite.
Un prolongement dans les espaces extérieurs
Si cette chambre des merveilles est la dernière salle de l’exposition, celle-ci se prolonge au sein des espaces extérieurs de la Fondation où plusieurs grandes sculptures en terre de Gloria Friedmann, dont une Les Inséparables représentant une tête d’homme surmontée d’un gorille a été créée spécialement pour l’exposition, dialoguent avec les sculptures monumentales des plus grands artistes contemporains qui ornent la cour Giacometti, le labyrinthe Miró ou les jardins de la Fondation Maeght. Tout comme Le Passager qui montre une tortue portant un homme sur sa carapace, Les Inséparables affirme de manière très expressive et primitive cette relation profonde de l’homme et de l’animal qui, même s’ils vivent dans le même espace, ne regardent pas et ne vont pas dans la même direction. Un thème au cœur de la réflexion de Gloria Friedmann.
Play-Back d’Eden – Gloria Friedmann – Fondation Maeght – Saint-Paul de Vence. Du 30 mars au 16 juin.